Conception : Iziko Museums of South Africa
Iziko Museums of South Africa
L'histoire longue et complexe du IsiShweshwe est marquée par le commerce intercontinental et les échanges culturels. Bien qu'il trouve ses racines dans le colonialisme, il est également lié aux mouvements missionnaires et à la résistance politique.
Isishweshwe et colonialisme
Originaire de l'Est, le tissu "amajamane", "amajerimane" ou "isishweshwe" était initialement fabriqué en coton et teint en bleu à l'aide de pigments issus de l'indigotier. Le commerce l'a fait connaître dans différentes parties du globe, notamment au Cap, où il fut d'abord porté par les esclaves, les Khoïsans et les colons. Les premières traces du isishweshwe remontent à l'engouement pour les indiennes (cotons indiens) colorées, qui se sont répandues comme une traînée de poudre en Europe à partir de 1650 environ. Les techniques complexes de fabrication des indiennes multicolores en Europe centrale ont ensuite été adaptées à l'utilisation d'une seule couleur : l'indigo.
Overall for domestic worker (2010), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Overalls worn by a domestic worker.
Indienne
Cette robe, qui est l'un des objets les plus anciens de la collection d'isishweshwe, est un exemple d'indienne. Elle est composée de coton indien (chintz ou calicot) et ornée d'un motif continu représentant des tiges délicatement entrelacées avec des feuilles et des fleurs. Elle a été conçue sur la côte de Coromandel, en Inde, à la fin du XVIIIe siècle. Le chintz indien, extrêmement populaire au XVIIIe siècle, a été importé par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales aux Pays-Bas ainsi qu'au Cap, situé à mi-parcours.
Blaudruck
Des techniques simples permettant de préserver le tissu de la teinture ont été utilisées pour créer de petits motifs blancs espacés de manière régulière sur un fond bleu foncé. En Allemagne, ce procédé était appelé "Blaudruck" (impression au bleu de réserve). Ce tissu a servi à fabriquer des vêtements de travail et des tenues pour les paysans. Ainsi, il a été associé à une tenue protestante et régionale européenne, exprimant en outre des sentiments nationalistes. Lorsque des missionnaires et commerçants allemands ont immigré au Cap oriental et dans d'autres parties d'Afrique australe vers 1850, ils ont emporté leurs modèles de "Blaudruck" et les ont utilisés comme monnaie d'échange avec la population rencontrée sur place. Le tissu est alors devenu populaire auprès des femmes des stations missionnaires. Il a ensuite été adopté par les femmes isixhosa du Cap oriental pour produire des vêtements.
Dress with apron-style detail (2006), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Selection of Isishweshwe fabrics to sew par UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Origines du nom
Deux récits s'opposent pour expliquer l'origine du nom "isishweshwe". Certains disent qu'il s'agit d'une onomatopée qui décrit simplement le bruissement produit par le tissu à la suite d'un mouvement de la personne qui le porte. D'autres soutiennent qu'il tient son nom du roi des Sothos, Moshoeshoe, qui a reçu du tissu imprimé en indigo de la part des missionnaires français au début des années 1840.
Isishweshwe et résistance politique
De la même manière que l'identité de ses utilisateurs a changé au fil des ans, la fonction du tissu a évolué. D'abord utilisé en tant que monnaie d'échange et vêtement d'inspiration missionnaire, il a ensuite largement servi à exprimer son opinion politique contre l'apartheid en Afrique du Sud, ou, pour les progressistes et les groupes de gauche, sa solidarité envers ce mouvement.
Top (2008), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
It is common to see Nelson Mandela's face printed on an isiShweshwe garment.
Jacket (late 1970's), Marie PeaceySource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Enseignement de la couture
Vers 1985, dans le cadre d'une campagne visant à encourager les femmes du Ciskei à trouver des sources de revenus durant l'apartheid, Marie Peacey a été invitée par Nico Ferreira, alors ministre dans le gouvernement de Lennox Sebe (président du Ciskei), afin d'enseigner la couture. Pendant 13 mois, elle a passé une semaine sur deux à la Small Business Corporation de Mitford, où elle apprenait aux femmes à confectionner des carrés de mola. Elle les assemblait ensuite pour en faire des vestes, gilets et autres vêtements, puis les vendait dans des boutiques.
Dress (2005), Jolle Van GraanSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Albertina Sisulu, known as Ma Sisulu, was a South African anti–apartheid activist, and the wife of fellow activist Walter Sisulu.
Maternity Jumpsuit (c. 1980), Ann FinchamSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
In the 80s, wearing isishweshwe printed fashion items was a sign of solidarity from white South Africans, liberals and left-wing groups.
