Implanté au centre-ville de Nantes, le château des ducs de
Bretagne est l’un des monuments les plus importants du patrimoine de la ville.
Avec ses cinq cent mètres de remparts et, à l’intérieur, une résidence ducale
de style gothique flamboyant, il forme un ensemble imposant.

Le vieux donjon et le bastion Saint-Pierre au château des ducs de Bretagne (1900/1999)Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Le château de la Tour Neuve

Le château des ducs de Bretagne a connu de nombreuses constructions avant d’être celui que nous connaissons aujourd’hui. À l’origine, au XIIIe siècle, une première construction est élevée à l’endroit du château actuel : le château de la Tour neuve.

La paternité de l’édifice est encore incertaine. La seule certitude est que ce château existait déjà en 1248, étant mentionné pour la première fois dans des sources textuelles avec pour appellation « Tour neuve ».

D’inspiration philippienne, l’ouvrage aurait pu être ordonné par Philippe Auguste et exécuté par Guy de Thouars peu après 1206. Une autre hypothèse tend à montrer que la construction aurait été entreprise par Pierre de Dreux entre 1216 et 1237. Pierre de Dreux, aussi dit « Mauclerc », est baillistre de Bretagne de 1213 à 1237. Il renonce au pouvoir en faveur de son fils Jean Ier le Roux, qui continue d’améliorer le château, comme le feront ses successeurs.

Le bastion Saint-Pierre par ©Franck TOMPSChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Le renforcement des défenses

Dans un contexte de guerre entre la France et l’Angleterre, la mort de Jean III, en 1341, met non seulement fin au règne de la maison de Dreux sur la Bretagne, mais engendre aussi une guerre de succession dans la noblesse bretonne. Jean de Montfort, fils du duc Arthur II de Bretagne, s’oppose à Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre, grâce à qui il devait hériter du duché. Nantes est un enjeu majeur de cette guerre de succession du fait de sa position stratégique. La signature du traité de Guérande, en 1365, met fin à la guerre en reconnaissant le droit de l’héritier des Montforts sur la Bretagne. Mais, contesté par la noblesse bretonne, Jean IV s’exile en Angleterre jusqu’en 1373, avant de revenir dans son duché.

Jean IV et ses successeurs renforcent les structures de la principauté bretonne et affirment leur autonomie face aux rois de France. Ils renforcent la défense du duché en créant un noyau d’armée permanent, et en adaptant les fortifications des châteaux et des villes.

Nantes. 1924. Exposition d'Art Ancien. Château des Ducs de Bretagne. Le Donjon. Les nouvelles fouilles. Au fond, la Cathédrale (1924), A. TainonChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

La tour philippienne et sa première enceinte en forme de quadrilatère, représentent cette première phase de construction du château de la Tour neuve par Guy de Thouars ou Pierre de Dreux. Après Jean Ier, on assiste à une extension du château avec une modification du dessin et de l’implantation des tours. Les tours sont ensuite remodifiées entre le XIIIe et le XIVe siècle. L’une des tours de ce château est lourdement modifiée au XVe siècle et improprement nommée « Vieux Donjon ». Elle est la seule construction visible restante de cet ancien château.

Le pont-levis par ©Alain GuillardChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Une forteresse et un logis ducal

L’effort militaire s’intensifie sous François II de Montfort. Confronté à la volonté de Louis XI de réaffirmer son autorité sur les grands féodaux, François II décide de renforcer les défenses du duché. François II et sa fille, Anne, apportent des changements significatifs au château des ducs de Bretagne.

Entre 1472 et 1488, François II commence par construire les quatre tours côté ville : les tours des Espagnols, du Pied de Biche, de la Boulangerie et des Jacobins, ainsi que la tour du Port, en s’appuyant sur les fondations du château de la Tour neuve. Des travaux sont également menés au niveau des tours préexistantes et sur l’enceinte de la ville.

La cour du château par ©Bernard Renoux/LVANChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Mais la défense de la ville et de la principauté n’est pas le seul objet de préoccupation de François II. Il est nécessaire d’asseoir davantage l’autorité des ducs de Bretagne. Pour cela, il faut un lieu pour recevoir avec faste et dignité la noblesse. François II engage alors l’architecte Mathurin Rodier, dans le but de construire un logis ducal à la hauteur de l’étendue de son pouvoir. Ce dernier commence la construction du Grand Logis ainsi que du Grand Gouvernement. Une élégante résidence princière voit le jour à l’intérieur des remparts – un palais en forteresse. À la mort du duc, en 1488, l’ensemble est inachevé. Sa fille Anne reprend les travaux après son second mariage.

Anne de Bretagne, née en 1476, morte en 1514 (1820), LANTE (Dessinateur), GATINE (Graveur)Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Anne de
Bretagne : une reine bâtisseuse ?

À la mort de son père, en 1488, Anne tente de maintenir l’indépendance du duché vis-à-vis de la France en épousant par procuration l’archiduc Maximilien d’Autriche, à Rennes, en 1490. Elle avait refusé auparavant un mariage avec Alain d’Albret, un noble lié à une grande famille bretonne. Pour laver cet affront, il ouvre les portes de Nantes à l’armée royale en mars 1491. Le roi de France, Charles VIII, fait annuler le mariage d’Anne et l’épouse en décembre de la même année, engageant ainsi une union personnelle entre le duché et le royaume de France. Le couple revient peu au château de Nantes, préférant celui d’Amboise. Ce n’est qu’à la mort de Charles VIII qu’Anne retrouve ses pouvoirs de duchesse et reprend les travaux du château.

