CBE, un studio d'enregistrement légendaire

Les plus grandes stars françaises et internationales ont poussé ses portes de 1966 à nos jours.

Enregistrement Enrico Macias (1973), Michele EstardyStudio CBE

On m’appelle Studio CBE. Je suis un studio d'enregistrement fondé en 1966 par Bernard Estardy et Georges Chatelain. 
Mon histoire n’est pas banale. Plus de 50 ans de musiques ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je ne peux bien évidemment pas résumer ma vie entière par quelques mots, mais je vais essayer de vous en raconter quelques bouts, car je me souviens de tout.

Micro Ruban RCAStudio CBE

Bernard Estardy et Georges Chatelain tels des pionniers s’arrêtent dans ce quartier populaire coincé entre les puces de St Ouen et Montmartre. 
Ils ont 27 ans, ils sont amis depuis les bancs des hautes études, ils sont à la fois musiciens et ingénieurs et leur seule envie est de créer un lieu radicalement différent des grands studios traditionnels.

ARP de CBE (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

Pas un seul label dans le coin, pas un disquaire à l’horizon, aucune maison de disques aux alentours, mais une boutique de textile qui fabrique des imperméables et qui leur tend les bras. 
Qu’à cela ne tienne, c'est ici qu’ils feront leur laboratoire musical, leur antre inspirée, le studio d’enregistrement qui leur ressemble… Moi !

La console de CBE GL Design (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

Je ne suis pas très grand et je l’avoue mes volumes sont étranges. Ça ne les arrête pas pour autant. Ils fabriquent tout de leurs propres mains, de ma décoration intimiste à l’acoustique de mes cabines, en passant par les machines innovantes dont la conception est signée Gunter Loof.
Ici pas d’ingénieur du son en blouse blanche qui élabore savamment le son. Ici on cherche à créer un nouveau son.

Bernard Estardy derrière sa console (1980), Michele EstardyStudio CBE

Lorsqu’on passe ma porte, on tombe nez à nez sur un Géant de 2 mètres 05 qui vous invite à faire de la musique. Il s’appelle Bernard Estardy, et c’est avant tout un musicien. Ancien organiste de Nino Ferrer et Bill Coleman il est très vite surnommé « le Géant » et « le génie du son » par toute la profession.

Le fairchild de CBE (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

Nous devenons bien vite indissociables l’un et l’autre. Grâce à lui, je suis le passage obligé pour tout artiste en mal de réussite. Certains diront que je porte bonheur car j’ai le privilège de voir avant tout le monde les débuts de carrière de toute la scène française et la naissance des chansons à succès que vous fredonnez encore aujourd’hui.

Quelques bandes magnetiques (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

De toutes ces chansons passées par chez moi, on décompte plus de 500 millions de disques vendus. Je traverse les décennies et les multiples courants musicaux en étant le témoin d’un théâtre permanent.

Séance enregistrement avec Claude François, Jean-Pierre Bourtayre et Bernard Estardy (1978), Michele EstardyStudio CBE

T-Bone Waker ramène les bonnes vibrations du blues et Booker-t Jones celles de la Stax.
Paul Simon se sent tellement bien qu’il conseille de « ne pas changer un clou de ce studio », Après avoir enregistré « Comment te dire adieu » Françoise Hardy reviendra souvent car dit-elle c’est le seul endroit ou elle prend un réel plaisir à chanter. 
Johnny hurlera « Que je t’aime » une bonne quarantaine de fois avant de s’écrouler sous la fatigue et l’alcool. Pour « Les magnolias » Claude François non content d’être en retard de plus de 3 heures, étalera un pique-nique sur la console, ce qui fera rager Bernard en plein mixage. 

Séance enregistrement de la chanson "Big Bisou" avec Carlos, Jacques Plait, Johnny Arthey, Joe Dassin et Bernard Estardy (1978), Michele EstardyStudio CBE

Joe Dassin fera reprendre 25 fois le mixage de « L’éte indien" avant d’avouer que la toute première version était la meilleure, ce qui lui vaudra le surnom d’Attachiant.
Michel Sardou chantera « Les lacs du Connemara » en coup de vent une heure avant de partir en tournée.
Sheila sera la seule chanteuse qui aura l’obligation de chanter avec un magnétiseur derrière elle pour les désidératas de son producteur.
Nino Ferrer et Bernard en bons caractériels se battront bons nombre de fois, pour le meilleur et pour  « Le Sud »…
Des histoires comme cela, j’en ai des centaines en mémoire.

Enregistrement de Chassol / Tricatel (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

On aurait pu penser que les années auraient eu raison de moi. Il n’en est rien. Plus de 50 années se sont écoulées, ma flamme et ma singularité sont intactes. Une nouvelle génération se plaît à me réinventer, de Sebastien Tellier à Lilly Wood and the prick, de Mick Harvey à Chassol, de Petit Biscuit à Zaz, de Kimberose à Bertrand Burgalat, de Philippe Katerine à Jeff Mills.

Enregistrement du second album de "Lilly wood and the prick" (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

Julie Estardy qui dirige le studio CBE depuis 2007 (2018), Mathieu BaumerStudio CBE

A mon bord ce sont maintenant des jeunes musiciens qui « trafiquent » le son. Et c’est aujourd’hui la fille de Bernard Estardy qui dirige, qui veille. On est toujours en famille et la formule que l’on perpétue est la même depuis le début. Un soupçon de prise de son Estardienne, une pincée de bonnes vibrations, une cuillerée d’expérimentation sonore. Tout est prêt  : Il n’y a plus qu’à goûter.

Crédits : tous les supports
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