Femme Écrivant une Lettre et sa Servante

La "Femme écrivant une lettre et sa servante" est l'un des plus beaux tableaux de la fin de la carrière de Johannes Vermeer.

La célèbre toile représente une jeune femme élégante absorbée par l'écriture d'une lettre, installée à une table recouverte d'un tapis.

Attendant les ordres de sa maîtresse, une servante regarde par la fenêtre.

Il s'agit de l'une des six peintures de Johannes Vermeer évoquant des femmes qui écrivent ou lisent de la correspondance. C'est donc l'un des thèmes de prédilection de l'artiste delftois. Johannes Vermeer n'a pas vendu la "Femme écrivant une lettre et sa servante" de son vivant. Après son décès, sa veuve l'a donné, ainsi qu'un autre tableau, à un boulanger de Delft afin de rembourser une importante dette de pain acheté à crédit.

La femme
Vêtue d'un corsage vert et d'une chemise blanche à manches bouffantes, une dame tient une plume dans la main droite pour écrire une lettre, tandis qu'elle immobilise la feuille de la main gauche. Le contenu de son message reste toutefois un mystère.

L'artiste a pleinement éclairé le bras et l'épaule gauches de la femme, ainsi que la partie gauche de son visage, mais derrière elle, le mur se trouve dans l'ombre.

En revanche, son côté droit, qui est moins bien illuminé, est placé devant une zone très claire du mur. Ces contrastes marqués entre ombre et lumière font ressortir le sujet.

La servante
Attendant que sa maîtresse lui demande d'aller poster la lettre, la servante se tient près du mur du fond de la pièce, les bras croisés.

Elle regarde à gauche par un vitrail décoratif, mais nous ignorons ce qu'elle voit exactement.

Bien qu'elle soit subordonnée à sa maîtresse et placée à l'arrière-plan, la servante est représentée debout au centre de la composition. Ici, Johannes Vermeer joue clairement avec la hiérarchie sociale établie.

La lettre
Même si nous ne pouvons pas lire le contenu du message, nous pouvons sans risque supposer que les spectateurs du XVIIe siècle y voyaient une lettre d'amour. En effet, presque toutes les lettres de l'art néerlandais de l'époque étaient de nature sentimentale.

Les trois premiers tableaux de Johannes Vermeer consacrés à la correspondance représentent une femme seule lisant ou rédigeant une missive. Les trois derniers évoquent une servante qui vient de remettre une lettre, est sur le point de le faire ou, dans le cas de cette œuvre, attend les ordres de sa maîtresse pour l'envoyer.

Les objets à l'avant-plan
À l'avant-plan, sur le sol, se trouvent un sceau rouge, un bâton de cire à cacheter ainsi qu'un objet qui est soit une lettre avec une enveloppe froissée, soit un manuel de rédaction de lettres : autant d'éléments alors couramment utilisés pour la correspondance personnelle.

Dans les deux cas, les objets semblent avoir été jetés par la femme sur le coup de l'émotion juste avant le moment qui est dépeint.

La peinture
Le grand tableau accroché au mur du fond s'inspire du récit biblique de Moïse retrouvé dans les roseaux (Exode 1-2).

On peut voir des similitudes entre la dame qui écrit une lettre assise à l'avant-plan…

… et la fille du pharaon tenant Moïse dans le tableau…

… ainsi qu'entre la servante qui se tient derrière sa maîtresse…

… et Myriam attendant derrière la fille du pharaon.

Johannes Vermeer voulait probablement nous dire que le destin amoureux de cette dame était "prédéterminé", à l'instar de la vie de Moïse.