Pont Britannia

Le succès de la première Exposition universelle de 1851 à Londres incite la France à organiser celle de 1855. En dépit de réticences liées à l’attitude protectionniste du gouvernement français, le Royaume-Uni y est massivement représenté et fait une nouvelle fois la démonstration de son avance technologique. Parmi les ouvrages ferroviaires présentés par l’Angleterre, deux modèles forcent l’admiration : le pont Britannia et celui de Chepstow. Ces deux ouvrages ont en commun l’utilisation inédite et audacieuse de gigantesques tubes de tôles d’acier rivetées dont les travaux de William Fairbairn dans les années 1830 ont démontré la légèreté et la solidité. Sur le premier, inauguré en 1850, l’ingénieur Robert Stephenson, assisté de Fairbairn, propose de faire passer chaque voie de chemin de fer dans un tube d’acier carré autoporteur de 4 × 8 mètres de section. Le pont est formé de deux tubes longs de 461 mètres qui reposent sur trois piles formant quatre arches de 80 à 140 mètres de portée. Pour le pont de Chepstow, construit entre 1850 et 1852, Isambard Kingdom Brunel utilise deux tubes d’acier de 2,74 mètres de diamètre reposant sur deux appuis distants de 90 mètres. Ici, chaque voie est suspendue à un des tubes par des tiges contreventées. L’ensemble forme une grande travée à treillis, complétée par deux autres travées simples de 30 mètres chacune. Le don de ces deux modèles au Conservatoire par Charles Nepveu, en 1857, témoigne de l’intérêt réciproque des ingénieurs français et anglais. On sait que Nepveu était connu outre-Manche pour ses travaux sur les fondations de ponts.