Les vertus thérapeutiques du
radium sont mises en évidence peu de temps après sa découverte en 1898. En
1901, suite à des observations d’Henri Becquerel, Pierre Curie est un des
premiers à exposer, dans un but expérimental, la peau de son bras au radium,
pour évaluer les effets causés par les rayonnements. Il devient un promoteur
actif de l’application du radium dans le milieu médical. L’entêtement du savant
à démontrer l’utilité thérapeutique des radioéléments explique en partie la
volonté de Marie Curie de créer un institut de recherche pour la lutte contre
le cancer : de sa collaboration avec Claudius Regaud va naître la
radiumthérapie ou curiethérapie.
Radonthérapie
La Première Guerre mondiale va accélérer le développement de l’utilisation thérapeutique de la radioactivité. Le radon, gaz radioactif qui émane du radium, est utilisé pour aider à la cicatrisation des blessures des soldats grâce à l’action antiseptique des rayonnements. L’Institut du radium fournit ces ampoules de radon aux médecins sur le front. Elles sont transportées dans des petites boîtes plombées comme celle présentée dans le musée. La radonthérapie va perdurer après la guerre à l’Institut du radium où les tubes de radon sont préparés suivant une méthode mise au point par André Debierne, proche collaborateur de Marie Curie, découvreur de l’Actinium et directeur du laboratoire après le décès de la savante.
La notion de radioprotection existait déjà en 1921: le plateau et les montants de cette table utilisée pour la manipulation de foyers radioactifs comportait des lames de plombs de 2 cm d'épaisseur.
La curiethérapie : usage externe
Il faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale en 1918 et l’ouverture de l’Institut du radium pour voir se développer la curiethérapie à proprement parler. Contrairement au radon, gaz dont la radioactivité décroit rapidement, l’utilisation du radium permet d’assurer la constance du rayonnement et d’éviter une perte d’efficacité. Le radium, utilisé sous forme de sels (chlorure ou bromure de radium) scellé dans des aiguilles creuses ou des tubes placés dans des applicateurs, est positionné au contact de la zone à irradier. Le tout est maintenu en place grâce à des moulages à la cire adoptant la forme de la surface à traiter, dans le cadre d’un usage externe.
La curiethérapie intra-cavitaire
L’emploi du radium se généralise également pour soigner d’autres types de cancers accessibles par les voies naturelles (nez, bouche, rectum, vagin…). Il s’agit de curiethérapie intra-cavitaire. Le cancer du col de l’utérus est un sujet d’étude et de recherche particulièrement important à l’Institut du radium. Claudius Regaud invente dès 1920 un « colpostat » à ressort (sorte d’écarteur élastique associé à des étuis porte-tube en liège contenant les sources radioactives) pour permettre la mise en place de foyers radioactifs dans l’utérus et le vagin.
La radiumpuncture
La tumeur n’étant pas toujours accessible par un conduit naturel, il faut développer de nouvelles techniques pour l’atteindre. L’introduction d’aiguilles creuses contenant du radium dans les tumeurs de la surface cutanée ou de la muqueuse s’appelle la radiumpuncture : la source radioactive est placée au cœur de la zone à traiter. La technique, inventée par Walter Stevenson en 1914 à l’Institut du radium de Dublin, consiste à introduire un minuscule tube de verre contenant du sel de radium dans des aiguilles creuses en platine iridié. Le nombre de foyers radioactifs à utiliser dépendait de la nature de la tumeur (taille, radiosensibilité, etc.).
Conception : Musée Curie
Photographie 2012 : Alexandre Lescure, Institut Curie
Photographies anciennes : collections ACJC et Service Iconographique de l'Hôpital, Musée Curie