Épée d'Austerlitz de l'empereur Napoléon Ier Vue générale

Cette épée, portée par Napoléon Ier lors de la bataille d'Austerlitz, le 2 décembre 1805, est sans doute l'un des souvenirs les plus prestigieux et les plus émouvants de l'Empereur.
Le pommeau en or au fond amati, sculpté de bas-reliefs ciselés, gravés et brunis, se compose d'une calotte sculptée de couronnes de lauriers enserrant dans des médaillons un casque antiquisant à l'avers et une chouette (attribut d'Athéna et symbole de sagesse) au revers. Elle repose sur une base papyriforme sous laquelle un tore de lauriers sert de corniche à la fusée, constituée de quatre pans. Des fleurons et des lauriers ornent les côtés, tandis que l'avers est sculpté d'un profil d'Hercule, coiffé de la peau du lion de Némée dans un médaillon perlé. Le revers présente le profil d'Alexandre le Grand, sur le casque duquel on distingue Bucéphale. Des volutes végétales encadrent ces décors. La garde à une branche est parcourue par des rosettes, des lauriers et une double frise perlée. La croisière est ornée de palmettes à la garde et le quillon s'achève en forme de tête de lion (symbole de force).
Le clavier comporte le buste de Napoléon Premier Consul couronnée de feuilles de chêne au sein d'une couronne de lauriers. Le couvre-chape est garni de feuilles d'acanthes.
La lame, damasquinée au tiers et entièrement bleuie à l'origine, est triangulaire. Le talon est gravé de motifs végétaux et de couronnes de lauriers, ainsi que de fleurons, de palmettes et de volutes. Au revers apparaît la tête d'un animal qualifié de sanglier par le procès-verbal, mais qui, malgré la maladresse du dessin, semblerait être un canidé, placé au-dessus d'un volatile minuscule. S'agirait-il d'une illustration de la faune égyptienne, comme le laisse suggérer la présence du profil d'Alexandre sur la fusée et de la sphynge sur la lame, traitée à l'orientale. L'état actuel des connaissances ne nous permet pas de le préciser. Des lauriers, des fleurons et des rosettes encadrent une tête de cheval, traitée à l'antique, et un B pour Bonaparte.
Cette abondante iconographie résume à elle seule les travaux militaires, civils et culturels du Premier Consul, marchant dans les traces d'Alexandre en triomphant des obstacles comme Hercule.
En 1806, Biennais a ajouté une inscription, peut-être à la demande de l'Empereur : Epée que portait l'Empereur à la bataille d'Austerlitz. 1805. Cette épée, d'après les témoignages, était celle que Napoléon Ier portait d'ordinaire.
Le fourreau, en cuir écaillé par endroit, se compose d'une chape en or décorée de volutes et de palmettes, avec un bouton en forme de tête de cheval. Au verso, la chape est lisse, comportant le poinçon de Biennais et un numéro 2. La bouterolle est ornée de motifs néoclassiques ainsi que du Gorgoneion au sein d'un soleil rayonnant, remplacé par une rosette au revers. Le dard est en acier.
Cette épée fut emportée par l'Empereur à Sainte-Hélène et confiée au général Bertrand, grand maréchal du Palais, qui devait la donner au Roi de Rome, duc de Reichstadt, à ses seize ans.
Le 9 mai 1821, l'épée est disposée en croix avec le fourreau sur le manteau de Marengo recouvrant le cercueil de Napoléon Ier, puis est gardée par le général Bertrand. N'ayant pu accomplir la volonté de l'Empereur, suite au décès prématuré du fils de celui-ci, Bertrand conserve l'épée jusqu'au 4 juin 1840, date à laquelle il la remet au roi Louis-Philippe aux Tuileries. Puis le 15 décembre 1840, le procès-verbal de la cérémonie du retour des cendres au Invalides indique que le lieutenant-général baron Atthalin présente l'épée d'Austerlitz sur un coussin au maréchal Soult, qui l'offre au roi. Ce dernier demande alors au général Bertrand de la déposer sur le cercueil de l'Empereur, puis dans la crypte, où elle reste jusqu'en 1861, date à laquelle elle est placée dans un reliquaire avec le chapeau d'Eylau et le grand collier de la Légion d'honneur, avant de rejoindre les collections permanentes du musée de l'Armée.