C. - Tandis que le rapport privé se déroule entièrement dans un milieu où
il n'y a que l'homme avec la femme et dans lequel la femme, dès le départ...où
le problème est celui de la vérité, la recherche de la vérité entre deux êtres,
de leur essence, de ce que tu es comme être humain. Donc, c'est une recherche
totalement désintéressée dans laquelle le prix à gagner est la vérité même que
tu atteinds: il n'y a pas d'objectifs à conquérir, de récompenses...
P. - Oui, mais...
C. - Il n'existe pas de gratification sinon à l'intérieur de cette entente
qui grandit.
P. - Cela arrive aussi parce que dans le rapport à deux, homme-femme, il
y a le fait qu'on se nourrit réciproquement l'un de l'autre, il ya le
consentement, l'esclavage réciproque, l'abus réciproque, et puis
l'abnégation...c'est à dire que tous les deux entrent dans un cercle continuel
du donner et de l'avoir qui crée le lien biologique mais aussi le lien affectif.
Naturellement, ce cercle est un cercle complet parce qu'il y a aussi la
victimisation, le maitre et le serviteur...I 'homme, avec la femme, fait toutes les
acrobaties possibles qu'un être humain puisse faire, un être animal aussi, un
être capricieux. Un homme avec une femme est complètement à son aise, il
s'abandonne et donne libre cours à toute sa nature, toute sa psyché, tandis
que dans le rapport avec les hommes, il effectue un déploiement de forces
terrible. Alors il est clair qu'il est chargé d'humanité lorsqu'il est aux côtés de
sa compagne ou de son compagnon....Parce que je suppose qu'entre femmes doit
exister la même guerre de tranchées qu'entre hommes. Là dessus, je ne sais
pas si le féminisme tend à créer des cellules d'ouverture, cellules et pourtant
dans le même temps ouvertures, ça semble un contre-sens....Mais les individus
qui sont vraiment en osmose sont les couples dans lesquels l'un est phagocité
et l'autre, moins, dans lesquels l'un gagne plus, l'autre moins.
C. - Lorsque je dis "la femme", j'entends une tendance, parce que le
processus s'accomplit quand la femme a atteint une certaine conscience d'elle
même. Moi-même, je me suis rendue compte que j'avais mis des points sur les
"i" quand j'ai pris conscience de qui j'étais et de ce que je faisais.
P. - Voilà.
C. - Sans conscience, il se déroule un certain processus et après, on ne
sait pas ce qui s'est produit parce que la femme, si elle n'en prend pas
conscience, ne peut dire "il s'est produit cela parce que lui a tiré ses
conclusions. La femme, puisqu'il lui manque une capacité d'opérer à l'extérieur,
ne sait quelles conclusions elle a tiré parce qu'elle demeure toujours dans ce
milieu privé dans lequel elle n'a pas de confirmations. Pour moi, ce point
précis du rapport homme-femme en lien à ce qui se produit n'est absolument
pas à négliger. Tout mon effort, et donc aussi tout mon désaccord avec toi,
dérive du fait de vouloir analyser avec ma conscience ce qui s'est produit. Si
je prends "Auto-portrait" (journal publié de carla Lonzi), du rapport que j'ai
eu avec les artistes, la seule chose qui soit restée est leur témoignage, parce
alic en cu qui concerne ce qui pouvait venir de mon appel, de ma disponibilité
au dialogue...
P. - ...de la confiance que tu savais inspirer aussi....
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