La Maîtresse et la Servante

Dans ce tableau, Johannes Vermeer représente une jeune femme et sa servante qui s'interrogent sur l'arrivée d'une lettre mystérieuse.

La maîtresse, rédigeant elle-même une lettre, est interrompue dans son activité par l'arrivée de la missive.

Plusieurs éléments indiquent qu'elle appartient à un milieu aisé : sa coiffure sophistiquée…

les perles ornant ses cheveux, son cou et ses oreilles…

et son manteau jaune garni de fourrure.

La maîtresse porte une veste de satin jaune, également appelée "jak" ou "manteltje". Il s'agissait à l'époque d'un vêtement d'intérieur que portaient les femmes issues de la classe moyenne et de la haute société pour se tenir chaud.

L'activité à laquelle elle s'adonne confirme son statut privilégié, puisqu'elle indique que la femme sait lire et écrire.

Elle pose sa plume à l'arrivée de sa servante…

... qui émerge de l'ombre, une lettre à la main.

La servante porte un simple corsage en laine brune au-dessus d'une chemisette ...

... et un tablier bleu vif.

L'envoi et la réception de lettres d'amour étaient des thèmes populaires dans l'art néerlandais, en particulier dans la deuxième moitié du siècle. Le contenu de la note et la réponse de la maîtresse à celle-ci sont toutefois impossibles à déchiffrer.

Cette ambiguïté, souvent présente dans les œuvres de Johannes Vermeer, crée un certain suspense, car les personnages sont empêtrés dans une intrigue dont le dénouement ne sera jamais révélé.

À première vue, le fond sombre, avec son rideau à peine visible, semble à l'opposé des intérieurs lumineux typiques de l'artiste.

Sa maîtrise de la lumière se révèle toutefois dans la représentation subtile d'une fenêtre, pas visible dans la pièce elle-même, mais reflétée dans les objets en verre posés sur la table.

Non sans dramatisme, cette source invisible de lumière attire l'attention sur les femmes, en particulier le profil et la main de la maîtresse, et fixe leurs gestes.