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Armure du roi Louis XIII, France, vers 1620-1630 Vue de face

Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides

Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Paris, France

L'appartenance à Louis XIII de cette armure, en concordance directe avec la chronologie du souverain, paraît indiscutable. Les descriptifs des inventaires successifs sont probants et, à plusieurs reprises, le roi s'est fait portraituré revêtu de harnois de ce type.
En raison de la substitution des jambières, remplacées par de hautes bottes, ce harnois se classe dans la catégorie des « demi-armures » dont l'usage se généralise, en Europe, vers la fin du XVIe siècle. L'ensemble de la surface externe, entièrement noircie, laisse apparaître des zones de tonalités bleues qui peuvent correspondre à des altérations de la couche initiale. La défense de tête est une bourguignotte largement ouverte sur le visage dont la protection est assurée par un nasal mobile aux extrémités travaillées dessinant une fleur de lys et une volute. Le timbre hémisphérique, forgé en deux parties, est orné dans la technique du repoussé, d'une couronne de lauriers stylisée et anciennement dorée ; un long couvre-nuque, articulé de quatre lames montées à la manière de la « zischägge » germanique et retenant sur la lame inférieure une autre volute, descend sur les épaules ; le timbre est réalisé en deux parties.
Les deux joues latérales se rejoignaient au niveau du menton par une lanière aujourd'hui disparue. Le colletin, servant habituellement d'appui interne à l'ensemble du corselet (plastron et dossière), est orné d'une suite de godrons en repoussé ; le torse est recouvert d'un plastron, souligné d'un fort busc, doublé d'un lourd renfort mobile marqué de l'impact de la balle d'épreuve. La dossière complémentaire s'élargit en un grand garde-reins monté de cinq lames, qui retient une charnière centrale fleurdelysée.
Les épaulières sont symétriques, articulées de cinq lames, s'y fixe, par un système de gouttières, le canon supérieur clos par les « mouvements », lames disposées à la saignées des bras, sur lequel prennent appui la cubitière et le canon inférieur ; les gantelets, auxquels manquent les protections des doigts, sont maintenus par un système de gouttière identique. Au-dessous, les longs cuissards, retenus à la manière française par des écrous à ailerons, sur la lame de braconnière, articulés de vingt lames, se séparent en trois parties et intègrent les cubitières. Aucun élément de la garniture interne « de velours rouge » (1797) n'a subsisté.
Le décor associe donc à des éléments repoussés, cabochons, ornementations de la défense de tête, des filets gravés partageant la surface du plastron, des découpes en forme de fleurs de lys, scandant en bordures et soutenant, en appliques, de multiples petites fleurs de lys en cuivre doré, ainsi que les têtes des rivets de laiton se détachant sur les fonds noircis.
En raison de son poids élevé, sa tonalité sombre, ce harnois, dépourvu de protection de jambes et du support de lance ancrée habituellement à la droite du plastron, de la construction de sa défense de tête, proche de la capeline, entre dans la catégorie des « armures de cuirassier » mises au point au début du XVIIe siècle et devenues le harnois de campagne commun à l'ensemble de l'Europe. Elles apparaissent sur de nombreux portraits de chefs de guerre, dans la première partie du XVIIe siècle. Philippe de Champaigne a ainsi portraituré Louis XIII, sur une représentation officielle et symbolique, à l'époque du siège de La Rochelle, revêtu d'un harnois très comparable, mais non identique ; base chronologique intéressante pour la datation de la pièce, la peinture nous permet, également, d'apprécier les accessoires vestimentaires et cérémoniels, le grand colet, les manchesttes de dentelles, les hautes bottes de cuir jaune, le collier de l'ordre du Saint-Esprit, le bâton et la grande écharpe de commandement blanche brodée d'or ; d'autres oeuvres, telles que l'allégorie de « Louis XIII entre la France et la Navarre » (Louvre, inv. 8506), attribuée à Simon Vouet, « Louis XIII vainqueur au pas de Suse » (collection par. Cat. Expo, Paris, 1989, n° 009), Gaston d'Orléans (Liège, musée d'Armes, ancienne collection Malengret), variation iconographique par Philippe de Champaigne, du tableau réalisé à l'époque du Siège de La Rochelle, présente le frère du roi revêtu de harnois identique ; cet équipement austère, professionnel, emblématique, en accord avec ses goûts personnels, apparaît, et jusqu'à la fin de sa vie, sur nombre de portraits du roi ; le graveur Moncornet (burin, 1643, B.N.F. département des Estampes, N 2, D 195546, exp. Paris, 2002, n° 43), Jean Morin, à la même époque (eau-forte et burin, département des Estampes N 2, D 19553, exp. Paris, 2002, n° 44) le représentent ainsi.
À l'évidence, d'autres pièces proviennent de ce même atelier dont elles retrouvent les spécificités : la bourguignotte du Metropolitan Museum of Art (inv. I4-256604 - Dean, 1930, fig. 86), une bourguignotte appartenant à la collection Odescalchi (Carpegna, 1969, n° 99), un exemplaire à la Wallace Collection, (inv. A III - Mann, 1, 1962, p. 114). Elle peut être associée à une « bourguignotte à l'antique » acquise il y a quelques années par le Metropolitan Museum of Art (inv. 1997.341) ayant conservé sa matelassure interne et une bourguignotte signalée anciennement dans la collection d'armes du musée des Beaux-Arts de Dijon.

Details

  • Title: Armure du roi Louis XIII, France, vers 1620-1630 Vue de face
  • Date Created: between 1620 and 1630
  • Location Created: France
  • Physical Dimensions: With support: 0,855 (w) x 1,80 (h) x 0,55 (l) m, 26,78 kg
  • Provenance: acquisition date: June 29, 1872 (restitution); previous collection: Musée des Souverains
  • Subject Keywords: Protection, Ornament, Gilding
  • Type: Bourguignotte
  • Rights: Photo (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Yves et Nicolas Dubois
  • Medium: Fer, Textile, Cuir, Laiton, Noirci, Doré
  • Inventory: 1014 I

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