Les hommes du Roi
En 1622, en pleine guerre contre les protestants, Louis XIII forme une nouvelle unité destinée à sa garde : les mousquetaires.
Placés sous l’autorité directe du souverain qui est leur capitaine, ces soldats sont voués à accomplir toutes les tâches de la guerre mais sont également chargés de missions particulières comme mater des révoltes ou arrêter des personnages de marque.
Entre 1663 et 1664, Louis XIV donne aux mousquetaires leur organisation définitive en créant une deuxième compagnie. Surnommées les Gris et les Noirs, elles appartiennent à la Maison militaire et font partie de l'élite de l'armée.
Troupes de choc, les mousquetaires sont craints par leurs adversaires pour la violence de leurs actions. Cette fureur est la marque de leur bravoure et transparait dans la devise qui orne leurs étendards et drapeaux « Quo ruit et lethum » soit « Où elle s’abat, la mort aussi ».
Deux mousquetaires à cheval (XVIIe siècle), AnonymeMusée de l'Armée - Hôtel des Invalides
On oublie que les mousquetaires, qui ont la caractéristique de se déplacer à cheval et de combattre à pied, interviennent souvent dans des circonstances tactiques difficiles et subissent parfois des pertes très élevées.
Mousquetaire de la 2e compagnie, Maison du Roi (entre 1750 et 1760), AnonymeMusée de l'Armée - Hôtel des Invalides
L'académie des gentilhommes
Faisant office d'école d’officiers, les compagnies de mousquetaires accueillent des jeunes hommes issus de familles nobles. Il est possible de rentrer dans la compagnie dès l’âge de 15 ans et parfois plus tôt sur dérogation !
Le but de cette académie ? Apprendre aux jeunes hommes la guerre à cheval et à pied. Mais plus encore, ils doivent maitriser les idéaux d’une noblesse puissante : courage, audace et obéissance.
Grand traité de l'art de l'escrime (entre 1609 et 1610), Ridolfo Capoferro da CagliMusée de l'Armée - Hôtel des Invalides
L’escrime tient une place très importante chez les mousquetaires. Au-delà d’une simple pratique, l’escrime sert de modèle d’éducation au contrôle de soi. Affronter le danger avec sang-froid, effectuer des gestes rapides, précis le tout avec élégance.
Cape et épée
Même de dos, un mousquetaire est reconnaissable, n’est-ce pas ? Les représentations modernes nous les décrivent toujours munis d’une fine épée, d’un large chapeau à plume et d’une cape. Les films de capes et d’épées ont très largement participé à cette représentation !
En 1622, au moment de leur création, les mousquetaires portent une casaque (un manteau) en laine bleue doublée de rouge, les couleurs royales. Chaque pan de la casaque est orné de croix blanches et de fleurs-de-lys.
Bandoulière de mousquetaire (vers 1640)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Pour la guerre, ils sont équipés d’une "forte épée" dotée d’une large lame et d'une arme à feu, le mousquet. Ici un élément de l'équipement du mousquetaire : une douzaine de charges de poudre préparées.
Epée de chevet (vers 1640)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Les mousquetaires pouvaient aussi s’équiper d’épées moins encombrantes, comme des « épées de chevet », plus légères, moins décorées et aux lames plus courtes, elles permettent comme leur nom l’indique, de les glisser sous l’oreiller ! On ne sait jamais…
Épée, Espagne, vers 1650 Épée, Espagne, vers 1650 (vers 1650)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
On imagine très facilement le mousquetaire équipé de cette épée dite à taza du fait de cette large coquille qui protège sa main. En réalité, les mousquetaires utilisaient toutes sortes d’arme blanche, celle-ci et bien d'autres !
La fin...
Après la mort de Louis XIV, nos braves mousquetaires prennent plus rarement part aux batailles. Ils sont surtout cantonnés à un service de prestige auprès du souverain. Finalement, par mesure d’économie, les compagnies de mousquetaires sont supprimées en 1775.
Habit de grande tenue de mousquetaire, 2e Compagnie, Première Restauration Habit de grande tenue de mousquetaire, 2e Compagnie, Première RestaurationMusée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Lorsque Louis XVIII devient roi en 1814, il souhaite restaurer le faste de la monarchie en rétablissant la compagnie des mousquetaires, dorénavant assignée à la tâche d’escorte du roi.
Malheureusement, le retour des mousquetaires est de courte durée, puisque définitivement supprimés le 1er septembre 1815.
L'héritage historique est revisité par Alexandre Dumas (père) qui érige les mousquetaires au rang de héros, virtuoses de l'épée toujours prêts à défendre l'honneur bafoué d'une femme lors d'un combat spectaculaire. Mais l'auteur oublie la fonction principale de ce corps : faire la guerre !
Une story rédigée et montée par les équipes du musée de l’Armée.
© Musée de l’Armée
https://www.musee-armee.fr/accueil.html