Comment les voyages de Kandinsky ont inspiré sa peinture

Du soleil de Tunis aux couleurs du parc de Saint Cloud

Nina Kandinsky à Venise (1930), AnonymeCentre Pompidou

Au cours de sa vie, Kandinsky fait de très nombreux voyages qui influencent durablement l'évolution de sa pensée et de son style. Ceux de ses débuts sont déterminants dans sa quête d’un nouveau langage artistique. 

Rue de village hollandais (1904), Münter, GabrieleCentre Pompidou

A partir de 1904, Kandinsky n’étant toujours pas divorcé d’Ania, il décide de quitter Munich pour vivre sa relation amoureuse avec sa nouvelle compagne Gabriele Münter. Tous deux entreprennent un long périple à travers l’Europe et l’Afrique du Nord jusqu’en 1908.

Lied (Chanson) (1906), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Pendant ces années nomades, Kandinsky réalise un nombre important de petites études à l’huile d’après nature, exécutées en plein air au couteau à palette. La Russie reste cependant très présente dans son œuvre.

Il continue à peindre les figures mystérieuses de ce qu’il appelle ses « dessins colorés » : des scènes polychromes sur un fond noir réalisées à la tempera qui semblent tout droit issues de contes et légendes russes.  

Paysans russes conduisant des attelages (c.1889), AnonymeCentre Pompidou

Le folklore, la peinture traditionnelle et surtout Moscou constituent le « capital mythique » qui traverse toute son œuvre depuis un voyage entrepris à l’âge de dix-neuf ans dans la province de Vologda située au nord de Moscou.  

Leier (La lyre) Leier (La lyre) (1907), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Lors de cette mission d’études sur la survivance des rites païens et l’exercice du droit coutumier chez les Komis et Permiaks, deux peuples apparentés d’origine finnoise, Kandinsky découvre le pouvoir des couleurs des isbas russes. 

Carnet 1 (voyage en Vologda) Carnet 1 (voyage en Vologda) (1889), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Il évoque ce voyage initiatique dans Regards sur le passé :  


« Je n’oublierai jamais les grandes maisons de bois couvertes de sculptures. […] Elles m’apprirent à me mouvoir au sein même du tableau, à vivre dans le tableau »   

Mühle, Holland (Moulin en Hollande) (1904), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Nouveau terrain d’expérimentation, l’Europe nourrit autrement son regard et sa perception du réel.   

Rotterdam (1904), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Kandinsky et Münter se rendent d’abord aux Pays-Bas. Si la peinture de Kandinsky semble alors encore proche du néo-impressionnisme, il réalise des esquisses du port de Rotterdam et d’Amsterdam où la couleur est investie d’un rôle primordial pour lui.

Scheveningen (1904), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Elle conserve le souvenir. Une certaine abstraction chromatique commence ainsi à être à l’œuvre dans son travail, comme en témoigne cette vue de plage.  

Tunis, Strasse (Tunis, rue) (1905), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Le couple se rend ensuite à Tunis pendant l’hiver 1904-1905. Kandinsky y fait l’expérience de la couleur pure et d’une nouvelle géométrie.   

Avec sa baie nimbée d’une lumière si particulière, des couleurs éclatantes du bleu des portes au blanc des murs, les perspectives de la vieille ville, Tunis est une incarnation de l’Orient.  

Tunis, Bucht (Tunis, la baie) (1905), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Il s’intéresse aux arts appliqués et admire l’abstraction ornementale des vieilles villes, aussi bien Tunis que Carthage, Sousse et Kairouan.

Kandinsky esquisse au couteau de petites marines au bord de la plage et des vues de rues baignées de soleil à la texture de plus en plus empâtée. Étape fondamentale du chemin de Kandinsky vers la déconstruction progressive du sujet, le voyage en Tunisie lui permet de procéder à des métamorphoses audacieuses de son style.   

Arabische Stadt (Ville arabe) (1905), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Il réalise également un grand nombre de gouaches ou des temperas sur carton sombre présentant l’exotisme de scènes de rue et des cavaliers arabes.  

Le jardin de Saint-Cloud (c. 1906), Münter, GabrieleCentre Pompidou

Du fait de sa participation de plus en plus fréquente à des manifestations artistiques, comme pour la première fois au Salon d’automne à Paris en 1904, la notoriété de Kandinsky ne cesse de grandir durant ces années itinérantes.  

Rapallo, stürmische See (Rapallo, mer orageuse) (1906), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Son naturalisme évolue en expressivité, notamment lors d’une villégiature de cinq mois à Rapallo, sur la Riviera italienne, au cours de l’hiver 1905.  

Park von Saint-Cloud (Parc de Saint-Cloud) (1906), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

La dissolution du motif en une masse mouvante de taches de couleur autonomes atteint son apogée à Paris dans la série du Parc Saint-Cloud.

Le couple arrive en mai 1906 dans la capitale française, où il choisit d’élire domicile une année entière. Kandinsky et Münter découvrent les travaux les plus récents de Matisse, de Picasso de Gauguin et l’univers plastique des Fauves.

Park von Saint-Cloud, Waldlichtung (Le Parc de Saint-Cloud, clairière) (c. 1907), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Kandinsky vit alors une période de doutes et de dépression et vit temporairement seul à Sèvres où il mène une existence recluse en dehors des expositions et des salons tels que le Salon d’automne de 1906 où il remporte le Grand Prix.

L’année suivante, il présente ses travaux à Angers dans une exposition organisée par le directeur de la revue symboliste Tendances nouvelles. Déçu par l’accueil réservé à cet événement, Kandinsky décide de quitter Paris et de retourner en Allemagne.

Improvisation XIV (1910), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou

Ce long périple au cours duquel s'affirme le potentiel d’abstraction de ses moyens picturaux s’achève par un séjour de six mois à Berlin durant l'hiver 1907. Kandinsky y assiste à une conférence de Rudolf Steiner, qui l’initie à l’univers occulte de la théosophie. 

Il s’établit à nouveau à Munich puis à Murnau avec Gabriele Münter. Les Improvisations de 1911 révèlent que ces voyages lui ont permis de franchir le cap décisif d’une peinture abstraite, sans référent naturel.    

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