Le nom de Blériot est associé aux débuts de l’aviation. Ingénieur, homme d’affaires avisé, Louis Blériot (1872-1936) a fait notablement progresser la construction et l’expérimentation des aéroplanes.
Sa première traversée de la Manche par les airs, le 25 juillet 1909, constitue un exploit sportif et technique, et a ouvert la voie à la naissance de l’industrie aéronautique.
Louis Blériot est né le 1er juillet 1872 dans une famille aisée de Cambrai, dans le Nord de la France. Il mène des études brillantes et entre en 1892 à l’École centrale des arts et manufactures, située à l’époque en face du Conservatoire des arts et métiers.
Diplômé en 1895, l’ingénieur travaille dans une entreprise parisienne avant de fonder les Établissements Louis Blériot, dédiés à la production de phares à acétylène, largement utilisés pour l’éclairage des automobiles.
L’acétylène, obtenu par la réaction du carbonate de calcium sous l’effet de l’eau, produit une vive lumière blanche. Le faible encombrement du générateur le rend idéal pour des applications mobiles, comme dans l’automobile où il se généralise avant d’être supplanté par des dynamos.
L’aisance matérielle assurée par son entreprise de phares permet à Louis Blériot de conduire des recherches dans l’aviation.
Découvrant les travaux de Clément Ader et ses fameux aéroplanes, il s’appuie sur son entreprise pour construire ses premiers avions dès 1901.
Aéroplane, dit Avion n° 3 (1897), L’Avion n° 3 de Clément Ader, 1897. Inv. 13560.Musée des arts et métiers
Cet aéroplane est l’un des plus anciens qui nous soient parvenus. Malgré une expérimentation peu convaincante, il a permis de démontrer la pertinence du vol d’un aéronef plus lourd que l’air.
« Sera maître du monde qui sera maître de l’air. » Clément Ader, 1919.
Monoplan Blériot VIII (1907/1908), Monoplan Blériot VIII, 1907-1908. Inv. 45034.Musée des arts et métiers
Surnommé « l’homme qui tombe toujours » par la presse, Blériot construit dix types d’aéroplanes dont il affine la forme et perfectionne la construction.
« Blériot faisait une consommation effrayante de monoplans. Il en sortait toujours par miracle indemne et recommençait. » L’Envol, 1932.
Le Blériot VI « Libellule » aux Moulineaux (1907), Le Blériot VI « Libellule » aux Moulineaux, 1907. Inv. DOCPH-1874-017.Musée des arts et métiers
Louis Blériot fait construire une dizaine d’aéroplanes entre 1901 et 1909. Au fur et à mesure de ses essais, il améliore la construction et le profil de ses avions.
« De chute en chute, au lieu de couler au fond de l’abîme, je m’élevais – si je peux m’exprimer ainsi – chaque jour davantage. » Louis Blériot.
Blériot privilégie ici une disposition en « tandem » avec deux ailes. Le choix d’un hydravion permet d’éviter les chocs brutaux lors de l’atterrissage sur la terre ferme.
Blériot est à l’origine de la « cloche », ancêtre du manche à balai centralisant les commandes et permettant de contrôler l’altitude et le cap de l’avion.
Aéroplane Blériot XI (1909), Le Blériot XI, 1909. Inv. 14272-0001.Musée des arts et métiers
Au début de l’année 1909, Blériot dispose d’un aéroplane opérationnel, dont les performances sont encourageantes.
La vitesse moyenne du Blériot XI est de 60 km/h, son poids de 340 kilogrammes (carburant et pilote compris).
Compacts et performants, les moteurs de l’Italien Alessandro Anzani sont choisis pour motoriser les aéroplanes de Louis Blériot.
L’utilisation en demeure toutefois complexe : il fallait sans cesse y injecter de l’huile de ricin et subir des projections d’huile chaude s’échappant des cylindres pendant le vol.
