L’image partagée collectivement lorsque le mot « trophée » est prononcé est bien souvent celle de la coupe soulevée par un athlète. Cependant, l’origine du mot renvoie en réalité à une pratique militaire héritée de l’Antiquité : celle du trophée d’armes.
Le trophée, le 4è Dragons retour d'une charge (1898), Jean-Baptiste-Édouard Detaille (Peintre)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Les emblèmes militaires, signes de ralliement et symboles de la puissance militaire en question, deviennent des trophées privilégiés, si bien que le nombre de drapeaux pris à et par l’ennemi sont recensés, au même titre que les armes saisies et les prisonniers de guerre.
Transfert des drapeaux allemands aux Invalides le 7 Octobre 1914 (07-Oct-14), AnonymeMusée de l'Armée - Hôtel des Invalides
En 1914, les premiers drapeaux allemands enlevés par les armées françaises arrivent à Bordeaux, siège du gouvernement depuis le début de la guerre. Le 7 octobre, devant une foule de curieux, la Garde républicaine les achemine du palais de l’Élysée à l’hôtel des Invalides.
L’entrée de la troupe dans la cour d’honneur se fait au son de La Marseillaise. Le général Niox, commandant des Invalides et directeur du musée de l'Armée, reçoit solennellement de la troupe les six emblèmes qui sont aussitôt transmis à six pensionnaires invalides.
Drapeaux pris aux Allemands exposés dans l'église Saint-Louis des Invalides (Nov-14), Agence Rol (Photographe)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Comme le veut la tradition, les drapeaux sont appendus dans l’église Saint-Louis des Invalides. Peu de drapeaux sont pris après 1914, puisque les belligérants retirent leurs drapeaux du front. Exposés, les emblèmes témoignent de la victoire et participent au moral de l'arrière.
Saviez-vous qu’autrefois l’église Saint-Louis abritait de nombreux emblèmes pris lors des guerres de la Révolution puis de l’Empire ? Pourquoi « autrefois » ? Parce qu’en 1814, alors que les coalisées entrent dans Paris, le maréchal Sérurier, gouverneur des Invalides, ordonne de brûler les drapeaux dans la cour d’honneur pour qu'ils ne soient pas pris.
Les parties métalliques des emblèmes sont balayées avec les cendres et jetées dans la Seine. Radical. Toutefois, certains débris sont récupérés et entrent dans les collections du musée en mémoire !
Drapeau autrichien, campagne de 1805 Drapeau sans sa hampeMusée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Ce drapeau, pris lors de la campagne d’Allemagne et d’Autriche de 1805 par Napoléon Ier, est l’un des rares à échapper à l’autodafé dans la cour des Invalides. Vous pouvez toujours venir l’admirer sur la corniche droite de la cathédrale.
Reddition de Jaffa (1799), Denis Auguste Marie Raffet (Dessinateur) et Villain (Graveur)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Les armes sont elles aussi très convoitées, surtout celles du chef vaincu.
Épée de François Ier Épée de François Ier (entre 1480 et 1515)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Quoi de mieux pour illustrer la défaite de François Ier que son épée ? Bien que d’apparat, cette épée revêt suffisamment d’importance aux yeux du roi pour l’accompagner dans ses objets personnels lors de la sixième guerre d’Italie qui se termine par la défaite de Pavie en 1525.
C’est là selon la tradition espagnole, qu’à la suite de la capture de François Ier le colonel général Juan de Aldana au service de Charles Quint l’aurait prélevée comme trophée dans la tente du roi vaincu avec une dague, un collier de l’ordre de Saint-Michel et un livre d’heures
Pour les plus curieux d’entre vous, sachez que l’épée est conservée à Madrid jusqu’en 1808, avant d’être rapportée en France par le maréchal Murat sur ordre de Napoléon Ier. Celui-ci la conserve auprès de lui dans son cabinet des Tuileries jusqu’en 1815, symbole d’un triomphe et d’une revanche.
Canon autrichien de campagne de 6 livres modèle 1753 (1807)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Ce canon autrichien a été pris par les soldats français à l’issue de la bataille de Magenta en 1859. L’artillerie est un privilège de l’État. Les canons portent donc une charge symbolique importante et sont une prise de choix pour les vainqueurs.
Les trophées pris aux Allemands sont exposés aux Invalides le 25 février 1915 (25-févr-15), Identité Judiciaire (Agence photo)Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Les trophées de guerre, surtout les armes, agissent comme un puissant stimulant afin de motiver les individus à se surpasser pour obtenir la victoire. Le 25 février 1915 des trophées pris aux Allemands sont exposés aux Invalides : la France tient bon !
Arme d’apparat distribuée par le parti nazi aux membres de la SA et la SS, ces dagues étaient des trophées recherchés par les soldats alliés pour témoigner de leur victoire contre le nazisme. Celle-ci a été prise en 1945 par le capitaine Jean Compagnon de la 2e DB.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les victoires, qu’elles soient militaires, sportives ou artistiques rendez-vous le 11 octobre 2023 pour l’exposition temporaire du musée de l’Armée : Victoire ! La fabrique des héros.
Une story rédigée et montée par les équipes du musée de l’Armée.
© Musée de l’Armée
https://www.musee-armee.fr/accueil.html
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