Des Pâturages Pyrénéens aux Cuisines de l’Élysée

Fils de commerçants, Dominique Bouchait raconte qu’il a grandi « entouré de fromages », même si, enfant, il les détestait : « je ne voulais surtout pas faire ce métier-là ! Pourtant, aujourd’hui, je le dois à mes parents ». Sa grand-mère, épicière, avait déjà communiqué le sens du service à son fils. 

Sa mère lui enseigne la vente, son père lui apprend à garder à l’esprit le rapport entre l’origine et le goût. Mais s’il a fini par vouloir se lancer à son tour dans l’entreprise familiale, c’est d’abord grâce à une rencontre inattendue avec… un professeur de français. 

Dans leur commerce, les parents de Dominique vendent fromages, charcuterie, pâté… Lorsqu’il rejoint l’entreprise à l’âge de 20 ans, Dominique décide de se concentrer sur le fromage et de laisser tomber la partie épicerie. Il aide ses parents dans les tournées de plus de trente villages en Haute-Garonne, dans les Hautes-Pyrénées et le Gers.

À vingt ans, il se lance seul sur ses premiers marchés. En 1988, il succède à ses parents et créé l’enseigne « Les Fromagers du Mont Royal » toujours à Montréjeau. Depuis, il continue d’assurer ces tournées pour rendre service aux personnes vivant dans les villages de montagne des vallées reculées. 

La fromagerie est présente dans deux halles et sur les marchés. Pour mettre son produit en vedette, l’enseigne a aussi ouvert son propre restaurant à fromages dans la galerie marchande du centre commercial de Saint-Gaudens. 

Le concept est à la croisée de la vente traditionnelle et de la restauration, et valorise les meilleurs fromages par des recettes-maisons. Les clients peuvent repartir avec un morceau de fromage et une idée de plat à cuisiner chez eux.  

Le secret du succès, pour Dominique, est d’aimer partager son expertise et sa passion pour le produit. Communiquer et savoir renseigner le client occupe une part primordiale. Il leur propose de mettre la main à la pâte lors d’ateliers de traite des brebis et de fabrication. 

Au-delà des échanges avec sa clientèle, Dominique transmet son savoir-faire dans des écoles de cuisine où il intervient régulièrement. On l’invite à partager son savoir sur la cuisson, la cuisine, et même parfois, d’échanger quelques recettes. 

En 2011, alors qu’il a 45 ans, Dominique remporte le concours de Meilleur Ouvrier de France qui récompense les meilleurs artisans du pays. 
Dégustation à l’aveugle, buffet jugé au Salon de l’Agriculture, ou encore grand oral devant un jury professionnel… Les épreuves lui demandent une préparation « pharaonique » et lui ont appris à toujours tout prévoir, encore aujourd’hui.

Il parle aussi avec frissons du Mercure d’Or, une récompense qu’il rêvait de recevoir depuis tout petit, afin d’impressionner ses parents. C’est avec son fils qu’il l'obtient en 2016. 

Entre autres endroits prestigieux, sa réputation a valu à Dominique de livrer des commandes à l’Élysée, « avec l’autorisation du chef de cuisine ! », s’amuse t’il. Il évoque aussi fièrement quelques passages à la télévision, et de nombreuses invitations à l’étranger. Mais il a su garder son humilité, et le goût des choses simples. 

À son tour, le fils de Dominique a rejoint l’entreprise. Il aide au développement et a récemment lancé le drive. L’entreprise dispose de 15 camions, est présente sur une cinquantaine de marchés du Sud-Ouest, et sert plus de 3000 clients par semaine ! Un succès que Dominique Bouchait attribue aussi à son équipe de 50 personnes de son village, qu’il a lui-même formées.