Léonard de Vinci s'est initialement intéressé à la lumière en tant qu'artiste, et il a porté une grande attention aux facteurs qui influencent sa diffusion. Son utilisation du sfumato, technique picturale de gradation des tons et des couleurs, est le fruit de ses découvertes et marque son passage d'une vision mathématique à une vision physique du monde. Texte rédigé par le Dr Domenico Laurenza, musée Galilée, Florence.
Un regard sur la perspective
Au XVe siècle, l'architecte de la Renaissance Leon Battista Alberti a élaboré les principes de la perspective linéaire en s'appuyant sur les lois de la proportion et de la perfection mathématique. De son côté, Léonard de Vinci a constaté que la diffusion de la lumière et sa perception visuelle sont soumises à des variables physiques incompatibles avec la vision purement mathématique de Leon Battista Alberti.
Un regard sur la perspective
Léonard de Vinci a étudié l'interaction entre les couleurs et les ombres de différents objets. Il a également découvert que l'image d'un objet qui se forme sur la rétine s'imprime sur une surface et non sur un point. Pour lui, la pyramide d'Alberti ne constitue donc qu'une représentation idéale.
Codex Arundel, Arundel MS 263, f.115v (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Dans ce feuillet, Léonard de Vinci illustre comment la structure et le mouvement de l'œil affectent la vision, et donc comment celle-ci est relative et variable.
Ainsi, lorsque l'on pousse l'œil vers le haut avec le doigt, sa moitié postérieure s'abaisse et l'"imprensiva" (terme anatomique utilisé par Léonard de Vinci pour désigner l'organe récepteur qui occupe la partie arrière de l'œil) perçoit les objets comme s'ils se trouvaient plus bas.
Dans ce feuillet, Léonard de Vinci observe que la flamme de la bougie a une forme oblongue, tandis que l'œil la perçoit comme ronde, car la lumière arrive dans l'œil par une ouverture circulaire.
Codex Arundel, Arundel MS 263, f.064v (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
L'œil de l'oiseau
Ce feuillet traite de l'anatomie et de la vision de l'œil d'un oiseau. Léonard de Vinci étudie la fonction de ce qu'on appelle aujourd'hui la membrane nictitante ou troisième paupière d'un oiseau. Il s'agit d'une membrane transparente latérale qui recouvre l'œil de l'animal.
Léonard de Vinci décrit également une autre membrane mobile ou "couverture" opaque. Il analyse ensuite leur mouvement et leur fonction : protéger l'œil pendant le vol rapide (membrane transparente) et maintenir la vision vers le haut pour repérer les oiseaux prédateurs.
Codex Arundel, Arundel MS 263, f.093v (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Interférence de l'eau avec la perception visuelle
Compte tenu de l'obsession de Léonard de Vinci pour l'étude de l'eau et de la lumière, il n'est pas surprenant qu'il ait été l'un des premiers à considérer le problème de l'interférence de la perception visuelle d'un objet immergé dans l'eau.
Dans le premier dessin, l'œil (situé au-dessus de la surface de l'eau) perçoit l'objet à demi immergé de manière déformée…
Codex Arundel, Arundel MS 263, f.093v (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
…contrairement à l'œil situé au niveau de l'eau dans le second dessin.
Codex Arundel, Arundel MS 263, ff.170v-171r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
L'ombre et la lumière
Léonard de Vinci a étudié attentivement la relation entre l'œil, la lumière et l'objet de la vision en prenant pour modèles l'observateur terrestre, le Soleil et la Lune.
Dans cet exemple, l'œil ne voit pas la partie illuminée de l'objet, ce qui n'est possible que lorsqu'il "voit intégralement la lumière originale", c'est-à-dire sa source lumineuse.
Deux bougies, l'une brûlant avec une flamme faible (en haut), l'autre, avec une flamme plus intense (en bas), illustrent comment les ombres projetées par un corps opaque éclairé s'allongent au fur et à mesure que la source lumineuse s'affaiblit.
Codex Arundel, Arundel MS 263, f.100r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Ici, Léonard de Vinci examine le cas d'un corps opaque interposé entre un objet et la lumière qui l'éclaire.
Du fait de cette interférence, l'objet semble être éclairé par plusieurs sources lumineuses.
Codex Arundel, Arundel MS 263, ff.113v-114r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Pour Léonard de Vinci, en l'absence de nuages ou d'humidité excessive, l'azur du ciel est pleinement visible en milieu de journée. En tant que phénomène optique, la couleur bleue du ciel serait due à la lumière réfléchie par les minuscules particules d'humidité de l'air sur les ténèbres du ciel avec la sphère de feu.
Le dessin ci-contre représente la situation inverse, à savoir le Soleil (à droite) diffusant une lumière partiellement interceptée par les nuages (à gauche).
Léonard de Vinci s'est intéressé à la relation entre les ombres et les lumières projetées par les arbres. Il étudie les zones ombrées de l'arbre et son ombre sur le sol.
Codex Arundel, Arundel MS 263, ff.113v-114r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Les dessins se rapportent à ce phénomène : les rayons du soleil, sur la droite, projettent l'ombre de l'arbre sur le sol. La longueur de l'ombre varie selon l'inclinaison du sol. Elle apparaît dans sa longueur maximale sur le dessin du bas.
Codex Arundel, Arundel MS 263, ff.114v-113r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Léonard de Vinci s'interroge sur le rapport entre la lumière et l'ombre selon les différentes variétés d'arbres.
Le vert foncé des pins, des cyprès, du buis et des lauriers. Le vert jaune pâle des noyers, des poiriers, du lierre et des jeunes plantes. Le vert jaune plus foncé des châtaigniers et des chênes. Le vert rougeâtre du lierre, des sorbiers, des grenadiers et des cerisiers en automne. Le vert gris des saules, des oliviers et du jonc.
Un coup d'œil sur l'avenir
Léonard de Vinci fait la distinction entre la lumière diffusée librement (dessin du bas) et celle qui entre dans un espace clos par un orifice ou une ouverture (dessin du haut).
Ce dernier cas de figure l'a conduit à expérimenter avec la technique de la chambre noire (ou "camera obscura"), qui est à l'origine de la photographie.
Codex Arundel, Arundel MS 263, ff.221v-220r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Selon la conception de la perspective médiévale et celle de la Renaissance, l'image des objets atteint l'œil sous la forme d'une pyramide parfaite, ayant sa base dans l'objet et son sommet dans l'œil…
Dans ce feuillet, Léonard de Vinci conteste l'idée que les lignes de cette pyramide soient droites.
Codex Arundel, Arundel MS 263, ff.084v-088r (1478–1518), Leonardo da VinciSource d'origine : Arundel MS 263
Le miroir concave
Dans l'exemple ci-contre, Léonard de Vinci étudie la réflexion de la lumière sur un miroir concave, qu'il se propose de fabriquer.
La fonction de ce miroir n'a pu être déterminée avec certitude. Léonard de Vinci comptait peut-être l'utiliser en tant que dispositif expérimental pour réaliser des études optiques ou pour exploiter la lumière solaire comme source d'énergie.
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