Épée de Louis XIII Vue générale

Il faut attendre la publication de Robert en 1890 pour que cette importante pièce retrouve son légitime destinataire : Louis XIII. Antérieurement, l'Inventaire daté de 1775, le seul sur lequel l'épée est mentionnée, n'apportait aucune information ; l'État de 1797 l'attribuait à Henri IV, une appartenance reprise par l'auteur du catalogue des collections réunies au musée des Souverains.
La garde, d'un grand effet esthétique, est entièrement damasquinée d'or ; elle dessine le schéma classique des montures réalisées à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle : longs quillons droits, triple anneau de garde antérieure, arc de jointure et contre-garde arrière montée à trois branches ; le pommeau circulaire est légèrement aplati sur ses faces principales, la fusée est faite en métal. Une suite de camées pavés en coquille ornent, de place en place, les diverses branches de la monture, ces représentations correspondent aux portraits de profil des souverains, presque sans lacune, depuis les Carolingiens jusqu'au premier des Bourbons.
Sur la face antérieure du pommeau : / ODO / / I / (Eudes Ier) - / CAROL. / / III / (Charles III) - / RAOVL / / I / (Raoul Ier) - / LVDOVIC / / IIII / (Louis IV) - / LOTAIR / / I / (Lothaire Ier).
Au revers du pommeau : / LVDO / / V / (Louis V) - / HVGOCAP / / ET / (Hugues Capet) - / ROB / / ERTVS / (Robert Ier) - / HENRI / / I / (Henri Ier) - / PHILIPP / / I / (Philippe Ier).
Sur la fusée, côté de la garde : / LVDOVIC / / VI / (Louis VI) - / LVDOVIC / / VII / (Louis VII) - / PHILIP. / / II / (Philippe II) - / LVDOVIC / / VIII / (Louis VIII) - / LVDOVIC / / VIIII / (Louis IX).
Sur l'arrière de la fusée : / PHILIP / / III / (Philippe III) - / PHILIPP. / / IV / (Philippe IV) - / LVDOVIC. / / X / (Louis X) - / PHILIP. / (Philippe V) - / CAROLVS / / IIII / (Charles IV).
Aux extrémités des quillons : / CAROLVS / / V / (Charles V) - / CAROL. / / VI / (Charles VI).
À la croisée des quillons, sur la face avant : / IOANNES / / I / (Jean Ier).
À la croisée des quillons, sur la face arrière : / LVDOVICVS / / IX / (Louis IX).
Sur la branche de la garde : / CARO / / VII / (Charles VII) - / PHILIPP / / VI / (Philippe VI) - / CAROL. / / VIII / (Charles VIII).
Sur les deux branches inférieures : Lacune pour Louis XII, / NCI / / I / (pour François Ier) - / HENRI / / II / (Henri II) - / FRANC. / / II / (François II) - / CAROL. / (Charles IX) - / HENRI / / III / (Henri III) - / HENR / / MAGVS / (Henri IV).
La lame damasquinée au talon, prolongée sur un aplat central limité par les deux tranchants latéraux, est allégée, sur chaque face, d'une courte gorge portant les inscriptions suivantes : / NTOL / / O / / ANNO / / 1614 / sur une face,
/ SILB / / STR / / NI / / TO / sur l'autre face.
Cette inscription permet d'identifier Silbestre Nieto, fourbisseur de Tolède, dont le nom apparaît sur la table des « armeros de Toledo » [« Nomina de la ultimos, y mas famosos Armeros de Toledo » ; Seitz, 1968, 2, p. 266] ; sa signature se décèle également sur l'épée, inv. G 57, de l'Armeria Real [Valencia, 1898, p. 228] et sur une lame de la collection Odescalchi [Carpegna, 1969, cat. n° 245].
La célébration des souverains, ses prédécesseurs, dans le programme iconographique de cette pièce et l'évocation de « Henri le Grand », son père, confère à cette arme un caractère politique et symbolique certain. En 1614, le jeune Louis XIII est déclaré majeur ; la cérémonie devait se dérouler au cours du lit de justice organisé pour le 27 septembre, jour anniversaire de ses treize ans, elle eut lieu, quelques jours plus tard, dans la salle dorée du Palais où le Parlement était réuni. À l'évidence, cette épée est liée à cet évènement déterminant, la majorité du Roi.