Carnet de croquis de Gustav Klimt (collection d'art du Belvédère)

Dans ce petit cahier, le peintre notait ses idées de motifs et de tableaux. D'après des sources contemporaines, Gustav Klimt utilisait plusieurs carnets de ce type. Celui que Sonja Knips possédait est l'un des rares à toujours exister aujourd'hui.

Le carnet de croquis, relié par une couverture en cuir rouge, contient 146 pages. On y trouve des croquis d'œuvres connues de Gustav Klimt, mais aussi des études de tableaux jamais réalisés.

Il comprend principalement des études du tableau "La philosophie", sur lequel Gustav Klimt s'est concentré dès 1897. Le résultat final, achevé en 1907, fait 4 mètres de haut et 3 mètres de large.

La peinture "La philosophie" faisait partie d'une commande du ministère autrichien de l'Éducation, qui souhaitait décorer le plafond de la salle des fêtes de l'université de Vienne avec des représentations des facultés scientifiques. Gustav Klimt a réalisé deux autres tableaux dans le cadre de cette commande, intitulés "La médecine" et "La jurisprudence".

Dans les esquisses du carnet de croquis, on reconnaît déjà clairement des éléments de "La philosophie" : un imposant sphinx sur la droite et, à gauche, un groupe de figures humaines nues anonymes.

Gustav Klimt a fourni les premiers projets des peintures dès 1898. Ils ont ensuite été examinés par le ministère de l'Éducation. Ce croquis pourrait être un brouillon de "La jurisprudence", qui comportait alors une personnification de la justice brandissant une grande épée.

Le carnet de croquis contient également des ébauches du tableau "Nuda Veritas" de Gustav Klimt datant de 1899. La représentation de la vérité nue a un caractère à la fois symbolique et descriptif. La toile est parachevée par une citation bien connue de Friedrich Schiller.

L'esquisse comprend l'inscription : "Frau Wahrheit will niemand erkennen" (Personne ne veut reconnaître la vérité), ainsi qu'un brouillon du dessin "La tragédie", que Gustav Klimt a conçu pour le portfolio "Allegorien, Neue Folge" (Allégories, nouvelle série). L'artiste a réalisé un total de 11 brouillons pour cette planche, publiée en 1897 par Martin Gerlach.

Dans le carnet, on trouve également une étude du célèbre tableau "Judith I" (Judith et Holopherne). Gustav Klimt a donc utilisé ce livre au moins jusqu'en 1900, voire l'année d'après, puisque la peinture a été achevée en 1901.

Plusieurs autres pages sont dédiées à la conception du cadre de "Judith I", ce qui prouve que Gustav Klimt l'a lui-même pensé. Pour le réaliser, l'artiste a fait appel à son frère, Georg, qui était spécialisé dans le travail du métal.

Gustav Klimt a étudié longuement certains motifs. En 1898, il a créé une ébauche du tableau "Irrlichter" (Feu follet), qu'il a seulement achevé en 1903. Cette page comprend également un croquis des femmes nues en mouvement au centre de l'œuvre.

Il n'est pas toujours facile d'attribuer les esquisses aux œuvres finies. Par exemple, l'un des dessins, représentant des femmes glissant sur l'eau, a probablement servi d'étude pour le dessin "Le sang de poisson", créé en 1898 pour le magazine "Ver Sacrum".

Certaines pages du carnet ne sont tout simplement pas liées à des œuvres existantes. Ce dessin détaillé d'une femme élégante avec un grand chapeau, assise dans un jardin, n'a jamais fini sur une toile, par exemple.

L'un des croquis représente une femme dans un fauteuil, le regard tourné vers le sol. Il s'agit peut-être d'une étude pour le portrait de Sonja Knips. Cependant, Gustav Klimt n'aurait probablement jamais choisi cette composition pour l'œuvre finale.

Dans une autre étude du carnet, le peintre a capturé le profil d'une dame coquette avec un chapeau à la mode. Cette esquisse rapide a peut-être été réalisée dans un café ou un lieu similaire.

On trouve également des croquis plutôt originaux d'une vache endormie ou d'un taureau. Il n'était pas rare que Gustav Klimt peigne du bétail à cette époque, lors de ses séjours à la campagne.

Le carnet comprend aussi l'une des rares études de paysage de l'artiste. La cime de quelques arbres est esquissée en hachures grossières ; au bas de la page, on peut deviner des souches et d'autres buissons. Gustav Klimt a peint des représentations similaires au bord du Hallstättersee en 1898, puis de l'Attersee dès 1900.