Tunique (20ème siècle) by AnonymeMusée du quai Branly - Jacques Chirac
Parmi les nombreux objets des collections du musée du quai Branly utilisés lors de la chasse se trouvent des trophées, amulettes, talismans, fétiches et instruments liés aux esprits du chasseur et de son clan. Les chasseurs entretiennent des rapports intimes et secrets avec leur proie : ils doivent l’atteindre et s’en protéger. Les esprits du chasseur viennent en communication avec les esprits des animaux pour les amadouer ou se les approprier. De nombreux rituels et divinations sont accomplis pour apprivoiser, ménager ou se préserver des esprits et des forces.
Cette tunique de Côte d'Ivoire est recouverte d'amulettes qui constituent pour le chasseur une véritable armure magique.
Les boliw sont des objets sacrés au Mali. Ils contiennent toutes sortes d’ingrédients (bois, feuilles, terre, cuir, os, poils, griffes, crocs, sang). Ils sont censés rendre le chasseur invulnérable et attirer sur lui les bonnes influences.
Propulseur de harpon ailettes (20ème siècle)Musée du quai Branly - Jacques Chirac
Le propulseur démultiplie la force du chasseur par un effet de levier. C'est l'une des techniques de jet la plus ancienne, utilisée dès la Préhistoire.
Ce propulseur à harpon inuit (Groenland) sert à lancer des sagaies. Il est décoré de 26 petits phoques d’ivoire.
Mesure de piège à sanglier et charme pour la chasse Tun tunMusée du quai Branly - Jacques Chirac
Ce type de piège à détente est utilisé pour la chasse aux sangliers en Indonésie. Fiché en terre, au milieu du chemin que doit emprunter le sanglier, il permet d'atteindre le flanc de l'animal.
Orné d'emblèmes du clan, le piège est aussi supposé agir comme attracteur du gibier.
En Indonésie, les maisons abritaient les trophées de chasse complétés de bois et de métal. Ici, la tête de cerf est ornée d’un motif magique censé attirer d’autres cervidés vers le chasseur.
Ce collier en dents de crocodile est une parure d'homme aux Philippines. L'homme qui portait un tel collier montrait ainsi qu'il avait le courage de tuer un crocodile.
Bouclier (Milieu du 20ème siècle) by MbosMusée du quai Branly - Jacques Chirac
La chasse ne vise pas que les proies animales : les chasses aux têtes furent pratiquées principalement en Mélanésie, en Asie du sud-est et en Amazonie, mais également en Afrique. Loin d’être irréfléchies ou anarchiques, elles liaient des pratiques rituelles, religieuses et politiques. Elles étaient assimilées à la fertilité du groupe et des cultures. Les boucliers, armes et instruments de musiques utilisés pour la chasse aux têtes sont illustrés de motifs associés à des animaux prédateurs ou aux esprits protecteurs des ancêtres.
Ce bouclier de Papouasie Nouvelle-Guinée pouvait être utilisé au cours de la chasse aux têtes, ou lors de raids de revanche destinés à venger un ancêtre. Le pouvoir surnaturel des ancêtres qui y sont représentés apporte secours, protection et succès. Ils sont conservés à l'entrée des maisons pour éviter l'intrusion des esprits maléfiques.
Crochet Yipwon (20ème siècle ou avant)Musée du quai Branly - Jacques Chirac
La chasse peut aussi se dérouler dans l’au-delà. Les chamanes et sorciers ont accès à ces mondes inhumains, infra monde ou supra monde, eux aussi parcourus de prédateurs et de proies affrontés en des chasses invisibles. Le chamane ou l’initié utilise des statuettes qui peuvent voyager dans la nuit ou s’attaquer aux sorciers.
Cette sculpture représente un corps stylisé : les côtes sont des crochets disposés symétriquement de part et d’autre d’un cœur.
Ce type de crochet était placé dans les maisons des hommes en Nouvelle-Guinée.
Avant la chasse, le chasseur initié l’enduit de son sang et d’excrément du gibier désiré, puis crache en pulvérisant du jus de bétel. L’esprit du "yipwon" voyage alors la nuit pour savoir si la chasse sera propice. Si l’esprit est favorable il conduit le chasseur à sa proie. En cas de succès, le chasseur présente ensuite des morceaux de viande au yipwon.
Statuette zoomorphe magique "Nkisi Nkondi" (1800-01-01/1899-12-31) by 19ème siècleMusée du quai Branly - Jacques Chirac
La statue figure un chien gueule ouverte, entièrement recouvert de clous et de lames de fer. Une charge magique est placée sur le dos du chien.
Le nkisi nkondi ("nkondi" = chasseur) s'attaque aux sorciers. Pour passer un accord avec le nkondi, il faut que le requérant enfonce un clou, une lame ou une pointe en fer comme trace matérielle de son engagement afin que la parole prononcée active la force contenue dans la statue.
Commissaire—Yves LE FUR, Directeur du patrimoine et des collections du musée du quai Branly