Buste de Louis II de Bourbon, prince de Condé (1621-1688) (1688), Antoine CoysevoxChâteau de Chantilly
Louis II de Bourbon, prince de Condé est à la fois le plus grand guerrier de son temps et un véritable héros, mais aussi un rebelle. Mais a-t-il rivalisé avec son cousin Louis XIV (1638-1715) dans les domaines politique, militaire mais aussi artistique et culturel?
Cette exposition virtuelle se propose de découvrir l’histoire d’un des personnages les plus fascinants du Grand Siècle.
Louis II de Bourbon, duc d’Enghien, enfant (Vers 1633), Michel LasneChâteau de Chantilly
Louis II de Bourbon-Condé, quatrième prince de Condé (Paris 1621-Fontainebleau 1686), est un prince du sang. En tant que membres de la branche cadette de la maison de Bourbon, les princes de Condé figuraient dans l’ordre de succession au trône.
Ils étaient premiers princes du sang et participaient ainsi du sang royal.
Le Prince illustre (vers 1645), Grégoire HuretChâteau de Chantilly
Le prince porte le titre de duc d’Enghien jusqu’à la mort de son père Henri II de Bourbon, prince de Condé (1588-1686). Très jeune il est initié par son père au gouvernement de la Bourgogne.
En 1641, il se marie avec Clémence de Maillé-Brézé, nièce du cardinal de Richelieu.
Les Actions du Grand Condé (1686-1694), Sauveur Le ConteChâteau de Chantilly
C’est à la bataille de Rocroi, en 1643, au cours de laquelle il triomphe des Espagnols et sauve le royaume de son cousin Louis XIV, alors âgé de 4 ans, que le Grand Condé forge sa légende.
La bataille de Rocroi est une importante victoire française, qui marque la fin de la suprématie militaire des espagnols et le début du renversement de l'équilibre des forces en Europe.
Louis II de Bourbon, prince de Condé dit le Grand Condé (1640-1667), Michel Lasne et d’après Juste d’EgmontChâteau de Chantilly
Le buste du prince est ici inséré dans un médaillon formé par des palmes prenant lui-même place sur une peau de lion retournée qui renvoie à l’image herculéenne associée au jeune héros.
Au lendemain de la victoire de Rocroi, le Grand Condé devient le nouvel Alexandre.
Drapeau dit de Rocroi (1643), Anonyme et AnonymousChâteau de Chantilly
Au XVIIe siècle, chaque régiment se rallait à son étendard. La prise de cet étendard était un signe fort et une source de prestige pour le vainqueur qui, en France, venait le déposer à Notre-Dame de Paris.
Le drapeau dit de Rocroi, pris par le Grand Condé aux troupes allemandes, est l’un des plus anciens conservés en France.
Louis II de Bourbon, duc d’Enghien (Vers 1643), Jacques StellaChâteau de Chantilly
Après Rocroi, le duc d’Enghien ne s’arrête pas en si bon chemin et multiplie les victoires face aux Habsbourg.
Il se distingue particulièrement contre les Habsbourg à Fribourg-en-Brigau (1644), Philippsbourg (1644), Nördlingen (1645) et Dunkerque (1646).
Les Actions du Grand Condé, le Blocus de Paris (1686-1694), Sauveur Le ConteChâteau de Chantilly
En 1648, le Parlement et le peuple de Paris ainsi qu’une partie de la noblesse manifestent une opposition frontale à la politique de Mazarin.
Le Grand Condé est chargé de réduire ces troubles.
Il organise le blocus de la ville en 1649.
La paix intervient rapidement.
Le Cardinal Mazarin (1658-1660), Pierre MignardChâteau de Chantilly
Le prince, après avoir sauvé la Couronne, siège dans le conseil de régence. Il réclame des récompenses pour lui et son clan que Mazarin répartit au contraire auprès des frondeurs pour se les rallier.
Devenu menaçant pour le cardinal et la régente Anne d’Autriche (1601-1666), le prince de Condé est arrêté le 18 janvier 1650 et passe un an en captivité. Après le soulèvement de quelques provinces, Mazarin doit s’enfuir à Cologne. Le prince est alors libéré le 6 février 1651.
