Lettre d'Albert Einstein à
Élie Cartan
21 juin 1950
Professeur Élie Cartan
95, boulevard Jourdan
Paris 14, France
Monsieur Cartan,
J'ai été bouleversé d'apprendre la grande perte que vous avez subie récemment. Dans ces situations difficiles, on se rend compte plus que d'ordinaire à quel point il est difficile pour un être humain de s'en tenir à la notion (incontournable pour un physicien) selon laquelle le moment présent n'est qu'une illusion et non une réalité.
Plusieurs collègues m'ont fait remarquer que, dès le début des années 1920, vous avez proposé d'introduire des champs non symétriques pour généraliser la théorie de la relativité. Ces dernières années, j'ai constaté qu'il est en effet très naturel de trouver ainsi des équations générales dans ce domaine. Il semble toutefois extrêmement difficile de déterminer si l'ensemble est conforme à la réalité physique.
Je n'ai par contre aucun doute sur le fait que tout schéma de physique reposant fondamentalement sur le concept de probabilité se révélera à terme inacceptable.
Cordialement,
Albert Einstein