Artiste du bois

Si le mot ébénisterie est apparu au 18ème siècle pour désigner l’artisanat de réaliser des meubles, l’activité remonte au Moyen-Âge. Dorure sur bois, vernis au tampon, placage de marqueterie : les techniques évoluent avec les mouvements artistiques, et la restauration du mobilier ancien demande aujourd’hui un savoir-faire d’exception. 

Benoît Marcu est ébéniste et créateur : il restaure des meubles anciens des 17ème et 18ème siècles. Avant de créer son propre atelier, il a grandi dans celui de ses parents dans un petit village près de Provin en Seine et Marne, bercé par la poésie des tissus anciens et la rigueur des mécaniques.

Grandir dans une famille de collectionneurs a été un véritable éveil à l’art. Il raconte que chez ses parents, « il y avait un toit qui fuyait, mais par contre il y avait des orgues, des boîtes à musique… ». Il se souvient rentrer à l’atelier de son père après l’école pour travailler le métal sur les tours. 

« C’était un peu la caverne d’Ali Baba. On a eu la chance, avec mes deux frères, d’évoluer dans un monde paradisiaque ». Depuis, chacun a pris une voie manuelle : « j’ai un frère horloger, un autre photographe ». Passionné d’antiquités, lui se dirige vers la restauration des meubles anciens et apprend le métier d’ébéniste. 

Rapidement, Benoît Marcu s’installe en région parisienne « c’est là que se trouvent les bons ateliers pour apprendre ». En 1990, il fonde son atelier à Saint-Ouen, connu pour ses puces.  « C’est plus une communauté de marchands, où les gens vont chiner la perle rare, mais j’ai des clients qui parfois en profitent pour venir nous voir ». L’année dernière, il a déménagé son atelier à côté de sa maison dans une zone pavillonnaire de Saint Denis pour retrouver une simplicité de vie et de fonctionnement. 

Son métier de restaurateur consiste à redonner une seconde vie aux meubles en respectant ses spécificités, et en se fondant dans les traces de l’artiste. Il s’agit surtout de meubles en marqueterie, réalisés avec des placages de bois et d’autres matières. 

« On a eu des jolies réalisations sous toutes les époques que ce soit Louis XIV, sous la régence… Le louis XV est toujours magnifique, c’est une période qui me plait beaucoup ». Chaque style a ses spécificités : pour réparer une marqueterie XVIIIème, par exemple, il faut de la colle d’os. 

« Je dis toujours que le restaurateur est un chef d’orchestre. Le meuble, nous dirige, c’est à moi d’harmoniser tout ça pour qu’à la fin il y ait un certain équilibre et une harmonie générale ».  

Pour Benoît, le plus intéressant est de transmettre. À l’atelier, ils sont trois à travailler sur les projets : « on se penche ensemble sur le meuble, et même si j’ai plus d’expérience que mes salariés, on amène tous notre pierre à l’édifice ».

Le métier demande d’être passionné, perspicace, maniaque, précis, rigoureux… et passionné par le mobilier, l’histoire, l’histoire de de l’art. « En restauration il faut se remettre en question en permanence. Chaque meuble a son problème, ce qui fait que ça n’est jamais rébarbatif »

« Il faut absolument que les artisans et que les ateliers ouvrent leurs portes au public pour que les gens redécouvrent nos métiers » : pour partager son expertise avec le public, Benoît organise avec le Comité départemental du Tourisme du 93 des visites de son atelier lors desquelles il reçoit des groupes de dix personne, trois ou quatre fois par an. 

Si la clientèle de l’atelier est constituée majoritairement de collectionneurs, de décorateurs et de quelques antiquaires, les portes ouvertes permettent d’attirer un public de particuliers. 

Parallèlement à la restauration, l’Atelier Marcu a entamé une partie création contemporaine sur mesure qui prend son envol depuis deux ans. L’équipe construit ensemble des pièces de A à Z : « le but c’est de proposer des objets, des meubles, et que la personne qui s’y intéresse reçoive la même émotion qu’on a eu à le faire ». En 2018, l’atelier a présenté une collection complète au salon Révélation au Grand Palais en 2018, qui a donné lieu à des commandes particulières.  

La priorité de l’atelier, qui a reçu le label, EPV (Entreprise et Patrimoine Vivant), c’est la qualité des finitions. Mais sa vraie particularité est de faire des meubles à mécanisme, car Benoît a gardé le goût des automates de son enfance.