Gustav Klimt in Anzug (1908), Madame d'Ora, AtelierAustrian National Library
Après une longue pause, Gustav Klimt a recommencé, dès 1911, à consacrer son temps à la réalisation de portraits de femmes. Dans les études associées à ces derniers, il mettait l'accent sur l'espace et les aspects tridimensionnels des personnages. Il recréait souvent leur contour et leurs vêtements à l'aide de coups de crayon courts et nerveux ou de lignes prononcées et répétitives. Le peintre adoptant une approche tout à fait formelle, tous les individus représentés se distinguent clairement les uns des autres.
Paula Zuckerkandl
Female portrait after Gustav Klimt, plate 47, The work of Gustav Klimt (1918), Gustav KlimtMAK – Museum of Applied Arts
Gustav Klimt a peint le portrait de Paula Zuckerkandl au cours de l'hiver 1912. Il a probablement été détruit à Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale. Seule une photo en noir et blanc en prouve l'existence.
Standing Woman, Facing Slightly Left (Study for the portrait "Paula Zuckerkandl") (1911), Gustav KlimtAlbertina Museum
Les études réalisées avec précision pour le portrait de Paula Zuckerkandl, dans lesquelles la personne représentée adopte avec assurance différentes poses et porte des robes à la mode, donnent un sentiment de légèreté et de sérénité. Sa position légèrement tournée crée un certain effet spatial dans lequel la forme du décolleté plongeant, exposé à une lumière venant d'en haut, joue un rôle.
Standing Woman, Facing Slightly Left (Study for the portrait "Paula Zuckerkandl") (1911), Gustav KlimtAlbertina Museum
Seated Woman, Facing Left (Study for the portrait "Paula Zuckerkandl") (1911), Gustav KlimtAlbertina Museum
Standing Woman in Coat (Study for the portrait "Paula Zuckerkandl") (1911), Gustav KlimtAlbertina Museum
La robe fuselée dans le bas témoigne d'une touche de modernité. Dans ce dessin, Gustav Klimt met l'accent sur les courbes du manteau et de la doublure intérieure.
Standing Woman in Coat (Study for the portrait "Paula Zuckerkandl") (1911), Gustav KlimtAlbertina Museum
Gustav Klimt s'est efforcé de recréer de façon précise les plis et les motifs extérieurs du vêtement, avec les bras du modèle qui pendent et créent une forme ovale.
Standing Woman with Cape (Study for the portrait "Paula Zuckerkandl") (1911-1912), Gustav KlimtAlbertina Museum
Le dessin, qui est fortement semblable à la peinture, est très différent en termes de présentation et d'état d'esprit. Pour le châle de Manille à longues franges, Gustav Klimt a porté une attention particulière aux contours et aux différentes structures des couches décoratives qui se mélangent.
À l'inverse de la peinture, les mains sont complètement masquées dans ce dessin.
Gustav Klimt reproduit avec soin les caractéristiques du visage de la femme. Son regard semble se perdre au loin.
Adele Bloch-Bauer II
Female portrait after Gustav Klimt, plate 45, The work of Gustav Klimt (1918), Gustav KlimtMAK – Museum of Applied Arts
Après avoir réalisé un premier portrait d'Adele Bloch-Bauer en 1907, Gustav Klimt en a peint un deuxième cinq ans plus tard, en 1912.
Standing Woman with Arms Dangling (Study for the portrait "Adele Bloch-Bauer II") (1911), Gustav KlimtAlbertina Museum
Les coups de crayon prononcés des études du tableau "Adele Bloch-Bauer II" évoquent la mélancolie. Dans cette étude, la hauteur semble infinie et domine tout le reste, c'est-à-dire la doublure intérieure du vêtement réalisée à l'aide de traits généreux, les contours épais de la longue cape et la structure dense des lignes des manches qui vont vers l'extérieur.
Gustave Klimt limite les caractéristiques faciales au maximum.
Avec ses coups de crayon (qui diffèrent de plusieurs manières et qui s'intensifient par moments), il tente à plusieurs reprises de styliser les matières. Il les distingue les unes des autres et les soumet toutes à des conditions d'éclairage différentes.
Ces effets proches d'une peinture créés à l'aide de simples lignes sont caractéristiques du style de dessin tardif de l'artiste. Au cours des dernières décennies de sa vie, ce dernier a privilégié les traits doux et riches.
