Massacre des Innocents

Du Massacre au Pillage : La transformation d' un chef-d'œuvre

Massacre of the Innocents (1565 - 1567), Pieter Bruegel the ElderRoyal Collection Trust, UK

Dans l'Évangile selon Saint Matthieu, après avoir appris des mages la naissance de Jésus, le roi Hérode donne l'ordre d'exécuter tous les enfants à Bethléem âgés de moins de deux ans.

Bruegel a transposé cet épisode dans le contexte contemporain des atrocités flamandes : les soldats portent les vêtements distinctifs de l'armée espagnole et de ses mercenaires allemands.

L'artiste s'est par ailleurs inspiré de son expérience de l'hiver de 1564-1565, particulièrement rude, pour dépeindre le village sous la neige, ses stalactites suspendues aux toits et son étang gelé.

Le massacre des innocents était une image populaire, reproduite à de nombreuses reprises principalement par Bruegel lui-même et son fils, Pieter Bruegel le Jeune.

Peu après avoir été peint, le tableau entra en possession de l'empereur des Romains Rodolphe II, à Prague. Les bébés massacrés furent recouverts de détails tels que des ballots, de la nourriture ou des animaux, afin que, plutôt qu'un massacre, la scène apparaisse davantage comme un pillage.

Les flammes qui avaient été ajoutées dans le ciel au-dessus des maisons ont été effacées en 1941, mais il a été décidé durant la restauration complète du tableau en 1988 de conserver les modifications les plus importantes (et significatives au niveau historique), par lesquelles animaux et objets inanimés ont recouvert les enfants massacrés.
Le tableau est un exemple unique de récit multiple. Il nécessite une lecture individuelle de chaque épisode.

À l'arrière-plan, juste en-dessous de l'église, un père tente de mettre son bébé en sécurité, bien que le soldat à cheval sur le pont derrière lui et les nombreux chevaux attachés, leurs cavaliers probablement en train de fouiller les maisons, suggèrent qu'il est très improbable qu'il y parvienne.

À gauche, à l'arrière-plan, un soldat urine contre un mur.

Un soldat regroupe des femmes dans une maison tout à gauche du tableau ; un autre transporte un bébé (l'un des seuls qui n'ont pas été recouverts) hors d'une maison, tandis que contre le mur, des voisins semblent consoler une mère endeuillée.

Plus à droite, une femme debout pleure son enfant sans vie étendu dans la neige (recouvert par des jambons et des fromages),

un couple semble être en train de supplier un soldat de prendre leur fille plutôt que de tuer leur bébé, un garçon (recouvert par une oie ou un cygne).

Une femme assise pleure son bébé mort (recouvert par un ballot) posé sur ses genoux.

Un groupe de soldats plantent leurs piques dans un tas de bébés (recouvert par du bétail) pour vérifier qu'ils sont tous morts, tandis que des femmes s'enfuient d'horreur devant un autre lansquenet poignardant un bébé (recouvert par un marcassin).

À cet endroit, un groupe distinct se forme : des villageois laids et ridicules protestent auprès d'un jeune messager élégamment vêtu, qui arborait à l'origine l'aigle symbole des Habsbourg sur sa tunique (recouvert d'une simple décoration).

Tout à droite du tableau, des soldats forcent l'entrée d'une auberge. Trois d'entre eux grimpent et entrent par la fenêtre,

un autre brandit une hache, un autre un bélier, un troisième enfonce la porte qui donne accès à la cour,

faisant ainsi bouger une stalactite qui lui tombera sur la tête comme la vengeance divine.

Au premier plan, de droite à gauche, nous pouvons voir un bébé (recouvert d’un ballot) arraché à sa mère et la fille de celle-ci.

Deux générations d'une famille pleurent un bébé sur le point d'être poignardé (recouvert par un veau).

Au premier plan, sur la gauche, un autre sergent poursuit une mère et son enfant qui tentent de fuir ; le groupe n'a pas été recouvert mais il a été en partie perdu au moment où ce côté du panneau a été découpé et retiré du tableau.

La troupe de chevaliers en armure est menée par un homme dont les traits ont été altérés. Dans les autres versions du tableau, ses yeux tombants et sa longue barbe indiquent qu’il s’agit du Duc d'Albe, qui a gouverné très durement les Pays-Bas pour le compte de Philippe II d'Espagne de 1567 à 1573.

Avant d'être recouvert, l'étendard brandi par l'un des soldats représentait cinq croix d'or sur un fond blanc, les armes de Jérusalem, parfois utilisées comme emblème de Philippe II d'Espagne.

Crédits : tous les supports
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