La tour de la Couronne d'Or par © Régis ROUTIERChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Anne de Bretagne épouse le nouveau roi de France, Louis XII, dans la chapelle du château des ducs de Bretagne, en janvier 1499. Elle reprend alors la construction du Grand Logis, jusque dans les années 1500. Elle dote le bâtiment d’une partie haute avec des lucarnes monumentales de style flamboyant, marquées par son blason et celui de son époux. Elle ajoute également des loggias, signe avant-coureur de la Renaissance. Dans le même temps, elle achève la tour de la Couronne d’Or, surmontée d’une flèche d’or dominant la ville. Anne décide également d’agrandir les douves occidentales entre 1500 et 1501 et de parfaire l’enceinte côté est. Le puits ornementé en fer forgé, situé dans la cour, a été également achevé à cette même période.

Reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne Reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne (1991), Jürgen ABELERChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

La mort d'Anne et l'avenir du château

Anne de Bretagne meurt à Blois, en 1514. Son corps est enterré auprès des autres reines de France, dans la basilique de Saint-Denis. Mais son cœur est confié, dans un écrin d’or, au couvent des Carmes, à Nantes.

De son vivant, elle avait tenté de marier sa fille Claude, héritière du duché, à Charles de Gand, futur Charles Quint, et préserver ainsi l’indépendance du duché vis-à-vis du royaume de France. Mais Louis XII décide finalement de l’union de Claude avec François d’Angoulême, futur François Ier, en 1505.   À la mort d’Anne, François d’Angoulême (qui deviendra François Ier l’année suivante) prend en charge l’administration de la Bretagne, au nom de son épouse Claude de France. Il fait poursuivre les travaux au château. Dans un premier temps, il renforce les remparts, puis il fait construire le « logis du Roy » (le Petit Gouvernement), près de la tour de la Rivière. Le château devient une véritable résidence royale pour la cour encore itinérante.

Philipes Emanuel de Lorrayne, Duc de Mercueur par Balthazar MontcornetChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Quelques années plus tard, Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, et beau-frère du roi Henri III vient occuper le château. Son mariage avec Marie de Luxembourg, lui permet d’acquérir un important patrimoine en Bretagne. Devenu gouverneur de Bretagne à la fin de l’année 1582, il prend la tête de la Ligue bretonne en opposition à la politique religieuse du roi Henri III.

Le Château de Nantes (vue prise des douves), Bretagne (1845), CAMBON (Dessinateur), Adrien DAUZATS (lithographe), THIERRY FRERES (Imprimeur)Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Le duc de Mercœur améliore les défenses du château par la construction de plusieurs bastions ainsi que d’une grande terrasse d’artillerie. Mais le lieu reste, même en ces temps troublés, un lieu de prestige. Le gouverneur et son épouse continuent de recevoir avec faste.

Vérification de l'édit de Nantes par le parlement de Paris, le 25 février 1599 (1696), Jan LUYKENChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Henri IV met fin aux guerres de religion dans le royaume par la signature de l’édit de Nantes en 1598. Ce dernier autorise le culte protestant dans un royaume profondément catholique.

Moulage du projet de sculpture du blason du Grand Gouvernement (2000), M. GUIBAULTChâteau des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Le château demeure un enjeu militaire important. Louis XIII nomme son ministre, le cardinal de Richelieu, gouverneur du château au début du XVIIe siècle. Ce dernier, dans un contexte de lutte contre le Poitou huguenot, renforce le château en aménageant les quatre tours d’entrées en plateformes d’artillerie.
Louis XIV poursuit les travaux sur le château suite à un incendie ayant ravagé le Grand Gouvernement. Il reconstruit cette partie de l’édifice dans un style classique et ajoute un campanile entre les tours de la Boulangerie et du Pied-de-Biche. Le roi-soleil est le dernier souverain à séjourner au château.

Portrait du cardinal de Retz (1775/1799)Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Le lieu est ensuite occupé par des militaires et reprend l’usage de prison où sont enfermés huguenots, Espagnols et personnages gênants comme le Cardinal de Retz qui s’en évade de manière rocambolesque.
Au XVIIIe siècle, le bâtiment du Harnachement est construit près de la courtine de la Rivière, dans le but de stocker des armes et de la poudre.

Les noyades de Nantes (1775/1799)Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Au moment de la Révolution, tandis que certains souhaitent détruire le château, car il est le symbole de l’Ancien Régime, des voix s’élèvent pour sa préservation. Finalement, il retrouve un usage de lieu de détention enfermant les prêtres réfractaires et les suspects d’émigration.

Explosion du château de Nantes (1800)Château des ducs de Bretagne - Musée d'histoire de Nantes

Le château perd une partie de son bâti lors de l’explosion d’une poudrière dans la tour des Espagnols le 25 mai 1800. La déflagration emporte avec elle l’aile du Lieutenant du roi dans laquelle se trouvent la chapelle et les archives ducales, ainsi que la tour abritant une des poudrières.

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Le classement du château au titre des Monuments historiques, en 1862, entraîne des campagnes de restauration sur ce dernier. Après la Première Guerre mondiale, les militaires quittent définitivement le monument, qui devient propriété de la ville de Nantes.

Un blockhaus dans la cour témoigne de l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Différents projets muséaux se succèdent ensuite au château, avant de laisser place à l’actuel musée d’histoire de la ville. Le musée reprend aujourd’hui les grandes thématiques historiques liées à la ville de Nantes et au château des ducs de Bretagne.

Crédits : histoire

Cette exposition a été réalisée par les équipes du château des ducs de Bretagne - musée d'Histoire de Nantes.

Crédits : tous les supports
Il peut arriver que l'histoire présentée ait été créée par un tiers indépendant et qu'elle ne reflète pas toujours la ligne directrice des institutions, répertoriées ci-dessous, qui ont fourni le contenu.
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