La Lettre au Fiancé , Paysanne et Artisane de la Ville La Lettre au Fiancé , Paysanne et Artisane de la VilleLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
A la veille de la Première Guerre mondiale, on s’échange 1 700 000 lettres par jour. L’image est aussi bien moins présente dans les foyers qu’aujourd’hui et même les journaux l’utilisent peu !
La carte postale est donc un moyen important pour recevoir des nouvelles.
Nouvelles du Front Nouvelles du Front par MARIANDLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Dès le début de la guerre, les échanges explosent :
3 à 4 millions de lettres vont circuler chaque jour de l’arrière vers le front
et 1.8 à 2 millions de lettres du front vers l’arrière.
Du
front vers l’arrière
Les assauts sont entrecoupés de très longues pauses. Les poilus s’ennuient au fond des tranchées. Ils profitent de ces moments pour lire et écrire leur courrier.
Le Courrier à la famille , Letter to the family Le Courrier à la famille , Letter to the familyLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Les poilus écrivent sur des cartes postales, sur des feuilles ou des pages de cahier à l’aide le plus souvent de crayon à papier.
Ils n’ont pas le droit de donner des informations sur le lieu exact où ils sont postés, sur le nombre de morts, sur les prochaines offensives, sur le moral des troupes. C’est la censure, chaque correspondance est relue avant de pouvoir circuler.
Parnier S. Parnier S.Le Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Il s’agit avec une carte postale de dire « Je vais bien » ou tout simplement « je suis en vie »
Etang de la Roche Etang de la Roche (1916-06-12)Le Carton Voyageur - Musée de la carte postale
« 12 juin 1916
Chère Tante,
J’ai reçu hier votre lettre, je suis toujours en bonne santé. Depuis ma dernière lettre j’ai encore fais 3 jours en 1ère ligne et maintenant nous sommes au repos jusqu’au 19 à ce qu’il paraît nous avons eu quelques belles journées mais aujourd’hui, il fait un vrai temps de décembre.
Affectueusement,
Votre neveu »
Une carte postale ordinaire sans doute emmenée dans le paquetage du soldat et qui a servi à dire quelques banalités sur la santé et la météo. En effet, une carte mettait 3 jours pour faire le voyage entre l’arrière et le front et sa réponse 3 jours aussi. En cette période, bien des choses pouvaient se passer en 6 jours…
C’est pourquoi certains soldats écrivaient tous les jours ou même plusieurs fois par jour.
Jeune Fille de Gourin Jeune Fille de Gourin (1915-04-14)Le Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Certains soldats continuent à s’occuper de leurs affaires à partir du front.
« Gouesnon, le 14 avril 1915,
Ma chère mère,
En réponse à ta dernière lettre, ne m’envoie pas de linge, j’en ai suffisamment. Si Florentin veut bien se charger de quelque chose, tu pourras lui donner un morceau de fromage, si tu en as encore avec un torchon et un mouchoir de poche, c’est tout ce que j’ai besoin. Je compte encore rester quelque temps à Gouesnon, puisque je ne puis faire mieux, peut-être pourra-t-on rentrer à la fin de mai. Pour les vaches, fais de ton mieux, je sais que ce n’est pas facile.
Surtout ne t’inquiète pas de ce qu’on peut te dire sur mon compte, je suis en bonne santé et c’est là le principal.
Je t’embrasse de tout mon cœur. »
Pendant la guerre certains soldats, à la tête d’une exploitation importante, ont pu avoir droit à une permission agricole pour aider lors des périodes de l’année les plus denses.
De
l’arrière vers le front
La lettre du front !... Le Cap-Sizun La lettre du front !... Le Cap-Sizun par PAULETTELe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Le facteur est attendu avec impatience. Il est celui qui amène la preuve de vie. Par contre, l’arrivée du maire et du gendarme était redoutée et souvent signe de mauvaise nouvelle (blessure ou mort)
Eglise St-Louis Eglise St-Louis (1916-05-08)Le Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Les familles écrivent aussi des banalités dans leur correspondance. Il faut soutenir le moral des soldats, ils n’ont pas besoin de savoir que la vie à l’arrière est elle aussi difficile. Ces correspondances permettent aussi au soldat de garder un lien avec la vie de famille et son quotidien.