Child's dress (1990s), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress of Makoti or newly-married Xhosa woman (2012), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Tenue de Makoti
Voici un exemple de tenue de makoti. Selon la tradition, en signe de respect et de soumission envers son mari et ses beaux-parents, une jeune mariée xhosa doit porter son ikhetshemiya (pièce d'étoffe pour la tête) sur le front, couvrir ses épaules, dissimuler ses hanches sous une couverture et porter une jupe ainsi qu'un tablier en isishweshwe. Elle doit rester avec ses beaux-parents pendant une période maximale d'un an afin de prouver qu'elle se comporte conformément aux traditions de respect ("ukuhlonipha"). Certains aspects de cette coutume existent encore mais ont tendance à disparaître, notamment en raison de l'urbanisation. Pièce d'étoffe pour la tête, couverture et serviette prêtées par Siphokazi Mesele, née Lindelwa Pamela Mbola, qui les portait lorsqu'elle était makoti.
Swazi man's amabutho outfit par UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Tenue d'amabutho d'un Swazi
Voici un exemple de tenue d'amabutho d'un Swazi. Le sidvashi (la jupe) peut être en isishweshwe rouge, bordeaux ou marron, et doit être recouvert d'un majobo (peau de léopard, de duiker, de cobe des roseaux, voire de babouin), porté à l'avant et à l'arrière. Dans ce cas précis, le motif sur l'isishweshwe est un libululu (serpent), l'animal préféré du roi swazi.
Ohorokweva onde (dress) (2005), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Herero women in Namibia, with their distinctive headgear, use isishweshwe.
Skirt-and-top outfit (2012), Meiga AbdoulayeSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress by Malian designer Meiga Abdoulaye. He derives inspiration from his home, Timbuktu.
Dress with head cloth (2008), (possibly) Senagalese designer Elijah Liziwe Komanisi CissSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress (2005), Amanda Laird CherrySource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress designed by acclaimed South African designer Amanda Laird Cherry.
Dress (2010), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress made for Design Sector (2006), UnknownSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress (2013), Cheryl Arthur, designer for Afro DivaSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Dress by Cheryl Arthur, designer for Afro Diva for the Iziko Museums of South Africa IsiShweshwe collection.
Skirt (2005), Lisa Jaffe of the Lysof Design SchoolSource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Skirt designed by Lisa Jaffe of the Lysof Design School.
Pair of wedge shoes with isishweshwe designs (2012), Amanda Laird CherrySource d'origine : Iziko Museums of Cape Town
Wedge shoes designed by Amanda Laird Cherry.
Purses (2012)Source d'origine : Iziko Museums of Cape Town
IsiShweshwe accessories, like these purses made by the Etafeni Centre for Thunga, are popular with locals and tourists in South Africa.
Iziko
La collection d'histoire sociale des musées Iziko d'Afrique du Sud comprend des objets uniques, précieux, très rares et d'une grande importance culturelle. Il s'agit notamment de mobilier, d'œuvres d'art, de textiles, de céramiques, d'objets anthropologiques, d'objets historiques, de pièces issues de l'archéologie maritime et de collections de papier. Outre leur valeur, leur beauté et leur rareté, ils revêtent une importance historique et culturelle, car ils illustrent la diversité culturelle de l'Afrique du Sud. On y retrouve des objets datant du début de l'âge de la pierre à l'avènement de la démocratie, en passant par la période de l'esclavage, l'ère coloniale et l'époque de la lutte contre l'apartheid. Par ailleurs, certaines de ces collections, de l'Antiquité à nos jours, proviennent du monde entier, ce qui illustre le lien entre l'Afrique du Sud et d'autres pays.
Social History Centre par Carina BeyerIziko Museums of South Africa
Centre d'histoire sociale Iziko
Le centre d'histoire sociale Iziko se trouve à Church Square, au Cap. Il a élu domicile dans le magnifique ancien bâtiment de la National Mutual Life Association of Australasia, conçu en 1905 par Sir Herbert Baker et Francis Masey.
Collection de textiles illustrant l'histoire sociale Iziko
La collection d'isishweshwe fait partie de la collection de textiles illustrant l'histoire sociale Iziko. Une grande partie de cette collection a été donnée par le Dr Juliette Leeb-du Toit, historienne de l'art qui a étudié le tissu dans le contexte sud-africain pendant de nombreuses années. Elle a mené des recherches approfondies sur ses origines, son importance (à la fois passée et présente) et a étudié le développement de sa signification dans diverses cultures sud-africaines, depuis ses premières racines jusqu'à son statut actuel.
Crédits
Musées Iziko d'Afrique du Sud
Le Cap, Afrique du Sud
Lynn Abrahams et Sarah Schäfer
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