Dessins de nus érotiques indépendants (1913-1917)

Ce portrait d'une femme en train de se masturber datant d'environ 1913 a été un exercice d'équilibriste pour l'artiste. Il était partagé entre l'envie de reproduire ce qu'il observait sur le moment en matière de sensualité, et celle d'essayer de présenter la pose et l'acte intime du modèle sur un plan spatial supérieur.

Le drapé à la texture riche crée un contraste marqué avec les parties dénudées de son corps, qui sont fortement éclairées. Gustav Klimt s'est beaucoup inspiré des impressions sur bois japonaises pour créer ces dessins.

Le peintre a représenté un modèle allongé au crayon rouge vers 1913. En alternant les contours légers et marqués, il a souligné les caractéristiques sensuelles de son corps.

Il a surtout accentué l'œil fermé, soulignant ainsi à quel point l'esprit du personnage couché sur le dos était loin.

La "conversation" entre les espaces vides est un facteur majeur dans la division équilibrée de la toile. Cela inclut l'espace triangulaire bien visible sous son genou replié.

L'étude datée de 1914-1915 illustrant un modèle à moitié nu allongé sur le dos est caractérisée par des lignes libres qui se distinguent magnifiquement les unes des autres. Le personnage est étendu sur toute la largeur de la feuille, formant ainsi un grand arc.

Les lignes abstraites et très resserrées des vêtements froissés sont très libres et énergiques. La main au repos se détache nettement des habits.

Son ventre et ses cuisses dénudés émergent de l'enchevêtrement de lignes tels une île resplendissante.

Les contours de ses jambes sont incurvés de manière dynamique. Le fait qu'elles soient dessinées en perspective accroît la tension entre l'espace et la surface de la feuille.

Comme si elle était portée par les vagues, la personne couchée sur le dos semble partir à la dérive en échappant aux contraintes du temps et de l'espace.

L'étude du dos d'une personne allongée habillée datant de 1916-1917 constitue un exemple remarquable d'opposition entre le calme extérieur et l'agitation intérieure. De la tête aux pieds, dans sa position horizontale, elle occupe toute la largeur de la feuille.

Le mouvement violent des lignes abstraites des plis et du motif du tissu attire particulièrement l'attention.

Les contours marqués et répétés de son épaule inférieure créent un point d'attrait visuel, car ils séparent nettement sa peau claire de ses cheveux sombres et ébouriffés. La position légèrement inclinée de sa tête renforce l'impression d'un personnage concentré sur lui-même vu de dos, dont la position isolée sur la feuille est frappante.

Concernant l'état d'esprit exprimé par ces modèles allongés, c'est l'extase érotique qui est la plus fréquente.

Le dessin de 1916-1917 d'un modèle en train de se masturber et reposant sur une surface inclinée semble n'exprimer que pure excitation.

Le personnage, dont les veines semblent parcourues d'un courant électrique, rappelle immanquablement l'expressionnisme.