À la fois œuvre d’art et exploit technique, "La Liberté éclairant le monde” dite la statue de la Liberté, a été imaginée par le sculpteur français Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904). Éclairant la rade de New York depuis plus d’un siècle, et devenue très vite symbole universel de liberté, c’est aussi l’aboutissement d’une aventure humaine, artistique et technique exceptionnelle.
Prises à l’initiative de Bartholdi tout au long du chantier, les images témoignent de cette aventure humaine. Elles ont avant tout servi à rassembler les fonds nécessaires à la construction de la statue de la Liberté et à promouvoir ce projet, notamment par voie de presse.
Lors d’un voyage à New York en 1871, Bartholdi découvre l’île de Bedloe : il est tout de suite fasciné par le lieu, idéal pour concrétiser le souhait de Edouard de Laboulaye (1811-1883) d'ériger un monument commémoratif de l'Indépendance des Etats-Unis (1776-1886).
Le moulage définitif de la tête et le modèle primitif de la statue de la Liberté, 1877-1878.
Le projet démesuré doit affronter plusieurs défis technologiques dans des délais serrés. La taille monumentale de la statue (46 m) amène Bartholdi à choisir comme matériau le cuivre, plus léger que le bronze.
En 1875, l’Union franco-américaine lance une souscription pour couvrir les 600 000 francs nécessaires à la construction de la statue. Alors que le financement du projet n’est pas encore assuré dans sa totalité, la construction de la statue de la Liberté débute dans les ateliers de la cuivrerie d’art Gaget, Gauthier et Cie, à Paris, avec la collaboration de l’architecte Viollet-le-Duc, chargé de concevoir une armature pour le colosse. Celui-ci pense d’abord à des sacs de sable.
Le moulage définitif de la tête et le modèle primitif de la statue de la Liberté, 1877-1878.
Un modèle d’exécution en plâtre au 1/16e d'une hauteur de 2,11m est réalisé, à partir duquel un découpage des différentes parties de la statue est effectué. Pour chaque élément amené à sa taille définitive, on construit une structure en bois que l’on recouvre de plâtre.
Sur cette forme en plâtre modelé, on positionne des gabarits en bois qui servent ensuite de moules pour le martelage des 300 feuilles de cuivre, d’une épaisseur de 1 à 3 mm, qui forment l’enveloppe de la statue.
La main et le flambeau : ils forment le premier élément construit de la statue de la Liberté.
Le buste de la statue de la Liberté sur le Champ-de-Mars à Paris, à l'occasion de l’Exposition universelle de 1878.
« On n’entend que des coups de marteau, des grincements de lime, des cliquetis de chaînes ; partout une agitation, un brouhaha, un remue-ménage énorme. On se croirait dans une vaste usine. » - Le Moniteur universel, 29 mars 1885
Vue panoramique des ateliers Gaget, Gauthier et Compagnie avec la structure métallique de la statue de la Liberté, vers 1883.
Gustave Eiffel prend la succession de Viollet-le-Duc à la mort de celui-ci en 1879 : il renonce aux solutions techniques de son prédécesseur et imagine une structure entièrement métallique, souple et légère, sur laquelle les plaques de cuivre formant l’enveloppe de la statue sont fixées.
Un premier montage provisoire est réalisé dans la cour des ateliers Gaget, Gauthier et Compagnie : il s’agit de rassembler sur l’armature de fer 300 pièces d’une pesée globale de 80 tonnes, au moyen de vis. Le montage définitif en Amérique sera plus élaboré avec l’utilisation de rivets de cuivre, invention majeure de l’époque qui donne à l’ensemble l’impression d’avoir été bâti d’un seul bloc.
L’inauguration de l’assemblage de la structure métallique de Gustave Eiffel a lieu dans la cour des ateliers Gaget, Gauthier et Compagnie, le 24 octobre 1881. L'assemblage durera deux ans et huit mois.
La statue de la Liberté dominant les immeubles du quartier de la Plaine Monceau à Paris.
Le 4 juillet 1884, Auguste Bartholdi et Ferdinand de Lesseps (nouveau président de l’Union franco-américaine succédant à Laboulaye) signent l’acte de donation de “La Liberté éclairant le monde” au peuple américain. Celui-ci prononce alors un discours enflammé où la statue apparaît tout simplement comme la “Huitième Merveille du monde” !
Le jour de la donation au peuple américain, Auguste Bartholdi pose, admiratif, au pied de son œuvre.
Premier monument “en kit” de l'Histoire, la statue est démontée au début de l’année 1885 et soigneusement répertoriée dans plus de deux cents caisses. Elle quitte Rouen le 21 mai 1885 à bord de la frégate l’Isère et arrive dans la rade de New York le 17 juin de la même année.
Mais la construction du socle sur l’île de Bedloe, financée par les Etats-Unis, n’est pas terminée. Sa conception est confiée au célèbre architecte Richard Morris Hunt, l’ingénieur en chef Charles Pomeroy Stone assurant la direction du chantier. Suite au cri d’alarme de Joseph Pulitzer dans le journal The World, les fonds manquants sont rassemblés. Le piédestal est enfin achevé au printemps 1886 et le montage de la statue peut commencer.
Les ouvriers devant le coffrage du socle de la statue de la Liberté, mai 1884.
Le montage du piédestal de la statue de la Liberté.
L’inauguration a lieu en grande pompe le 28 octobre 1886, avec discours sur l’île et imposante parade navale qui prend d’assaut la baie de New York. Parmi les personnalités présentes : le Président Grover Cleveland, l'Amiral Benjamin Jaurès, le Général Pélissier, les Députés Spuller et Desmons, Ferdinand de Lesseps, A. Lefaivre, ministre plénipotentiaire, délégué extraordinaire du gouvernement français, Chauncey M. Depew, Révérend Richard S. Storrs.
En 1907, Jeanne Emilie Bartholdi, veuve de l’artiste, a fait don au Musée des arts et métiers d’un ensemble d’épreuves photographiques et d’objets (maquettes, moulages), consacré à la statue de la Liberté. Les documents reproduits ici appartiennent à ce fonds, enregistré sous le numéro d’inventaire 13768.
Contributions—Musée des arts et métiers, Département des collections.