Les manuscrits: des copies, mais aussi des textes originaux
Le contenu des manuscrits peut consister en :
1. Des sujets traités par des auteurs étrangers dont les oeuvres sont parvenues dans la région et furent étudiées et enseignées par les savants locaux ou les auteurs eux-mêmes.
2. Des sujets traités par des auteurs étrangers, mais commentés ou recomposés en vers par des savants locaux, donc considérés comme une production locale.
3. Des sujets traités initialement par des auteurs locaux.
Un manuscrit en peul transcrit en arabe (ajami), SAVAMA-DCISAVAMA-DCI
Ces derniers sont écrits en caractères arabes, parfois transcrits phonétiquement depuis les langues locales (en peul, en songhai, en haoussa, en wolof, en mandingue, en soninké, en tamasheq…). C’est ce type de contenu en langue locale transcrit à l'aide de l'alphabet arabe que l’on appelle "ajami".
De nombreux documents prestigieux sont de production locale : c’est le cas du Tarikh el-Fettach et du Tarikh es-Sudan, des textes d’Ahmed Baba…
Des contenus très divers : littérature et poésie
La littérature et la poésie sont fortement représentés : poèmes en hommage à un personnage, à une femme, au prophète… mais aussi poèmes sur les sujets les plus divers. Certains manuels d’enseignement sont composés en vers, plus faciles à mémoriser par les élèves. Dans le poème Qasīdah (ci-contre), Sayyid al-Mukhtar ibn Ahmad ibn Abi Bakr al-Kunti al-Kabir enseigne à ses élèves la loi islamique sur les droits des orphelins et des femmes mariées. Son utilisation des vers permet à ses élèves de mémoriser plus facilement le texte.
Manuscrit de métrique, SAVAMA-DCISAVAMA-DCI
On trouve également des ouvrages de métrique poétique. La métrique arabe est définie comme l’ensemble des règles qui permettent de distinguer les vers bien mesurés des vers fautifs. C’est la science qui étudie les mesures du vers, c’est-à-dire les séquences de syllabes brèves et longues adjointes à chaque vers.
Elle a été théorisée au VIIIe siècle par le philologue Al-Khalil Ibn Ahmad, qui présente la métrique comme un modèle structuré en niveaux.
Des contenus très divers: des textes religieux
Les textes religieux sont nombreux. On trouve : des prières, des poèmes à la gloire d’Allah et du Prophète, des manuels de pratique religieuse, des manuels sufis, etc. La référence aux textes sacrés est fortement présente dans des manuscrits qui ne sont pas spécifiquement religieux: documents juridiques, règles de comportement…
2013 Evacuation manuscripts Timbuktu, copyright Prince Claus Fund (3)SAVAMA-DCI
Des contenus très divers : les arts
La musique est peu représentée au sein des manuscrits. On trouve toutefois quelques échantillons représentatifs comme peut l'illustrer cette figure ci-contre présentant des instruments de musique.
Manuscrit d'astronomie, SAVAMA-DCISAVAMA-DCI
Des contenus très divers : l'astronomie et l'astrologie
L’astronomie et l’astrologie sont des thèmes très représentés dans les manuscrits. Le système solaire est décrit comme un ensemble de planètes et d’étoiles tournant autour de la terre, selon le schéma remontant à Ptolémée (IIe siècle après JC).
La représentation du ciel fait en général la part belle aux douze constellations qui forment le zodiaque : les signes astrologiques sont partie intégrante des cartes du ciel.
Des contenus très divers : la géographie
Des descriptions de lieux, de voyages…
Des contenus très divers : des ouvrages scientifiques
Les ouvrages scientifiques sont également nombreux : de botanique, de pharmacie et pharmacopée, de médecine, de mathématique, de sexologie, etc.
Des contenus très divers : comment se comporter?
Parmi les manuscrits, on trouve de nombreux conseils de comportements.Dans l’islam, les individus disposent d’un « statut personnel », qui dépend de la catégorie à laquelle on appartient (ou des catégories auxquelles on appartient) : homme, femme, enfant de tel âge à tel âge, musulman, non musulman, croyant d’une religion monothéiste, esclave ou domestique, étranger, invité… Ces statuts définissent les droits et les devoirs de chacun, et donc ce qui est « licite » ou « illicite » au regard des textes sacrés. Ces règles de comportement donnent lieu parfois à débat : on trouvera un manuscrit qui estime que fumer est illicite, alors qu’Ahmed Baba, dans un autre manuscrit, prend une position contraire. Les juges s’appuient sur ces règles pour prononcer des jugements...
