Teurk est issu de la seconde génération de graffeurs, celle des années 90, l’âge d’or du hip-hop. Qualifiant encore ses premières armes comme celles d’un vandale, Teurk a su arriver du street-art à l’art contemporain. La rue est sa seule école et, bien que le graffiti laisse, comme il le dit lui-même, une trace indélébile sur tout ce qui l’entoure, il fait preuve d’une volonté constante dans le renouvellement de ses techniques et de ses supports.
Son contact avec les pays en guerre marque sa vision du monde de façon décisive. En 1995, il se rend à Beyrouth où il réalise une série de photos révélant les stigmates d’une ville criblée de balles. Ce voyage est le début d’une suite de projets artistiques qui le conduiront dans des pays en proie à de violents conflits: en Bosnie, peu après la fin de la guerre, où il peint sur les ruines du Pont de Mostar, puis à Hébron et Jérusalem Est.
Après avoir peint pendant des années sur des murs de béton, c’est vers le béton lui-même que Teurk porte son attention. Qu’il soit peint, forgé, collé, sérigraphié ou utilisé comme matériau de construction minutieuse de murs qu’il détruit aussitôt, le béton est devenu son logotype, la marque de fabrique qui rappelle son origine essentielle. Comme Télèphe blessé puis guéri par la lance rouillée d’Achille, il propose de retourner le béton contre le béton, pour introduire la possibilité d’une faille, d’une fissure d’où pourront pousser librement les hautes herbes de l’indiscipline.
Arme du béton, Teurk inclu l’acier dans son travail. Sculpteur impénitent, maîtrisant parfaitement la disqueuse sur ses imposantes structures, il plie les feuilles métalliques et érige des totems d’acier strié comme autant de colosses impossibles à abattre.