Mäda Primavesi
Mäda Primavesi (1903–2000) (1912/1913), Gustav KlimtThe Metropolitan Museum of Art
Le portrait de Mäda Primavesi, alors âgée de neuf ou dix ans, que le peintre a terminé juste avant Noël en 1913, est le seul portrait d'enfant ayant été officiellement commandé à Gustav Klimt.
Seated Girl Seen from the Side (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Elle était la fille du banquier Otto Primavesi, l'un des plus importants mécènes du Wiener Werkstätte, et de son épouse Eugenia.
Les huit dessins préliminaires à cette toile, qui font partie de la collection de l'Albertina et qui présentent des poses variées, créent différentes impressions.
Girl Standing with Hands Clasped (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Mäda Primavesi était considérée comme une petite fille brillante et audacieuse que tout intéressait.
Seated Girl Seen from the Front (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Malgré bon nombre de sessions dans l'atelier de l'artiste, que l'enfant trouvait longues, les études laissent une impression vive et impartiale.
Seated Girl Seen from the Side (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Gustav Klimt aimait les enfants et avait de bonnes relations avec les siens.
Standing Girl in Coat, with Hand on Hip (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
À l'aide de traits spontanés et concis, l'artiste dépeint les expressions faciales changeantes de l'enfant.
Standing Girl in Coat (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
De la même manière qu'avec ses modèles féminins adultes, il a représenté la nature de son jeune sujet à l'aide de techniques de dessin de base. La différence réside ici dans le fait que le peintre a clairement tenu compte des mouvements de l'enfant.
Girl Standing with Her Hands Resting on Her Hip (Study for the portrait "Mäda Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
C'est pourquoi les études constituent en quelque sorte des instantanés, dont les lignes sont toutefois extrêmement précises.
Seated Woman (Study for the portrait "Eugenia Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Eugenia Primavesi
Gustav Klimt a également dressé un portrait d'Eugenia, la mère de Mäda Primavesi, lorsqu'elle était âgée d'environ 40 ans. Il a réalisé les ébauches des deux toiles plus ou moins au même moment.
Standing Woman in Three-Quarter Profile (Study for the portrait "Eugenia Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Cette étude du portrait révèle que le peintre a rencontré quelques difficultés à trouver une pose favorable pour son modèle en raison de son embonpoint. Les lignes puissantes, qui diffèrent toutefois légèrement, apportent de la lumière et de la vivacité. L'impression qui domine est celle d'un personnage grave et imposant.
Son bras est représenté dans une pose énergique, et ses mains forment des poings.
Un détail qui a visiblement son importance apparaît dans l'angle supérieur droit.
La courbe fortement accentuée de ses épaules et la longue écharpe courbée qui tombe sur ses épaules équilibrent la position à l'horizontale de son bras.
Alors que son visage est légèrement relevé et sa tête inclinée, sa bouche est quant à elle entrouverte, comme si la femme était sur le point de parler.
Standing Woman (Study for the portrait "Eugenia Primavesi") (1912-1913), Gustav KlimtAlbertina Museum
Dans cette dernière étude, la personne, qui se tient droite, fait face au spectateur et pose devant une structure symétrique rappelant la forme d'une montagne. Gustav Klimt insiste ici sur les nombreux contours prononcés du vêtement proche du caftan produit par le Wiener Werkstätte.
Les épaules arrondies ressortent fortement, et l'énergie des contours semble être transférée vers les lignes de la "montagne", qui entoure le personnage et dans laquelle ce dernier se fond.
Amalie Zuckerkandl
Les études dessinées entre 1913 et 1914 pour le portrait d'Amalie Zuckerkandl, que Gustav Klimt n'a pas pu terminer en raison de sa mort en 1918, sont particulièrement dynamiques.
Sitting Woman with Hands Clasped (Study for the portrait "Amalie Zuckerkandl") (1913-1914), Gustav KlimtAlbertina Museum
Dans l'étude représentant Amalie Zuckerkandl assise, Gustav Klimt recourt à une méthode picturale qu'il avait développée un an auparavant pour les dessins du portrait d'Eugenia Primavesi. Reprenant ce principe innovant, il fusionne le sofa au modèle qui fait face au spectateur en plaçant derrière la femme des coussins qui forment un triangle symétrique.
