Le Technicolor

En 1915, à Boston, le Dr Herbert Kalmus, Daniel Frost Comstock et William Burton Westcott créent la Technicolor Motion Pictures Corporation. Leur but : le cinéma en couleurs...

Caméra Technicolor trichrome à trois films 35 mm fermée, Herbet T. Kalmus, Joseph Arthur Ball, 1932, Provenant de la collection : La Cinémathèque française
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Leur but : le cinéma en couleurs, par procédé additif puis par tannage et teinture des reliefs. Ce n’est qu’une décennie plus tard, en 1926, que le film bichrome Le Pirate Noir (The Black Pirate), avec Douglas Fairbanks, fait sensation.

Les procédés utilisés par Technicolor durant les années 1920 n'enregistrent d’abord que le rouge et le vert, mais le problème de la trichromie est résolu dès 1932.

L’appareil est alors fabriqué par la société Mitchell, sur les plans fournis par J. Arthur Ball de Technicolor. Trois films négatifs 35 mm sont utilisés. Deux couloirs de prise de vues, avec mécanismes d’avance synchronisés à griffes, entraînent les trois pellicules par intermittence au foyer de l’objectif. Celui-ci capte les images et les envoie à l’intérieur de la caméra sur un bloc de verre, composé de deux prismes séparés par une fine couche d'or qui se laisse traverser directement par une partie des rayons lumineux, tandis qu'elle en réfléchit une autre partie en jouant le rôle d’un miroir à 45°.

Schéma expliquant le principe de la caméra Technicolor, Provenant de la collection : La Cinémathèque française
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L’image de sélection du vert est inscrite sur un film orthochromatique dans l’axe optique de l’objectif, grâce à un filtre vert. Les deux images de sélection du bleu et du rouge sont enregistrées derrière un filtre magenta, laissant passer les lumières rouge et bleue, sur deux pellicules dites bipack dont les émulsions se touchent. Le premier film possède une émulsion sensible uniquement au bleu et colorée dans sa masse, de façon à absorber ces rayons bleus, et à ne laisser arriver sur l'émulsion panchromatique du deuxième film que les rayons rouges. Ainsi est obtenu un jeu de trois négatifs correspondant chacun au vert, bleu et rouge. Eastman a fourni à Technicolor les trois émulsions respectives, avec les spectres colorimétriques et les sensibilités appropriés.

Schéma expliquant le principe du tirage des copies couleur, Provenant de la collection : La Cinémathèque française
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Un éclairage intense est nécessaire au tournage. La caméra, au moteur bruyant, doit être enfermée dans un énorme blimp ou caisson. La société Technicolor exige la présence, sur chaque tournage, de l’ex-femme du docteur Kalmus, Natalie, au titre de « color consultant ». Le tirage par « imbibition » est complexe. À partir des trois négatifs de sélection trichrome, on tire trois bandes positives que l’on étalonne. Ces bandes positives sont soumises à un tannage qui permet de durcir la gélatine proportionnellement à la densité de l’image argentique, de sorte qu’après dépouillement à l’eau chaude, il subsiste des images en relief à partir desquelles il est possible de pratiquer l’impression des couleurs. Les trois bandes matrices positives en relief sont alors imprégnées de teintures jaune, pourpre, et bleu vert. La copie (positive développée et fixée après tirage de la piste sonore) est successivement conduite dans trois machines, où elle est mise en contact avec les matrices imprégnées de colorants. Le contact a lieu le long d’un ruban denté, matrice et film étant appliqués sous une couche d’eau dont l’excès est chassé par pression.

Loretta Young, "Kentucky"-Making A Technicolor Film, Alfred Eisenstaedt, 1939, Provenant de la collection : LIFE Photo Collection
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Loretta Young, "Kentucky"-Making A Technicolor Film, Alfred Eisenstaedt, 1939, Provenant de la collection : LIFE Photo Collection
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La lettre D gravée sur la caméra désigne le Technicolor Process Number Four, qui succède à trois autres systèmes depuis 1915, tous bichromes. Seulement 28 caméras Model D ont été livrées à partir de 1932, numérotées de D1 à D12, puis de D14 à D29 (la D13 n'ayant pas été fabriquée par superstition). Six autres caméras avec des modifications ont été faites après, trois pour l’animation et trois pour la grande vitesse (série E). Et parmi les 28 caméras originelles de la série D, onze ont été plus tard été modifiées pour le Technirama et la Vistavision.

Caméra Technicolor trichrome à trois films 35 mm fermée, Herbert T. Kalmus, Joseph Arthur Ball, 1932, Provenant de la collection : La Cinémathèque française
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Malgré le succès de ses appareils - en 1932, l’Académie décerne au Technicolor un Oscar Scientifique et Technique - la firme Technicolor connaît après la crise de 1929 une période économique difficile. Ce sont d’abord les Silly Symphonies de Walt Disney qui vont lui permettre de franchir ce cap. La Pioneer Films sort ensuite en 1933 La Cucaracha (Lloyd Corrigan), puis la RKO produit Becky Sharp de Rouben Mamoulian en 1935.

Film test 35 mmTechnicolor pour Western Union, Fritz Lang, 1941, Provenant de la collection : La Cinémathèque française
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À Londres est créée en 1936 la Technicolor Ltd., sous l’égide d’Alexandre Korda : Jack Cardiff y signe la prise de vues de plusieurs chefs-d’œuvre de Michael Powell. Les procédés Technicolor s’imposent avec A Star is Born, Wizard of Oz, et Gone With the Wind.



Le Dr Kalmus reçoit un Oscar le 29 février 1940 des mains de Darryl F. Zanuck pour l’ensemble de son œuvre. En 1952, fin du rêve : l’arrivée de l’Eastmancolor monopack entraîne la fin du Technicolor tri-film. Le Technicolor ne cessera pourtant jamais d’évoluer, et pendant plus de 28 ans, le procédé et ses dérivés recevront un Oscar technique [Color Cinematography] quasiment tous les 3 ans.

Crédits : histoire

Laurent Mannoni

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