Cette arme offre un intérêt particulier en raison de l'emblématique portée sur sa monture et de la spécificité de son mécanisme. Le canon taillé à pans sur le tiers arrière va s'arrondissant jusqu'à la bouche ; il a conservé son bruni d'origine et au niveau du tonnerre il est insculpé d'un poinçon devenu illisible.
La platine « avec un rouet d'une manière extraordinaire » selon les termes mêmes de l'Inventaire de la Couronne se caractérise par ses dimensions réduites, le grand ressort externe dont les deux branches se réunissent pour constituer un large anneau, le chien en forme de capuchon, sa mâchoire inférieure mobile soutenue par une hampe traçant une boucle ouverte. La monture de goût français en raison de sa crosse triangulaire à pans et moulures est recouverte d'une peinture bleue dont la tonalité a évolué depuis vers le vert, sur laquelle subsistent les enroulements de rinceaux dorés ; aux joues de la crosse se discernent également, en peinture d'or, les armes de France associées au croissant ouvert.
Ce type de mécanisme est habituellement désigné au vu de ses particularités techniques, sous l'appellation contestable de « platines portugaises ». Mais Carpegna, en localisant certains de ces systèmes de mise à feu à grand ressort externe dans les ateliers de Brescia et ceux voisins de Gardone dont on connaît les positions déterminantes dans l'Europe du XVIe siècle, a fait notablement évoluer la question. Pourraient donc entrer dans la production de Brescia, redéfinie en plusieurs rameaux, outre notre arquebuse, d'autres spécimens des collections du musée de l'Armée relevant d'une construction très proche. À savoir L'arquebuse caractérisée par le travail étonnant de sa monture inspirée de la représentation d'un groupe antique et l'exemplaire à double rouet.
Il convient de souligner la rareté des armes à feu dont les montures sont peintes. Cette pratique décorative courante sur l'arbrier des arbalètes était usitée à l'époque et les armes de Le Bourgeois l'attestent avec brio ; notons également l'emploi décoratif des garnitures de textile, apparentes sur des pièces au XVIe siècle. Sur le plan de l'emblématique, le croissant de lune aux pointes tournées vers le chef, qui apparaît ici associé aux armes de France sous couronne fermée, correspondait au meuble héraldique caractéristique et distinctif de la branche des Valois-Angoulême ; son utilisation parait en cohérence chronologique avec celle de la pièce. L'existence de la lettre initiale « L » sous couronne, mentionnée sur le descriptif de l'Inventaire et aujourd'hui disparue, n'est pas sans soulever des interrogations sur la datation même de l'œuvre et selon l'hypothèse la plus vraisemblable elle pourrait résulter d'une adjonction postérieure attestant de l'appartenance de la pièce au cabinet d'armes de Louis XIII.