Fusil à silex, France, vers 1610 Vue générale

L'appartenance personnelle à Louis XIII de cette arme est attestée par la médaille, placée sur la plaque de la platine, signalée en ces termes sur l'Inventaire de la Couronne de 1673 : « la platine gravée en taillé d'espargne, enrichie d'une médaille de Louis XIII de cuivre doré ». L'étude de cette arme est indissociable de celle du fusil N° 122 signé de Marin, dont elle est le fidèle reflet esthétique. De plus l'existence sur le mécanisme, à l'emplacement de la médaille aujourd'hui disparue, du poinçon « IC », correspondant à la marque de l'artisan qui à l'évidence a réalisé le mécanisme, apparaît comme un élément déterminant puisqu'il restreint de fait dans l'élaboration de cette arme le rôle du maître de Lisieux à celui d'un génial ornemaniste, graveur et peintre.
Le canon d'un calibre extraordinaire (0,025 m.) est agrémenté d'un décor similaire d'arabesques et autres volutes damasquinées d'or s'enlevant sur un champ bleui. Le chien, la hampe légèrement arquée mais pourvue de volutes latérales et s'élargissant sur une base circulaire retenue par un fort écrou central à tête carrée, est freiné par la butée reprise du chenapan hollandais ; le bassinet triangulaire, la batterie et son renfort de talon plus marqué, indice d'une réalisation tardive. Au centre de la plaque, la zone recouverte par la médaille, dont l'absence a rendu apparent le poinçon, occupe l'emplacement tenu sur la platine à chenapan par la pièce circulaire limitant les éclats d'ignition.
Le corps de la platine, la plaque de couche, ainsi que la pièce de sortie de la détente sont entièrement gravés, dans la technique de l'acide, de rinceaux feuillagés. La monture en bois clair s'achève sur une forte crosse supportant un bréchet circulaire ; aux plats de la crosse s'enlèvent, dans une disposition permettant leur lecture verticale, peints en couleur d'or, les représentations d'un monstre à tête chevaline et corps serpentiforme, échappé à nouveau de l'inspiration et du vocabulaire maniériste.