Les nouveaux maîtres du monde

Au cœur de l’Afrique, la République Démocratique du Congo (ex Zaïre), grande comme 5 fois la France, aux richesses naturelles, humaines et culturelles, incomparable. Plus de 400 éthnies parlant autant de langues ont déferlé par exodes successifs à Kinshasa, mégapole de plus de 10 millions d’habitants, qui se conforme au fameux « article 15 de la Constitution » qui encourage le bon peuple à se prendre en main. Cela se fait souvent avec talent et parfois avec génie. Et c’est ce génie populaire qui fait de Kin-la-Belle une ville étourdissante, de jour comme de nuit.

Depuis le début des années 70, on assiste à une explosion créatrice dans tous les domaines artistiques. Le groupe Viva la Musica, mené par Papa Wemba, la super star, rencontre un immense succès populaire. C’est un membre de ce groupe, Kester Emeneya, qui invente le concept de la SAPE « Société des Ambianceurs et des Personnalités Elégantes ». Chéri Cherin occupe dans cette institution kinoise un des rangs les plus prestigieux.

Dans ce contexte effervescent, l’exposition « Art partout » de 1978 consacre tout un groupe de jeunes artistes dits « populaires » car leur peinture figurative et narrative vient du peuple et s’adresse au peuple. Samba, Moké, Bodo et Chéri Chérin, ses principaux initiateurs, trouvent le succès et rencontrent ainsi l’adhésion du tout Kinshasa.

Sans être une école ou un mouvement, cette « bande » d’artistes travaillent chacun dans leur atelier sur des thèmes inspirés par les événements sociaux et politiques. Ils se différencient aussi bien par la pertinence du sujet que par le style, le traitement de l’espace du tableau et la palette chromatique. Chéri Chérin, « Créateur Hors (série) Expressionniste Remarquable INégalable unique dans son genre » place au même niveau le sujet, la forme, la représentation, la lisibilité, et le décoratif. Il entraîne ainsi le spectateur dans ses propres interrogations, imprécisions, incertitudes et inachèvements. Il dénonce un monde où l’opportunisme et la comédie voudraient avoir raison sur les vraies valeurs pour lesquelles Chéri Chérin entend se battre. « Et si vous, en Occident, vous dites que la peinture est finie, je ne céderai pas à la facilité de la vidéo comme on en voit aujourd’hui partout, jusqu’à la biennale de Dakar. Je persévérerai dans la peinture et vous verrez ce que vous verrez ! »