Des contenus très divers : des jugements et de la jurisprudence
Beaucoup de manuscrits sont des documents ayant une valeur juridique : fatwas (décisions judiciaires), recueils de jurisprudence, arrêts rendus par des juges (cadis) sur des sujets très divers (propriété de la terre et des animaux, naissance, mariages et divorces…). Ces documents juridiques permettent de comprendre la vie sociale, les problèmes fréquents et les solutions apportées.
Des contenus très divers : manuscrits "certifiés"
On trouve aussi des manuscrits « révisés », « certifiés », avec l’autographe du « réviseur » ou du « certificateur ».
Formes et matériaux : des manuscrits parfois reliés
Les manuscrits sont de différents formats, plus ou moins grands, soit en feuilles séparées, soit avec des reliures (« cahiers »). Ces reliures sont parfois cousues avec du fil.
Les manuscrits ne comportent pas de ponctuation. Le mot « fin » désigne la fin d’un texte.
Formes et matériaux : des règles d'écriture
Les manuscrits ne comportent pas de ponctuation. Le mot « fin » désigne la fin d’un texte. Les manuscrits comportent très peu de ratures car le métier de copiste est soumis à des règles à respecter pour la lisibilité des textes. Par exemple les copistes utilisent : le symbole (خ ) pour indiquer la variante dans une autre copie, le symbole (ط) pour indiquer un complément d’information ou une explication de mot, le symbole (ع) pour indiquer un doute sur un mot, le symbole (ب ) pour certifier correctement un mot, le symbole (صح ) pour indiquer une correction, le symbole (وقف ) pour marquer le point d’arrêt dans la révision et la correction de la copie.
Formes et matériaux : les outils du copiste
Les copistes utilisaient des calames, tube de roseau avec un bec fendu, trempé dans un encrier. Il existe différents types de calames, adaptés au type d’écriture que l’on souhaite. Les encres étaient de fabrication locale, dans différentes teintes. On utilisait du noir de fumée ou du charbon de bois, de la gomme arabique, des végétaux pour donner la couleur (feuilles de manguier pour le vert, feuille de sorgho pour le rouge…).
Des outils de traçage par SAVAMA-DCISAVAMA-DCI
Pour copier en lignes régulières, les copistes utilisaient des outils de traçage. Ces outils de traçage possèdent une sorte de trame de fils alignés, qui, mouillés, sont pressés sur le papier et laissent une trace pendant un certain temps.
SAVAMA-DCI dispose d’encriers et des différentes composantes nécessaires à la fabrication d'encres.
Formes et matériaux : des couleurs différentes
Les couleurs sont multiples. Souvent, un texte est copié avec des encres de différentes couleurs.
Formes et matériaux : une riche ornementation
Parfois les manuscrits sont enrichis d’ornements. La décoration et l’enluminure de manuscrits ont commencé dès le 11ème siècle, mais ce n'est qu'à partir du 13ème siècle qu'elles connurent un véritable essor. Ces ornements peuvent être très divers : encadrements de pages, ornements calligraphiques, schémas et représentations diverses, enluminures, … Ils pouvaient être réalisés par les copistes, mais aussi par des artistes spécialisés. Parfois on remarque sur un manuscrit une place laissée vide pour un ornement ou
Formes et matériaux : la calligraphie
Les différents types de calligraphie que l’on trouve dans les manuscrits de Tombouctou sont le Suūdᾱnī, le Sahrᾱwī, le Sūqī, le Maghribī, le Sharqī.L’art du livre a connu au 16ème siècle son apogée, au Moyen-Orient, en Perse, mais aussi en Afrique de l’Ouest.
Intéressé par "Food" ?
Restez informé via votre newsletter personnalisée Culture Weekly
Tout est prêt.
Vous recevrez votre première newsletter Culture Weekly cette semaine.