Répondant au défi lancé en 1908 par le Daily Mail, Blériot se lance dans l’aventure de la première traversée de la Manche. Son concurrent direct, Hubert Latham, est victime d’une panne.
Blériot au dessus des Baraques (1909-07-25), Louis Blériot au-dessus des Baraques, Sangatte, 1909. Inv. 12472-0001.Musée des arts et métiers
Blériot a donc le champ libre : le 25 juillet 1909, à 4h41, il prend son envol.
« J’ai construit le Blériot XI avec toute la ferveur que mettent les naufragés à lier ensemble les planches de leur radeau. C’est tout pour moi que cet appareil et c’est tout ce que je vais lui demander. » Louis Blériot.
Traversée de la Manche (1909/1914), Traversée de la Manche. Carte postale, 1909-1914. Inv. 20431-0025.Musée des arts et métiers
Au terme d’un vol de 37 minutes, Louis Blériot atterrit sur les côtes anglaises !
« Sans boussole, perdant de vue la terre de France, ne distinguant pas le territoire anglais, j’immobilisai mes deux pieds pour ne pas bouger le gouvernail de direction, j’avais peur de dériver. » Louis Blériot.
« Au risque de tout casser, je coupe l’allumage à 20 mètres de hauteur. Et maintenant au petit bonheur ! Le châssis se reçoit mal ; l’hélice est endommagée. Mais ma foi tant pis : j’ai traversé la Manche ! » Louis Blériot.
Louis Blériot pose devant l’aéroplane pavoisé du drapeau tricolore immédiatement après l’atterrissage. Ce dernier, brutal, a entraîné la rupture du train d’atterrissage.
La capitale britannique salue l’exploit de Louis Blériot avant son retour en France.
Arrivée de Louis Blériot à la gare du Nord, à Paris (1909-08-29), Arrivée de Louis Blériot à la gare du Nord, à Paris, le 29 août 1909. Inv. 14272-0001.Musée des arts et métiers
La foule parisienne acclame Louis Blériot à son retour en France après l’exploit de la première traversée de la Manche.
« Le grand geste est accompli : pour la première fois un homme conduisant un oiseau de toile, d’acier qui vomissait le feu, véritable dragon des légendes effarées d’autrefois, a traversé la mer, et, quittant un continent, pris terre sur l’autre par le chemin des airs à demi domptés. » Franz Reichel, L’Illustration, 1909.
À l’issue de l’exploit du 25 juillet, l’aéroplane de Blériot est réparé et acheté par le journal Le Matin qui l’offre au Conservatoire des arts et métiers. Une cérémonie de translation est organisée en grande pompe, et l’aéroplane est livré à l’institution le 13 octobre 1909.
Invitation à la cérémonie de la remise du Blériot XI au Conservatoire des arts et métiers, 1909.
Remise officielle du Blériot XI au Conservatoire des arts et métiers, 13 octobre 1909.
L'aéroplane est alors présenté dans l’ancienne église de Saint-Martin-des-Champs où il célèbre, depuis, le souvenir de l’exploit de Blériot et témoigne des temps héroïques de l’aviation.
Depuis 2000, le Blériot XI est suspendu sous la voûte de l’ancienne église de Saint-Martin-des-Champs aux côtés du biplan RU1 Breguet et de l’aéroplane Esnault-Pelterie.
Témoin de la transition entre le temps de l’expérimentation et celui de l’industrialisation de l’aéronautique, le Blériot XI ouvre la voie vers la construction en série d’aéroplanes, accélérée avec la Première Guerre mondiale.
Les usines Blériot demeurent en bonne place dans cette industrie naissante et soulignent le rôle majeur joué par la France dans la construction aéronautique.
Le Musée des arts et métiers a célébré en 2009 le centenaire de la traversée de la Manche par Blériot. À l’occasion d’une exposition commémorative, le Blériot XI a fait l’objet d’une campagne d’étude et de restauration.
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Vue Street View du Blériot XI dans l'église du musée.
Conception—Musée des arts et métiers