La Liseuse à la Fenêtre

"La Liseuse à la fenêtre" est le premier d'une série de tableaux représentant des scènes d'intérieur mettant en avant un petit nombre de personnages engagés dans des activités domestiques intimes.

Johannes Vermeer dévoile le fond d'une pièce haute de plafond, dont environ un tiers est masqué par un rideau suspendu sur le côté droit.

Devant la fenêtre ouverte se tient une jeune fille, entièrement de profil, qui est absorbée par la lecture d'une lettre. La scène est pleine de poésie, et dégage une atmosphère calme et tranquille presque magique.

Quelques meubles ...

... une chaise poussée dans un coin,

... une table recouverte d'une tapisserie avec un saladier rempli de fruits séparant le spectateur du personnage se combinent pour définir l'espace pictural.

Au premier plan, la table recouverte de la tapisserie plissée et le rideau replié sur le côté droit forment une sorte de barrière dans la composition et font office de repoussoir. Le spectateur a ainsi du mal à accéder visuellement à l'espace fermé en arrière-plan.

Le rideau suspendu à droite n'est pas un composant de la pièce dans laquelle se tient la jeune fille, mais appartient manifestement à un plan différent, situé plus près du spectateur.

Il est accroché au moyen de 10 petits anneaux sur une barre métallique qui semble fixée à un cadre en bois.

Le rideau qui, semble-t-il, vient d'être replié sur le côté, dévoile à présent au spectateur une scène qui serait restée invisible autrement. Il s'agit probablement du seul tableau dans lequel Johannes Vermeer a utilisé ce motif en trompe-l'œil, une technique qui consiste à peindre de manière à créer une illusion d'optique donnant l'impression que les objets représentés existent en trois dimensions.

Le reflet de la jeune fille sur la fenêtre constitue l'un des détails particulièrement charmants de ce tableau, car il offre une vue indirecte de son visage énigmatique. Toutefois, l'inclinaison de sa tête et sa coiffure ne correspondent pas exactement au reflet, et la forme de l'encolure est complètement différente.

De plus, le reflet est impossible par rapport à la position de la jeune fille dans la pièce. Une radiographie a révélé que dans la version initiale de ce tableau, la jeune fille était légèrement plus petite et peinte de trois quarts, vue de dos, afin que son visage soit plus incliné vers la fenêtre.

La tête de lion correspond exactement à la forme de celles typiquement gravées sur les chaises espagnoles, très appréciées aux Pays-Bas à l'époque de l'artiste.