Au début des années 50, la concurrence de la télévision est rude, et le public déserte lentement mais sûrement les salles de cinéma. La contre-attaque d'Hollywood va être spectaculaire...
Plusieurs réponses sont proposées par l’industrie américaine pour ramener le public dans les salles : le Cinérama en 1952, le CinémaScope de la Fox en 1953, la VistaVision de la Paramount en 1954, la 3D, le Cinémiracle de 1958, le Circlorama de Disney (1955), le son stéréophonique multi-directionnel, le Drive-In, et même le cinéma odorant (AromaRama, Odorama, Smell-O-Vision), etc. Ces divers procédés attirent un nouveau public et modifient le cadre traditionnel du spectacle cinématographique.
En 1955 apparaît le Todd-AO, procédé dû à la coopération du flamboyant producteur américain Michael Todd et du Dr. Brian O’Brien, de l’American Optical Company (Rochester). Todd a déjà participé activement à l’aventure du Cinérama. Il considère que le spectacle cinématographique doit être une expérience à vivre d’une façon aussi intense que le théâtre ou l’opéra ; il veut un cinéma où l’on vienne en smoking, sur réservation, sans pop-corn.
Le luxueux procédé Todd-AO donne des résultats spectaculaires dès sa première utilisation : Oklahoma ! de Fred Zinnemann, présenté le 13 octobre 1955 au Rivoli Theatre de New York. À la prise de vues, on utilise un film négatif Eastman de 65 mm avec cinq perforations de chaque côté de l’image ; celle-ci mesure 23 mm de haut sur 54 mm de large, ratio 2,35 :1. Des objectifs spéciaux à grand angle sont utilisés pour la caméra (le 128° « bug-eye »).
Des projecteurs DP70 Todd-AO sont commandés à Philips, société basée aux Pays-Bas. Le concepteur de la machine est l’ingénieur Jan Jacob Kotte (1908-1988), qui recevra un Oscar en 1963. Le DP70, surnommé la Rolls-Royce du 70 mm, pèse 600 kg et peut passer du film 35 mm et 70 mm. Il est livré avec d’excellents objectifs et une puissante lampe à arc et à miroir parabolique. Fabriqué entre 1955 et 1966, il est d’une solidité à toute épreuve : on en trouve encore en service aujourd’hui au Mary Pickford Center de l’AMPAS, à Hollywood.
En 2015, Quentin Tarantino a fait racheter les exemplaires qui subsistaient aux États-Unis, afin de rééquiper les salles numériques désormais incapables de projeter son film tourné en 70 mm Ultra Panavision, Les Huit salopards (The Hateful Eight). Malgré la volonté du réalisateur, le film a surtout été diffusé en numérique.