Être MOF boulanger

Paroles de Meilleurs Ouvriers de France

Drapeau de la France. Lettre au comte de Chambord. Réponse à son manifeste du 5 juillet 1871 (1871), Cliché DNC, Léonard de SerresDomaine national de Chambord

MOF

Sous cet acronyme se cache l’excellence de l’artisanat français dans plus de 200 professions. Le titre de MOF – Un des Meilleurs Ouvriers de France – est décerné par l’État sur concours (ou plutôt examen), en moyenne tous les quatre ans depuis 1924. Les lauréats se voient décerner le diplôme (de valeur BAC +2) la médaille et le droit de porter l’insigne ou le col tricolore dans les métiers de bouche. Il n’y a pas de plus grande reconnaissance professionnelle en France que d’être MOF.

Joël Defives, Meilleur ouvrier de FranceSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Joël DEFIVES

58 ans - Boulanger depuis l’âge 16 ans 

"Travailler en boulangerie c’était la promesse d’être seul la nuit, caché et tranquille, à l’abri du regard des autres."

Portrait MOF Joël Defives Paris 17emeSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

La vocation

“Enfant j’étais dyslexique, mais on ne le savait pas. Silencieux et renfermé j’étais considéré comme l’idiot de la classe et on me disait que je n’arriverais à rien. Je n’oublierai jamais mon premier jour d’apprentissage. C'était la première fois qu’on me parlait comme à un homme.”

Joël Defives, Meilleur ouvrier de France par Vincent FerniotSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

D’où vous est venue l’envie d’être MOF ?

"Je voyais les MOF comme inaccessibles et en regardant le fils de mon patron préparer le concours, j’ai compris que c’est par le travail acharné qu’on gagne soi-même une place, pas par la naissance."

Baguette tradition tranchée et alvéoléeSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

La préparation et le concours ?

“Un mot me vient : inhumain, on ne sait pas, tant qu’on ne l’a pas fait. Mais une souffrance qui fait du bien au final. J’ai passé deux fois le concours… parce qu’à la première j’ai été rattrapé par mes démons d’enfance le trop fameux, “tu n’y arriveras pas”.”

MOF Joël Defives en train de fleurerSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie de boulanger ?

“On devient les gardiens du temple. Mais je dois rendre chaque jour au métier ce qu’il m’a apporté. Moi qui viens de nulle part, je suis devenu un homme par ce métier. Après le compagnonnage c’est comme une famille. Cela prend tout son sens si je vous dis que j’ai perdu mes parents très tôt.”

Le plus important pour vous dans la baguette ?
“Le dégazage et le façonnage sont essentiels pour moi. Selon le ressenti avec mon “toucher de pâte”, j’arrive à serrer ma baguette au plus juste pour obtenir une cuisson parfaite.”

Olivier Magne, Meilleur ouvrier de FranceSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Olivier MAGNE

48 ans - 33 ans de boulangerie
3ème génération de boulangers dans un petit village du Cantal, Saint-Julien-de-Jordane

Olivier Magne, Meilleur ouvrier de FranceSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

D’où vous est venue l’envie d’être MOF ?

“L’envie de faire une belle carrière et de maîtriser mon métier. L’exemple de Christian Vabret, l’envie de marcher sur ses traces. Si je n’étais pas passé par son école je ne serais jamais sorti de mon petit village.”

Mie alvéoléeSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

La préparation et le concours ?

“Je l’ai passé 3 fois. Deux échecs bien vécus parce que je n’étais pas au niveau tout simplement face aux finalistes. J’ai dû acquérir à chaque fois des nouvelles techniques, car ça évoluait très vite.”

Olivier Magne, Meilleur ouvrier de FranceSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie de boulanger ?

“Ça m’a donné des ailes et ma seconde vie a démarré à 41 ans avec ce titre et la possibilité de réaliser mes rêves de voyages, d’abord Argentine, Corée, Kazakhstan… je n’aurais pas vu le monde sans ce titre.”

Le plus important pour vous dans la baguette ?

“Énormément de rigueur, pas de place laissée au hasard. Un boulanger doit respecter des centaines de points de fabrication. Si on en manque un ou deux, c’est irrattrapable. Une baguette ne doit pas être agressée, on doit la caresser et lui laisser du temps. Il faut la traiter comme quelqu’un qu’on aime et elle vous le rend bien.”

Christian Vabret, Meilleur ouvrier de FranceSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Christian VABRET

67 ans - 50 ans de boulangerie - MOF en 1986

La vocation?
“Mon père était boulanger dans un quartier populaire d'Aurillac. J'avais mon lit au-dessus du fournil, dans la chaleur et l’odeur du four à bois, la brioche toute chaude au petit déjeuner et les bruits rassurants du travail la nuit. Et puis le fils du boulanger, on le connaît en ville, ce n’est pas un anonyme.”

Baguettes par Vincent FerniotSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

D’où vous est venue l’envie d’être MOF ?

“D’abord la curiosité, vers 25 ans après le Brevet de Maîtrise. Mon idole c’était Lionel Poilâne avec son travail au four à bois et son chic (il portait une veste alors qu’on portait le marcel), et pourtant il n’était pas MOF.”

La préparation et le concours ?