« Lorient 8 mai 1916,
Mon Eugène bien aimé, J’ai reçu ce matin ta bonne petite carte du 5. Il n’y a plus de retard depuis quelques jours. Bien heureuse, petit père chéri de te savoir en bonne santé. Il en est ainsi de tes trois petits. Malgré la température plutôt froide qui sévit depuis quelques jours. Elle est froide au point que je suis obligée de rallumer le fourneau depuis 3 jours. Ne dis-tu pas d’éteindre trop petit chéri. Il ne doit pas faire bon dans ton gourbi puisque sans doute il ne doit plus y avoir de distribution de charbon. Cet après-midi je vais faire un tour chez madame Keriaud et tacherai de retourner pour 4h pour que Jeannette ne soit pas la porte. Les successeurs de Mme Parisot ont pris possession de leur appartement. Je ne sais plus si je t’en ai parlé. Ce n’est plus le calme de la Mère Parisot. Il y a un jeune enfant de 7 à 8 mois qui m’a déjà plusieurs fois réveillé la nuit. C’est ennuyeux c’est vrai mais il faut bien que ces pauvres êtres s’élèvent malgré tous les désagréments du jeune âge. Je suis à peu près persuadée qu’ils ne tiennent pas beaucoup aux relations de voisinage. En cela nous nous entendrons bien. Bien qu’il soit cependant bon d’être en terme amicaux avec les voisins. Mon bon petit père repardonné, tu me pardonneras bien de ne pas faire une longue prose aujourd’hui. Je t’aime toujours oh bien tendrement et suis avec toi et près de ton cœur par la pensée. »
Village de Tagenac Village de TagenacLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Entre famille :
Entre famille, on se permet d’en dire plus et pourtant on garde encore une certaine retenue car en temps de guerre un défaitiste risque la peine de mort.
On se donne des nouvelles des soldats au front d’une famille à l’autre. On voit qu’une blessure importe peu, l’important est que le soldat est en vit et en sécurité pour le temps des la convalescence.
« Chère dame,
Je vous écris pour vous dire que mon mari est blessé au bras d’une balle qui lui a traversé le bras mais ce n’est rien il a un mois de repos pour sa convalescence, pensez si j’étais contente de le voir arriver. Je pense que vous allez toujours bien. Chez nous sa va, donc je termine en vous souhaitant le bonjour. »
La cathédrale, Latéral droit. Retable d'une chapelle La cathédrale, Latéral droit. Retable d'une chapelleLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Entre soldat :
Il en est de même entre soldat, les échanges découvrent le quotidien en caserne ou sur le front Dans cette correspondance, on ressent le danger vécu sur le front de la Somme et amitié entre les deux soldats. Ici encore, la correspondance montre qu’être blessé ce n’est pas si grave, car un temps de repos permettra d’échapper au front pendant un moment.
Correspondance des armées de la République, Carte en franchise Correspondance des armées de la République, Carte en franchiseLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Les cartes en franchises pré-imprimées :
Les Poilus peuvent écrire et donner des nouvelles à leur famille, c’est gratuit mais les correspondances sont contrôlées par l’armée.
Voici un exemple de correspondance des armées de la République.
Il y a des champs à remplir pour s’identifier sans en dire trop, un secteur postal permet de ne pas informer l’ennemi si le courrier est volé.
Ces cartes sont fournies aux soldats et sont systématiquement lues par le vaguemestre en charge du courrier.
Les Vaches en pâture Les Vaches en pâtureLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Les cartes avec franchise militaire non officielles :
On peut utiliser n’importe laquelle carte classique pourvu qu’on indique « Franchise militaire » pour avoir la gratuité d’envoi.
Ici une carte signée du soldat Salvage avec le tampon officiel du service postal militaire.
On y lit le récit de ses activités et sa vie quotidienne.
La
propagande d’état
Editées en très grand nombre les cartes postales peuvent aussi véhiculer un message politique produit par l’état. Ici la carte décline une affiche célèbre éditée pour la souscription des bons de la Défense nationale afin de maintenir l’effort de guerre Sur le recto un soldat monte à l’assaut criant « on les aura ! » Sa posture incite à le suivre, y compris en participant financièrement comme expliqué au verso de la carte.
Bretonne et Française toujours, Boche jamais ! Bretonne et Française toujours, Boche jamais !Le Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Les cartes non officielles avec un message de propagande:
Les éditeurs de cartes postales participent à la diffusion de messages patriotiques et anti-allemands, telle cette petite bretonne tout à fait dans l’esprit des cartes en costumes produites en très grand nombre à ceci près qu’on découvre une légende surprenante :
« Bretonne et Française toujours, Boche jamais ! »
Soutenir
les soldats par tous les moyens
La lettre et la carte postale n’est pas le seuls types d’envois postaux. De nombreux colis étaient envoyés sur le front. On y trouvait de tout, vêtements, mais aussi nourriture (fromage, pain, boites de conserves, etc.) et aussi papier à lettre…
Le
rôle des marraines de guerre
Ces femmes se proposent de soutenir un soldat, le plus souvent sans famille, dont elles deviennent la marraine symboliquement. Elles lui viennent en aide moralement en entretenant une correspondance avec lui, et le soutiennent physiquement en lui adressant des colis selon ses besoins.
Un jour de Foire Un jour de FoireLe Carton Voyageur - Musée de la carte postale
Depuis l’hôpital auxiliaire où il se retape, un soldat donne de ses nouvelles à sa marraine.
Merci à:
-La ville de Baud
-Le Carton voyageur - Musée de la carte postale