Louis II de Bourbon, Prince de Condé, Premier Prince du Sang (1643-1686), Jean FrosneChâteau de Chantilly
Le prince prend les armes contre Mazarin. La Fronde condéenne est lancée. Il signa alors des traités avec l’Espagne, soulève des provinces et marche sur Paris.
D’importants combats se déroulent alors aux portes de la ville.
Le prince est sauvé par la Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d’Orléans (1627-1693) qui fait tirer les canons de la Bastille sur les troupes royales et laisse entrer le Grand Condé dans la cité.
Louis XIV terrassant la Fronde (1653), Gilles GuérinChâteau de Chantilly
Le prince fait alors entrer des Espagnols dans la capitale et instaure un climat de terreur qui le rende odieux des parisiens.
Il doit quitter Paris pour les Pays-Bas espagnols et le roi fait une entrée triomphale dans Paris le 21 octobre 1652.
Déchu de son rang de prince de sang, il devient « généralissime des armées d’Espagne » aux Pays-Bas.
Les échecs militaires et une situation personnelle difficile, ajoutés à la cuisante défaite à la bataille de Dunes près de Dunkerque (1658) précipent la conclusion de la paix entre la France et l’Espagne.
Le Cardinal Mazarin et don Louis de Haro au traité des Pyrénées en 1659, à l’île des Faisans (XVIIème siècle), AnonymeChâteau de Chantilly
Le traité des Pyrénées est signé le 7 novembre 1659 entre le cardinal Mazarin et don Louis de Haro (1598-1661), principal ministre de Philippe IV.
En échange d’une soumission totale, Condé est rétabli dans ses biens honneurs et privilèges, il récupère son château de Chantilly qui avait été confisqué lors de sa rébellion.
Les Actions du Grand Condé, Le Passage du Rhin (1686-1694), Sauveur Le ConteChâteau de Chantilly
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Le premier prince du sang est indispensable au système monarchique. Le roi s’entoure de généraux prestigieux comme le Grand Condé et Turenne (1611-1675).
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La guerre de Dévolution (1667-1668) et la première partie de celle de Hollande (1672-1675), mené par Louis XIV, sont ponctuées de brillantes victoires obtenues par Louis II de Bourbon. Il quitte définitivement les champs de bataille en 1675.
Élévation d’une des faces de l’Escalier de l’Hôtel de Condé (XVIIème siècle), Jean MarotChâteau de Chantilly
De par son rang, le Grand Condé dispose de tout un réseau de résidences (Vallery, Saint-Maur).
L’hôtel de Condé à Paris est d’abord son centre névralgique d’une nébuleuse politique et sociale au service du lignage.
Cette Maison de Plaisance de Chantilly (…) ce parterre de l’invention de Mr Le Nautre, Chantilly (XVIIème siècle), Adam PerelleChâteau de Chantilly
Le prince opère progressivement un basculement dans le réseau et la hiérarchie de ses résidences. Le centre de gravité est transféré de Paris à Chantilly.
Là, il peut s’adonner à ses passions et cultiver une vie de cour plus libre et tolérante, dans une sorte d'anti-Versailles.
Veue Générale de Chantilly du côté de l'Entrée (1638-1695), Adam PerelleChâteau de Chantilly
Sous l’impulsion du Grand Condé, le domaine devient l’un des plus prestigieux du royaume.
Le prince nourrit l’ambition d’en faire la vitrine de son prestige personnel et celui de sa Maison.
Veue Générale de Chantilly (XVIIème siècle), Adam PerelleChâteau de Chantilly
En 1659, Condé se consacre à l’embellissement de son domaine en y créant un vaste parc et de splendides jardins.
Vers 1662, il convoque André Le Nôtre pour lui confier l’ordonnancement des lieux.
Les Cascades de Chantilly (1638-1695), Adam PerelleChâteau de Chantilly
À l’ouest du château s’étendait, avant les destructions révolutionnaires, une grande partie du parc de le Nôtre.
