La carte postale témoin de son temps

A une époque où les journaux illustrés étaient encore rares et coûteux, où les actualités cinématographiques restaient encore un phénomène de foire, la carte postale a su couvrir à peu près tous les aspects de la société.

Partout, les photographes amateurs ou professionnels, occasionnels ou habitués ont été présents et ont saisi la Bretagne de 1900.

Une France, dans ce qu’elle a de moderne ou de nouveau, dans la vie de tous les jours et dans l’exceptionnel de l’actualité, mais aussi dans ses aspects archaïsants.

Si en 1900, il faut environ trois jours pour que la carte soit éditée, ce délai se raccourcit et, en 1909, une carte évènement peut être publiée dans les heures qui suivent la prise de vue.

Les catastrophes maritimes, les inaugurations et les fêtes, les tempêtes et les cyclones, les canicules et les inondations trouvent leur écho dans la carte.

Les incendies, les anniversaires et particulièrement les centenaires que l’on célèbre abondamment, les visites officielles, les courses automobiles et les records de la naissante aviation sont aussi au sommaire de ces cartes d’actualité.

La guerre n’a d’ailleurs été couverte que dans ses débuts jusqu’aux instructions données le 21 avril 1915 par le ministère de la Guerre et qui soumettait à contrôle les cartes éditées relatives aux combats et aux zones occupées militairement.

Les éditeurs de cartes postales ont été particulièrement sensibles aux petits métiers. La carte postale nous laisse une mine ethnographique pour la connaissance de ces petits métiers que la Grande Guerre allait faire disparaître ou profondément modifier pour la plupart.

Les petits métiers ruraux, sabotier, fendeur de bois, vannier, lavandière… sont abondamment représentés.

Les voitures à chèvres, le manège de chevaux de bois font partie de ces distractions populaires que la carte postale a également saisies.
Il ne manque que le son de l’orgue de Barbarie, les rire et les cris des enfants pour restituer toute l’atmosphère de la fête.

Les multiples activités artisanales ont fait l’objet de cartes dont l’usage est clairement publicitaire. Quoi de mieux qu’une vue de son atelier et de l’artisan au travail pour vanter les mérites de sa production ?

Les métiers de la mer sont abondamment photographiés dans leurs aspects traditionnels avec la représentation des pêcheurs ou dans des aspects plus contemporains comme par exemple ce scaphandrier.

Le monde rural, dans toute sa diversité, a donné lieu à des centaines de cartes postales. Et même si la pose peu paraître parfois un peu appliquée, les costumes et les visages possèdent une authenticité que seule la photographie et la carte postale pouvaient rendre au plus juste.

C’est avec un regard, à la fois nostalgique, précis et historique que les photographes ont porté sur les célébrités locales qui faisaient la gloire des communes et sur les petits métiers ambulants.

La carte postale a pérennisé avec précision la topographie des villes et des villages. A côté de la carte touristique reproduisant les grands monuments et s’adressant à une clientèle de passage, il existe une carte postale qui répond à une demande essentiellement locale.

Pour satisfaire cette demande, les petits éditeurs, qui sont souvent les commerçants de la commune, épicier ou cafetier, font réaliser des vues de l’entourage immédiat de leur boutique.

Les quartiers populaires, carrefours, places, marchés, foires, fontaines publiques, lavoirs, moulins, cafés, auberges, gares, ont été inlassablement reproduits.

Ces cartes étaient en effet susceptibles de tenter le voyageur occasionnel mais surtout, la clientèle de proximité qui pouvait envoyer, pour un prix dérisoire, l’image de son quartier, voire sa propre image saisie par le photographe.