Cette petite épée aux lignes raffinées, qui fit partie du cabinet d'armes de l'empereur Napoléon III, décline à satiété le thème décoratif emprunté à la Grande Maniera de la tête de bélier dont le nombre de représentations s'élève à vingt-trois.
Passons rapidement sur la simplicité de la lame à arête médiane et double tranchant se rejoignant à la pointe en langue de carpe pour insister sur la qualité du travail de ciselure qui hausse la monture au rang de petit bijou de toreutique.
L'intention décorative ne se contente pas ici de filer allitérativement la métaphore sur le thème du capricorne, mettant en oeuvre la rencontre et le massacre, au sens héraldique des termes, sur le pommeau, la fusée, à l'extrémité des deux quillons, au noeud de croisière et au centre de l'anneau de sous-garde, mais procède de la volonté d'introduire, au coeur même de la pièce par un effet purement artefactuel, la réalité tangible de la matière de son ornementation. En effet, une petite gaine métallique située sous le noeud de croisière, occultant le ricasso de la lame comme il était d'usage pour nombre d'épées françaises, a fait l'objet d'un bronzage, destiné à donner à la surface de l'acier l'apparence fibreuse de la corne et la coloration brune qui caractérise cette matière organique.