Johannes Vermeer : un peintre de perles

La Jeune Fille à la Perle (c. 1665 (digitized by Madpixel)), Johannes VermeerMauritshuis

Une perle parmi les peintres

Johannes Vermeer est étroitement lié aux perles. Elles apparaissent en effet dans 18 des 36 œuvres attribuées à l'artiste. On peut donc raisonnablement penser qu'elles le fascinaient. De son temps, les perles faisaient fureur. Et il a peint ce qui est sans doute devenu la perle la plus célèbre de l'histoire de l'art : celle de "La Jeune Fille à la perle".

Woman Holding a Balance (c. 1664), Johannes VermeerNational Gallery of Art, Washington DC

Une admiration longue de plusieurs siècles
Déjà à l'Antiquité, les perles étaient appréciées pour leur rareté et leur beauté. Au Moyen ge, elles évoquaient le pouvoir et le prestige. Ensuite devenues symboles de la foi chrétienne, elles servaient d'attributs représentant la pureté et la chasteté du Christ et de la Vierge Marie. À partir du XIXe siècle, on a commencé à les associer au deuil, mais au XVIIe siècle, les perles étaient avant tout un signe de richesse, comme c'est le cas dans la plupart des œuvres de Johannes Vermeer. Selon le contexte, on peut parfois y attacher un sens plus profond. Dans "La Femme à la balance", une toile aux connotations religieuses explicites, les perles, de même que les pièces de monnaie et l'or posés sur la table, font allusion à la vanité et à l'idée qu'il ne faut pas attacher trop d'importance à ces biens matériels. Contrairement à la foi, ils sont éphémères.

La Dame au Collier de Perles (around 1662), Jan Vermeer van DelftGemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin

Phénomènes naturels mystérieux
Étant donné que le mystère entourant la création de ce produit naturel rare n'avait pas encore été percé, divers mythes ont été imaginés pour en expliquer la formation. Nous savons aujourd'hui que les perles naturelles d'eau de mer se développent lorsqu'une petite créature ou un grain de sable pénètre dans un mollusque (il peut s'agir d'une moule, d'une huître voire d'un bigorneau). Le mollusque réagit en entourant le parasite ou l'impureté d'une poche perlière. Le processus se reproduit plusieurs fois, ce qui permet à la perle de grossir progressivement. Il existe des perles de différentes couleurs, mais dans les tableaux de Johannes Vermeer, les femmes portent des exemplaires de teinte ivoire.

La Lettre d'Amour (Around 1669), Johannes VermeerRijksmuseum

Récolte de perles
La République néerlandaise a contribué à l'essor du commerce des perles. Elle les transportait d'Asie vers Amsterdam avec d'autres produits de luxe. Le golfe de Mannar, situé entre l'extrémité sud de l'Inde et le Sri Lanka, était l'un des lieux névralgiques de la pêche aux perles au XVIIe siècle. Les plongeurs utilisaient de grosses pierres pour descendre rapidement dans les profondeurs, où ils espéraient récolter plusieurs huîtres en une fois. Ils devaient parfois remonter plus de 1 000 huîtres avant de trouver une seule perle digne d'intérêt. On peut donc imaginer qu'un collier tel que celui qui est dépeint dans "La Lettre d'amour" et qui comporte au moins 20 perles devait coûter une fortune.

La Femme au Luth (ca. 1662–63), Johannes VermeerThe Metropolitan Museum of Art

Trop belles pour être vraies

Les perles des boucles d'oreille peintes par Johannes Vermeer sont souvent démesurées. C'est par exemple le cas dans La Jeune Fille à la perle et La Femme au luth. Les perles de cette taille sont extrêmement rares et auraient par conséquent été excessivement chères. Il est possible que les femmes des tableaux portaient des imitations. Fabriquées à Venise à partir du XVIe siècle à base de métal ou de verre soufflé, elles étaient teintes afin de leur donner un fini mat et nacré. Bien entendu, il est également envisageable que l'artiste ait laissé libre cours à son imagination. Il avait en effet tout le loisir de produire un collier de perles aussi long et des boucles d'oreille aussi grosses qu'il le souhaitait.

A Young Woman seated at a Virginal A Young Woman seated at a Virginal par Johannes VermeerThe National Gallery, London

Différentes perles
En examinant les perles de Johannes Vermeer de plus près, on constate qu'il les a illustrées de diverses manières. La superposition des couches de peinture de chaque perle dépend de sa taille, de sa position dans la composition et du style adopté par l'artiste. Par exemple, le collier de perles dans "Jeune femme jouant du virginal" est constitué de points blancs apposés sur une bande de couleur gris-brun. Le cou de la jeune femme se trouve dans l'ombre et forme la base du collier.

La Maîtresse et la Servante (ca. 1666−67), Johannes VermeerThe Frick Collection

Une perle en forme de larme
La boucle d'oreille en forme de larme dans "La Maîtresse et la Servante" est composée d'une couche de base blanc mat, sur laquelle l'artiste a mis deux zones en évidence : une grande au centre de la boucle d'oreille et une plus petite juste en dessous de l'oreille de la femme.

A Lady Writing (c. 1665), Johannes VermeerNational Gallery of Art, Washington DC

Une version claire et une version foncée
Dans "Jeune femme écrivant une lettre", Johannes Vermeer a dessiné des perles plus rondes. Un examen des couches de peinture a révélé que les perles constituent son dernier ajout à l'œuvre. Pour la boucle d'oreille de droite, il a utilisé une base couleur ivoire avec des reflets blancs. Pour celle de gauche, il a eu recours à des tons plus sombres, car elle se trouve dans l'ombre. L'objet est toutefois immédiatement identifiable grâce à la touche blanche délicate ajoutée par l'artiste.

La Jeune Fille à la Perle (c. 1665 (digitized by Madpixel)), Johannes VermeerMauritshuis

Une perle qui émerge du cou
Dans "La Jeune Fille à la perle", Johannes Vermeer suggère un éclat mat et une forme sphérique seulement à l'aide de quelques traits de peinture blanche et de peinture grise. Au bas, on distingue le reflet du col de la jeune fille. Sur la gauche de la perle, il a appliqué une couche plus épaisse afin d'indiquer l'endroit où la plus grande partie de la lumière se réfléchissait. Il s'est servi de la couleur du cou de la jeune fille comme base : certaines parties de la perle "reflètent" la couleur, bien qu'il n'ait en réalité rien peint. L'artiste laissait aux yeux du spectateur le soin de compléter le tableau.

Crédits : histoire

Cette exposition fait partie du projet de Google sur Johannes Vermeer.

L'image gigapixel La Jeune Fille à la perle a été numérisé par Madpixel et fait partie de l'application Second Canvas Mauritshuis

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