La pandémie de grippe de 1918
En 1918, on arrivait à la fin de la Première Guerre mondiale et les soldats rentraient à la maison auprès de leur famille. Cependant, ils rapportaient également un virus grippal mortel qui finirait par coûter la vie à 50 millions de personnes dans le monde, dont un bon nombre étaient jeunes.
De 1918 à 1919, plus de 500 millions de personnes ont été infectées par le virus connu sous le nom de grippe espagnole. Il tenait ce nom du fait que l’Espagne avait été le premier pays à faire l’annonce de la pandémie. Aujourd’hui, cette souche porte le nom de grippe H5N1. Tout comme le virus SARS-COV 2 qui cause la COVID-19, la H5N1 était un nouveau virus zoonotique pour lequel les humains n’étaient pas naturellement immunisés.
Aucun vaccin ou médicament n’était disponible pour permettre de stopper la dévastation. Alors, comme maintenant, les chercheurs se sont attaqués au problème. Malheureusement, la théorie en vigueur à l’époque voulait que la grippe soit une infection bactérienne.
Les vaccins efficaces contre la grippe n’ont été développés que dans les années 1930, alors que le virus avait été isolé.
La crise mondiale de la grippe a tout de même fait avancer ces premières tentatives de développement de vaccins en fonction des renseignements disponibles. À l’automne 1918, le département de la santé de la ville de New York a partagé la formule d’un de ces vaccins expérimentaux avec Connaught Antitoxin Laboratories, à Toronto.
Connaught Antitoxin Laboratories a testé l’innocuité du vaccin, puis travaillé sans relâche pour le fabriquer et le distribuer partout au Canada, en Grande-Bretagne et dans certains États des États-Unis pour des essais à grande échelle.
Même si le vaccin s’est finalement révélé inefficace, il n’était pas dommageable. Les efforts du laboratoire ont été reconnus et ont aidé sa réputation internationale. Ingenium possède une des dernières fioles de ce vaccin dans sa collection.
La pandémie de grippe de 1918 a accentué la nécessité de coordonner les efforts de santé publique au Canada. Le gouvernement fédéral a donc créé le ministère de la Santé, en 1919.
Dès les années 1940, plus de vaccins étaient disponibles. Les services de santé publique et les groupes de pression canadiens ont accru leurs activités, faisant la promotion de la vaccination chez les enfants à l’aide d’annonces dans les journaux et les magazines, avant les films, à la radio et dans des annonces publicitaires à la télévision.
Polio
La poliomyélite, couramment abrégée à polio, est une maladie virale qui infecte la moelle épinière. Les cas sévères peuvent mener à un handicap, à la paralysie ou même à la mort. Des épidémies de polio au Canada ont été enregistrées à partir du début des années 1910, touchant principalement les enfants pendant l’été et l’automne.
Au Canada, les campagnes de vaccination ont pratiquement éradiqué la maladie dans les années 1970.
Une des technologies les plus reconnaissables utilisées pour traiter les effets de la polio est la machine surnommée le « poumon d’acier ». La polio peut paralyser les muscles respiratoires d’un patient, l’empêchant ainsi de respirer. Le poumon d’acier est un ventilateur de pression négative qui se charge du fonctionnement de ces muscles. Il a fait son entrée au Canada en 1930.
En 1951, Dr Jonas Salk de l’Université de Pittsburgh a développé le premier vaccin contre la polio, puis des essais à petite échelle ont commencé aux États-Unis. Le travail de M. Salk était soutenu par des innovations dans les milieux de culture développés par Connaught Medical Research Laboratories. De 1954 à 1955, les deux laboratoires ont collaboré pour mener des essais à grande échelle dans les deux pays.
La célèbre Canadienne Elsie MacGill était une survivante de la polio, qu’elle avait contractée en mai 1929. Cette même année, elle est devenue la première femme à obtenir une maîtrise en génie aéronautique.
Les médecins lui avaient dit qu’elle ne marcherait probablement jamais, mais elle a travaillé fort pour regagner l’usage de ses jambes et a finalement réussi à marcher avec des cannes. Mme MacGill a réalisé de nombreux autres « premières », dont devenir la première Canadienne ingénieure et conceptrice d’avions.
En1951, Connaught Medical Research Laboratories a inventé un nouveau milieu de culture pour la croissance du virus en laboratoires, lequel est connu sous le nom de « milieu 199 ». Cette importante étape a permis à Dr Jonas Salk de l’Université de Pittsburgh de développer le vaccin contre la polio à l’aide de cellules inactivées du virus de la polio.
Dr Leone Farrell de Connaught Medical Research Laboratories a développé ce qui est désormais connu sous le nom de la « méthode de Toronto » pour cultiver le virus de la polio nécessaire pour la production massive du vaccin, laquelle comprenait le « milieu 199 » et des bouteilles d’incubation spéciales.
Les premiers essais de terrain du vaccin contre la polio en Amérique du Nord ont été menés en 1954, à l’aide du virus actif produit par Connaught Medical Research Laboratories. Ces fluides ont été expédiés du Canada vers Eli Lilly à Indianapolis et Parke David à Détroit, où le virus a été inactivé et préparé pour les essais.
Le vaccin s’est révélé efficace. Malgré les défis comportant la préparation inadéquate du vaccin aux États-Unis, qui a mené à des éclosions de polio, le vaccin a été approuvé pour des essais canadiens en 1955.
Connaught Medical Research Laboratories a produit une réserve stable pour le marché canadien et, en 1957, a commencé l’exportation du vaccin vers 44 pays partout sur la planète.
Privatisation
Connaught Medical Research Laboratories a été vendu à la Corporation de développement du Canada en 1972, puis a finalement été privatisé et acheté par l’Institut Mérieux en 1989. Il est aujourd’hui devenu le campus Connaught de Sanofi Pasteur en raison de diverses fusions.
Connaught, qui est né dans une petite écurie de Toronto, a traversé deux guerres mondiales, des épidémies mondiales et qui a sans cesse fait évolue le paysage de la santé publique, est une force motrice en matière de recherche et de production de vaccins au Canada depuis 1914.
Ce travail se poursuit au campus Connaught, qui se concentre principalement sur les vaccins bactériens, comme l’anatoxine diphtérique et le vaccin anticoquelucheux. En outre, de nouvelles installations sont en construction pour accroître la production de vaccins contre la grippe.
Cliquez ici pour accéder à la Partie 1 : Variole – Diphtérie – Tétanos.
Ingenium aimerait remercier Dr Christopher Rutty d’avoir fourni des services de consultation sur ce projet et travaillé sur l’histoire de la vaccination et des maladies au Canada.
Voici d’autres ressources à consulter :
A History of Connaught Laboratories
Une série d’articles rédigés par Dr Christopher Rutty sur l’histoire de Connaught Laboratories et de la santé publique au Canada.
Vaccines and Immunization: Epidemics, Prevention and Canadian Innovation
Exposition en ligne du Dr Christopher Rutty pour le Museum of Health Care.
The Spanish Flu and Canadian Influenza Vaccine Initiatives
Par Dr Christopher Rutty
L’histoire de Connaught
Une partie de Insuline100 : La découverte de l’insuline, projet pour Moments déterminants Canada (Dr Christopher Rutty)
Sanofi Pasteur: The Legacy Project Chronologie de la recherche sur la vaccination et le développement à Connaught Laboratories, de 1914 jusqu’à maintenant (Dr Christopher Rutty).
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