“7 ans dans une bulle entre les deux concours en 1982 et 1986. Mes seules sorties c’était traverser la France pour voir comment les autres travaillaient.”

Christian Vabret, Meilleur ouvrier de France par Vincent FerniotSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie de boulanger ?

“La reconnaissance du public et de l’entourage. On devient fier de son métier, du titre qui est comme une légion d’honneur professionnelle. Et puis il faut voir la flamme dans les yeux des apprentis et des élèves.”

Le plus important pour vous dans la baguette ?

“Tu as beau tout faire bien, parfois au dernier moment ça foire. Jusqu’au défournement rien n’est gagné… tout pain qui sort du four est un petit miracle. Et je m’étonne encore chaque jour quand je vois une belle baguette sortir du four.”

Mickaël Chesnouard, Meilleur ouvrier de France par M Gain Nathanaël et le magasin M Crampon FrancoisSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Mickaël CHESNOUARD

39 ans - Boulanger depuis 24 ans

La vocation?
“Je viens d’une famille d’artisans, mais pas des boulanger, des potiers. Quand petit j’aidais à l’atelier je voulais être payé en pains au chocolat. Alors ma mère me disait “tu n’as qu’à devenir boulanger.” Je lui ai obéi. Et puis on est le seul commerce où les clients viennent tous les jours. Pour ça c’est mieux que la poterie!”

Mickaël Chesnouard, Meilleur ouvrier de France par M Gain Nathanaël et le magasin M Crampon FrancoisSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

D’où vous est venue l’envie d’être MOF ?

“CAP, BEP, Brevet de maîtrise, un cursus normal pour qui veut aller haut. Mais l'inscription est venue d’un pari stupide avec un copain après une nuit de fiesta. Sur le mode “t’es pas cap!” Parfois la vie prend des tours incroyables.”

Mickaël Chesnouard, Meilleur ouvrier de France par Mickaël ChesnouardSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

La préparation et le concours ?

“Sorti de mon petit village, j’ai eu envie de me frotter aux meilleurs. Préparation pendant deux ans de folie, des journées de 18h. Je n’en revenais pas, même quand j’ai reçu le titre. On nous pense infaillible mais un boulanger ça doute tout le temps, d’ailleurs la boulangerie c’est une science… inexacte.”

Mickaël Chesnouard, Meilleur ouvrier de France par M Gain Nathanaël et le magasin M Crampon FrancoisSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie de boulanger ?

“Tout a changé, le regard de la profession d’abord. Au début, je ne mettais pas la veste et je l’ai fait pour les jeunes. Je me sentais comme une rock star pour les apprentis. Mais on reste modeste, comme on dit chez nous - Si tous les bons étaient MOF et si tous les MOF étaient bons ça se saurait.” 

Le plus important pour vous dans la baguette ?

“Le choix des ingrédients d’abord, une farine de blé gras et sucré, et la fermentation. Je mettais du levain et je suis revenu à la levure parce que j’ai écouté la demande de mes clients qui aiment la note sucrée. On fait quand même la baguette pour ses clients pas pour soi-même. On est bien sûr artisans mais aussi commerçants.”

Frédéric Lalos, Meilleur ouvrier de FranceSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Frédéric LALOS

51 ans - 34 ans de boulangerie

"À 6 ans j’ai dit à mes parents que je voulais être boulanger, et je l’ai fait contre l’avis de mes profs qui me considéraient trop bon élève pour ne faire “que” ça."

Frédéric Lalos, Meilleur ouvrier de France par Frédéric LalosSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

D’où vous est venue l’envie d’être MOF ?

“J’ai fait un passage par la Maison Lenôtre qui a toujours été une “fabrique” à MOF. À cette époque il y avait des cols tricolores partout : 10 MOF dans tous les secteurs autour de la pâtisserie. Ajoutez à cela le besoin de pousser le curseur.”

Frédéric Lalos, Meilleur ouvrier de France par Frédéric LalosSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

La préparation et le concours ?

“Si j’avais su le travail de préparation, je pense que je n’y serais pas allé. 3 ans à ne faire que ça ! Vraiment. J’ai tiré un trait sur ma vie privée pour ça et je n’ai vécu que pour cet objectif ! Heureusement que j’ai eu le titre, sinon je préfère ne pas y penser.”

Qu’est-ce que ça a changé dans votre vie de boulanger ?

“Le titre a été un aussi beau jour que celui de la naissance de mes enfants ! Mon rêve au départ était juste d’avoir ma propre boulangerie, mais le vrai challenge, c’était de devenir aussi entrepreneur. Je n’envisageais pas ma vie sans le titre. Le monde s’est ouvert à moi.”

Frédéric Lalos, Meilleur ouvrier de France par Frédéric LalosSociété nationale des Meilleurs Ouvriers de France

Le plus important pour vous dans la baguette ?

“Un des produits les plus difficiles à réaliser, on voit tous ses défauts. L’important pour moi c’est le goût. une légère acidité lactique oui, mais pas acétique. Je fais ma baguette “sur poolish” comme on dit. Elle est très douce, alors que les jeunes aiment les levains liquides plus acides.” 

Crédits : histoire

Vincent Ferniot

Crédits : tous les supports
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