En 2016, pour l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux, Cai Guo-Qiang crée l’immense fresque White Tone, rappelant les peintures rupestres qui ornaient les parois des cavernes. « Cette œuvre est l’un des dessins les plus détaillés que j’aie jamais réalisés. Tout comme les hommes, les animaux revêtent autant d’attitudes que de formes différentes : muscles, os, fourrure… Il faut être très précis lorsque l’on applique la poudre explosive afin de pouvoir représenter le mouvement des animaux se penchant au-dessus de l’eau. Réaliser un dessin avec cette technique reste quelque chose de très délicat à cause du processus d’explosion. J’ai imaginé cet endroit comme le dernier vestige naturel restant sur Terre, l’ultime héritage laissé aux animaux. Ces derniers ne sont plus dans une logique de prédation ; ils se penchent doucement au-dessus d’un point d’eau pour boire une dernière gorgée. Comme dans un conte de fées, la scène illustrée constitue une vision belle et émouvante mais elle cache une facette bien plus obscure. Le point d’eau est calme et silencieux : c’est un vortex, un vide blanc qui aspire tout ce qui l’entoure et donne naissance à un néant silencieux, une image de laquelle tout bruit a disparu ou s’apprête à disparaître. »