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Un hommage national
Dès la mort de Louis Pasteur, le 28 septembre 1895, le gouvernement de la République française décide, par décret, de célébrer des funérailles nationales. L’inhumation au Panthéon est évidente car « nul homme n’a illustré à un plus haut degré que lui notre pays. Nul homme ne fut un plus grand bienfaiteur de l’humanité », note le projet de loi. Mais Marie Pasteur, son épouse, décline l’offre. Elle souhaite une chapelle funéraire au cœur de l’Institut qui permettra à Louis Pasteur de rester présent dans cette grande maison qui porte son nom.
Une chapelle byzantine pour modèle
La réalisation est immédiatement entreprise. Il est décidé de creuser une crypte sous l’entrée principale de l’Institut Pasteur, tout près de l’aile sud du bâtiment réservée à son appartement, aujourd’hui le musée Pasteur. Le maître d’œuvre sera Charles-Louis Girault, architecte déjà reconnu, qui sera chargé quelques mois plus tard de la construction du palais des Beaux-Arts, aujourd’hui Petit-Palais. Charles-Louis Girault décide de s’inspirer de la chapelle de Ravenne, dite Mausolée de Galla Placidia, construite avant 450, en forme de croix latine avec coupole centrale, de pur style byzantin. Fin octobre 1895 les plans sont établis.
Un écrin pour recevoir l'illustre scientifique
L’espace est restreint, vingt mètres de long sur quatre mètres cinquante de large. Le plan général est le suivant : une sorte de narthex (appelé parfois avant-nef ou vestibule), une croisée des transepts, ceux-ci ayant été supprimés et un chœur. Ces 3 parties sont dominées par une voûte en plein cintre. Comme à Ravenne, les murs sont lambrissés de marbres rares. Les veines du marbre forment des palmes qui enserrent dans les rameaux la chronologie des grandes étapes des découvertes de Louis Pasteur de la dissymétrie moléculaire jusqu’à la prophylaxie de la rage.
Tous les travaux de Louis Pasteur symbolisés
Symboliquement ou par images, l’architecte évoque les découvertes de Pasteur. Sont élégamment dessinés la vigne et le foulage du vin puis des guirlandes de houblon qui rappellent les études sur les maladies du vin et la bière mais aussi des branches de mûriers et le tissage pour les études sur les vers à soie. Symbolisant ses travaux sur le choléra, des poules picorent. A propos de la prophylaxie de la rage, des chiens enragés s’entredévorent mais une scène historique est aussi évoquée : le jeune berger Jupille, second garçon qui recevra le vaccin de Pasteur, lutte contre un chien enragé pour défendre ses camarades.
La Science représentée comme une vertu
C‘est le peintre Luc-Olivier Merson qui se chargera de la représentation des figures humaines. Il sera aussi chargé des quatre grandes figures auréolées, aux ailes déployées, qui symbolisent les vertus théologales : la Foi, l’Espérance, la Charité, accompagnées de la Science, qui « pour Louis Pasteur fut la quatrième vertu, fille et sœur et mère des trois autres ». Les chatoyantes mosaïques sont une réalisation d’Auguste Guilbert-Martin, chimiste verrier qui a rénové l’art de la mosaïque d’émail et fondé une école.
Une pensée pour Emile Roux
Au fond de l’abside, se trouve un autel de marbre blanc, très simple. De chaque côté, des niches. Dans l’une d’elle est exposé le moulage du masque mortuaire de Louis Pasteur. Le moulage du masque du Docteur Emile Roux, l'un de ses plus proches collaborateurs, sera exposé ultérieurement dans la deuxième niche.
Un tombeau pour Marie Pasteur
Au pied de l’autel, indiquée par une simple dalle de marbre blanc et gravée avec ces mots : Socia rei humanae atque divinae (compagne de la vie humaine et des choses divines), la tombe de Marie Pasteur, « la meilleure collaboratrice de son mari », « compagne d’intelligence et de dévouement ». A son décès en 1910, Marie fut enterrée dans cette crypte grâce à une autorisation spéciale du ministère de l’Intérieur.
Le repos au coeur même de l'Institut
Au centre de la crypte, sous la coupole, le tombeau de Pasteur se veut sobre par comparaison avec les mosaïques éclatantes et ruisselantes d’or. La dalle est formée d’un seul bloc de granit porphyroïde de Suède d’un vert sombre presque noir. Lors de la cérémonie de la translation du cercueil, exposé depuis les funérailles dans une chapelle de Notre Dame, Jean-Baptiste Pasteur, fils de Pasteur, prononça ces quelques mots aux membres du conseil d’administration : « Je vous remets ce tombeau que nous avons élevé à notre père. Dans cet Institut qu’il a tant aimé, nous vous prions de le conserver pieusement ».