Elle comprenait entres autres de somptueuses cascades. Elles étaient alimentées par le Pavillon de Manse (1677-1679).
Le Château de Chantilly (1686), Liévin CruylChâteau de Chantilly
Après le parc, les efforts du prince et de ses architectes se portent sur le château. La tâche est immense. Le prince prend le parti de restaurer l’existant.
Jules Hardouin-Mansart, alors premier architecte du roi, est chargée d’imaginer un projet princier.
La Galerie des Batailles de Chantilly dans son état actuel (2015), Marc WalterChâteau de Chantilly
La galerie des Batailles, aménagée par Jules Hardouin-Mansart, constitue l’un des principaux témoignages de l’action du Grand Condé au sein du château de Chantilly, à la fin de sa vie. Il s’agissait d’une galerie privée, dévolue à la détente et à l’apparat.
Le cycle de tableaux qui la décore comprend onze panneaux peints par Sauveur Le Conte retraçant toute la carrière militaire du prince.
Jésus-Christ ressuscité entouré de saint Pierre et saint Paul (Vers 1556), Anthonis MorChâteau de Chantilly
On sait moins que derrière le guerrier se trouvent un esthète et un collectionneur. Le prince aime particulièrement les peintures nordique et italienne.
Il possède de nombreux tableaux, dont certains très célèbres, comme celui d’Anthonis Mor dit Antonio Moro, le plus célèbre portraitiste flamand du XVIe siècle.
Portrait de Molière (vers 1658), Pierre MignardChâteau de Chantilly
Le Grand Condé aime et protège les penseurs dissidents, les poètes hardis, les esprits rebelles, mais aussi des littérateurs plus courtisans.
Très cultivé, curieux de tout, homme de conversation, grand lecteur, il s’attache à se procurer les nouveautés littéraires.
La Rodogun, folio 2 (1647), Pierre CorneilleChâteau de Chantilly
Le prince apprécie le théâtre. Tous les grands écrivains du règne de Louis XIV lui sont liés, Molière bien entendu, mais aussi Corneille, Racine, Boileau et La Fontaine.
La bibliothèque du Grand Condé conservait des éditions rares de leurs œuvres.
Le Camp de la Douleur, dessein de l’appareil funèbre pour le service solennel faict à Monseigneur le Prince de Condé, Louis de Bourbon second du nom, premier prince du sang dans l’Eglise Nostre Dame de Paris le 10 mars 1687 (1687), Jean Dolivar et d’après Jean BérainChâteau de Chantilly
Le prince rend l’âme le 11 décembre 1686 au château de Fontainebleau. Le 10 mars 1687, on donne à Notre-Dame de Paris les funérailles les plus grandioses du règne de Louis XIV en son honneur.
Bossuet prononce alors sa fameuse oraison funèbre, faisant vibrer le décor baroque qui orne la cathédrale.
Décoration funèbre de la Chapelle de Condé dans l’Église de la maison professe des Jésuites de Paris pour l’inhumation du cœur de S.A.S Monseigneur Louis de Bourbon, premier prince du sang (1687), Jean Dolivar et d’après Jean BérainChâteau de Chantilly
Le dernier acte des funérailles est consacrée au cœur du prince. Siège de ses vertus et de ses passions, il est apporté depuis Fontainebleau au couvent des Jésuites de Paris le 24 décembre 1686 et placé aux côtés de celui de son père.
On veut mettre ici en exergue la dévotion de la Maison de Condé à l’ordre.
Une exposition virtuelle issue de l’exposition Le Grand Condé. Le rival du Roi-Soleil, Domaine de Chantilly, 5 septembre 2016 – 2 janvier 2017. Sous la direction de Mathieu Deldicque.
Les textes sont inspirés de ceux du catalogue de l’exposition Le Grand Condé. Le rival du roi soleil? , sous la direction de Mathieu Deldicque, Editions Snoeck, Gand, 2016.
Exposition virtuelle conçue par Jérôme Leclaire.