Dans cet exemple, l'artiste consacre son énergie à la représentation des couches de vêtements fluides et abondantes. Leurs contours et structures intérieures sont définis parfois à l'aide d'amas complexes de longues lignes dynamiques, parfois à l'aide de coups de crayon courts et vifs.
Un sentiment de calme émane du visage du modèle. Sa tête est légèrement inclinée vers la gauche et sa bouche entrouverte, ce qui crée par ailleurs une impression de mouvement.
Le manteau ample en fourrure, qui révèle un décolleté plongeant, est un motif récurrent dans ces études.
Sitting Woman with Legs Crossed (Study for the portrait "Amalie Zuckerkandl") (1913-1914), Gustav KlimtAlbertina Museum
Ici, le modèle assis dans une position courbée repose son bras sur un meuble qui n'existe pas et croise les jambes.
Friederike Maria Beer
Portrait of Friedericke Maria Beer (1916), Gustav KlimtTel Aviv Museum of Art
Friederike Maria Beer était une mécène enthousiaste du Wiener Werkstätte. Cette jeune femme riche connaissait Hans Böhler, proche des membres du mouvement avant-gardiste viennois. Grâce à lui, elle a rencontré Egon Schiele et Gustav Klimt qui ont tous deux peint son portrait.
Sitting Woman (Study for the portrait "Friederike Maria Beer") (1915-1916), Gustav KlimtAlbertina Museum
Gustav Klimt a dessiné et peint Friederike Beer de la même manière que d'autres femmes dont il a dressé le portrait, c'est-à-dire en incluant ses pieds, et en conférant une touche individuelle à son élégante présence personnelle.
Standing Woman (Study for the portrait "Friederike Maria Beer") (1915-1916), Gustav KlimtAlbertina Museum
Sitting Woman (Study for the portrait "Friederike Maria Beer") (1915-1916), Gustav KlimtAlbertina Museum
Dans l'étude représentant le modèle à moitié assis et légèrement redressé, le visage est au centre de l'attention. Le sujet fait face au spectateur et le fixe avec un regard insistant, renforcé par des sourcils bien marqués.
Sitting Woman with Chin Propped (Study for the portrait "Friederike Maria Beer") (1915-1916), Gustav KlimtAlbertina Museum
Cette étude se détache complètement du travail préparatoire à la peinture, car le personnage assis de face tourne la tête en direction de l'artiste.
En épaississant les lignes sombres au crayon autour du menton, la forme ovale radieuse du visage brille comme par magie. La tension entre les lignes tantôt concentrées, tantôt très libres créée par l'artiste permet d'atteindre un niveau élevé d'expression psychologique.
Standing Dancer in Profile, Her Head Turned to the Left (Study for "The Dancer" ["Ria Munk II"]) (c. 1917), Gustav KlimtAlbertina Museum
La danseuse (Ria Munk II) et Ria Munk III
Gustav Klimt a réalisé au total trois portraits posthumes de Ria Munk. L'histoire qui se cache derrière ces derniers est incroyable. La jeune femme était fiancée à l'auteur à scandale Hanns Heinz Ewers. Lorsqu'il a mis fin à leur relation par le biais d'une lettre en 1911, la jeune femme de 24 ans s'est donné la mort en se tirant une balle en plein cœur.
L'œuvre lyrique "Étude d'une danseuse" (1916-1917) est une révision du portrait posthume "Ria Munk II". D'après ce qu'a affirmé plus tard Erich Lederer, un cousin de la jeune fille, Gustav Klimt avait peint une danseuse aux seins nus portant un manteau au-dessus de l'œuvre d'origine.
Standing Woman, Wrappes in Sheets (Study for the portrait "Ria Munk III") (c. 1917), Gustav KlimtAlbertina Museum
Un autre portrait posthume commandé ("Ria Munk III") n'a pas pu être terminé par le peintre. L'étude du personnage ancré sur la page tel un pilier et enveloppé de tissu provoque un effet presque métaphysique. Gustav Klimt a travaillé plus intensément à la réalisation de ces dessins en raison du caractère posthume du portrait.
Pour y parvenir, il a représenté différents modèles portant plusieurs couches de vêtements à motifs enveloppant leur corps afin de mettre l'accent sur l'aspect transcendantal de la composition.
Les lignes au crayon qui forment des cercles glissent sur le papier à des rythmes différents et créent ainsi une multitude de motifs abstraits.
ALBERTINA, Vienne
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