By Departmental archives of the Manche
Archives départementales de la Manche
La naissance d'une abbaye
Le premier sanctuaire est, selon la tradition littéraire, fondé par saint Aubert, évêque d'Avranches, le 16 octobre 709 (ou 708). Installé là en 965 par le duc de Normandie, Richard Ier, Maynard, le premier abbé bénédictin du Mont, fait construire de nouveaux édifices à la place du sanctuaire primitif de saint Aubert. L'église Notre-Dame-sous-Terre est ainsi édifiée sur la pente ouest du rocher, peut-être à l'emplacement de l'ancien oratoire. Un second de lieu de culte est implanté au sommet du rocher.
Le Mont Saint-Michel à la fin du Xe siècle (1910) by Paul GoutDepartmental archives of the Manche
Notre-Dame-sous-Terre en 996, restitution de l'état ancien (1910) by Paul GoutDepartmental archives of the Manche
Le premier sanctuaire édifié par Aubert a disparu mais il est possible que le double chevet de Notre-Dame-sous-Terre (Xe siècle) occupe son emplacement.
L'abbaye romane
Aux alentours de l'an Mil, les moines projettent la construction d'une nouvelle église afin d'améliorer l'accueil des pèlerins mais aussi d'augmenter le prestige de l'abbaye. L'abbatiale est achevée en 1080. Avec ses 80 mètres de longueur elle est presque aussi grande qu'une cathédrale.
Coupe est-ouest des bâtiments romans, situés au-dessous de la terrasse, détails des bases de la façade romane (1884) by Edouard CorroyerOriginal Source: Le site des Archives de la Manche
Vers 1040, trois cryptes sont aménagées contre la pente afin de soutenir le chœur et les bras du transept de ce nouvel édifice. Notre-Dame-sous-Terre est elle aussi voûtée afin de supporter la nef.
Les bâtiments conventuels sont installés au nord avec la salle de l'Aquilon et le promenoir des moines.
La Merveille
En 1204, lors du rattachement du duché de Normandie au royaume de France, l’abbaye est incendiée par les troupes bretonnes alliées au roi de France, Philippe-Auguste. Le roi, soucieux de se racheter, fait alors une importante donation pour la reconstruction des bâtiments incendiés. Cet événement marque le début de la construction de l’ensemble gothique appelé « la Merveille », achevé en 1228 sous l'abbatiat de Raoul II des Isles. Un autre abbé du XIIIe siècle, Richard Turstin, fait construire la porterie et la Belle-Chaise, adossées au chœur de l'église abbatiale.
la façade est de la Merveille et l'entrée de l'abbaye, coupe transversale du bâtiment ouest de la Merveille (1873) by Edouard CorroyerDepartmental archives of the Manche
La Merveille est un ensemble gothique qui se compose de deux bâtiments adossés au versant septentrional du rocher sur trois niveaux.
La façade nord de la Merveille et l'entrée de l'abbaye (1873) by Edouard CorroyerDepartmental archives of the Manche
Sa partie orientale abrite l'aumônerie, la salle des hôtes et le réfectoire.
Sa partie occidentale se compose du cellier, de la salle des chevaliers et du cloître.
L'abbaye fortifiée
Le Mont est naturellement devenu une place forte. Avec sa hauteur de 80 mètres, il offre un point d’observation qui commande une baie dégagée de tout obstacle. Un assaillant éventuel ne peut donc pas jouer sur l’effet de surprise alors même qu’il subit les assauts de la mer. En outre, il se situe sur une frontière, entre la Normandie et la Bretagne, puis entre les couronnes de France et d’Angleterre. Probablement déjà fortifiée par les ducs de Normandie, l'abbaye connaît de nouveaux travaux de fortifications après l'incendie de 1204. Ces derniers sont encore accentués durant la guerre Cent Ans car le Mont est alors la seule place forte normande à résister aux Anglais.
Le châtelet (1871) by AnonymeDepartmental archives of the Manche
Au XIVe siècle, face à la menace anglaise, le monastère est fortifié. Le châtelet est édifié afin de protéger l'entrée de l'abbaye.
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Le Mont Saint-Michel, plan au niveau du réfectoire et de la salle des chevaliers (1876) by Edouard CorroyerOriginal Source: Le site des Archives de la Manche
Outre le châtelet et sa barbacane, l'abbé Pierre Le Roy (1386-1411) enrichit le système de défense de l'abbaye.
Il fait construire la Tour Perrine ainsi que la Tour Claudine, ici figurées par les lettres M et Q.
Le Mont Saint-Michel, plan général (1877) by Edouard CorroyerOriginal Source: Le site des Archives de la Manche
Le système défensif du village est lui aussi renforcé.
Vers 1430, nommé à la tête de la garnison française, Louis d'Estouteville élève probablement la porte du Roi marquée ici par lettre P.
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La porte du Roi de nos jours
Le Mont Saint-Michel, plan général (1877) by Edouard CorroyerOriginal Source: Le site des Archives de la Manche
En 1441, il renforce le rempart constitué des dehors des maisons par des courtines de pierre permettant aux défenseurs de se mouvoir sur ce chemin de ronde.
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Du déclin au renouveau
A partir du XVIe siècle, le monument entame une période de déclin. Au XIXe siècle, après l'expulsion des moines par les révolutionnaires, l'abbaye est progressivement transformée en prison. En 1834, elle subit un terrible incendie. Le monastère connaît un renouveau avec l’arrivée de l’architecte des monuments historiques, Édouard Corroyer, à partir de 1872, puis de ses successeurs : Victor Petitgrand, de 1888 à 1893, Paul Gout, de 1894 à 1923, Pierre Paquet, de 1923 à 1929, Bernard Haubold, de 1929 à 1933, Ernest Herpe, de 1933 à 1957 et Yves-Marie Froidevaux, de 1957 à 1983.
Le cloître : vue extérieure pendant les travaux de restauration (1880)Departmental archives of the Manche
Jusqu’en 1888, Édouard Corroyer restaure les parties romanes ainsi que le cloître, le réfectoire et le transept de l’abbatiale.
C'est à l'occasion de ces travaux que l'architecte découvre les tombes de deux abbés du XIIe siècle, Robert de Torigni et Martin de Furmendi.
Le Mont Saint-Michel, détails du cloître (1876) by Edouard CorroyerOriginal Source: Le site des Archives de la Manche
Lors de sa mission au Mont Saint-Michel, Édouard Corroyer produit des plans, des photographies et des rapports mis en ligne par les Archives de la Manche.
Le Mont-Saint-Michel (Côté Est)Departmental archives of the Manche
De 1888 à 1893, son successeur, Victor Petitgrand reconstruit entièrement la croisée du transept de l'église abbatiale en la coiffant d'une tour de style néo-roman.
Cette même tour qu'il coiffe qu'une statue de l'archange saint Michel réalisée par le sculpteur Emmanuel Frémiet.
Le Mont Saint-Michel, vue générale : côté est (1872/1888)Departmental archives of the Manche
Patrimoine mondial de l'humanité depuis 1979, le Mont Saint-Michel et son abbaye accueillent de nos jours des millions de visiteurs attirés par cette architecture exceptionnelle.
Une exposition présentée par le Conseil départemental de la Manche (direction des archives départementales)
Documentation :
Archives départementales de la Manche
Réalisation et textes :
Jérémie Halais
sous la direction de Jean-Baptiste Auzel, conservateur en chef, directeur des archives départementales de la Manche