Etude pour Im Schwarzen Viereck (1923-07), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
L’artiste s’attache à bannir un enseignement formaliste, en faisant appel aux facultés de perception et d’imagination de chacun.
Commence alors la période la plus productive de Kandinsky qui va réaliser 289 aquarelles et 259 peintures durant ses années à l’école.
Préparation des panneaux pour l'exposition de la Juryfreie à Berlin par les étudiants au Bauhaus Préparation des panneaux pour l'exposition de la Juryfreie à Berlin par les étudiants au Bauhaus (1922), AnonymeCentre Pompidou
Au Bauhaus, artistes et artisans supervisent ensemble les différents ateliers. « Maître des formes » à l’atelier de peinture murale, Kandinsky enseigne également la forme et la couleur dans les cours préliminaires communs qui constituent la pierre de touche de la pédagogie révolutionnaire du Bauhaus.
Exposition des travaux des élèves du Bauhaus à Dessau (c. 1926), AnonymeCentre Pompidou
Il familiarise les élèves avec le langage formel de l’abstraction dans la peinture et le dessin.
"Staatliches Bauhaus, Weimar", questionnaires sur les couleurs de base et les formes, pour les élèves du Bauhaus de Weimar (c. 1923), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Il a recours à des questionnaires mis au point pour les élèves de l’Inkhouk, l’Institut de culture artistique à Moscou où son programme pédagogique et son approche intuitive du procédé créatif ont été rejetés par les constructivistes.
Testés comme une donnée scientifique auprès des étudiants, ces questionnaires demande d’associer aux formes élémentaires - triangle, carré, cercle - les trois couleurs primaires - jaune, rouge et bleu - .
Maquette de panneau pour l'exposition de la Juryfreie : Mur B (1922), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Le triangle est ainsi jaune, le carré rouge, le cercle bleu : ce résultat est à l’origine des compositions réalisées sur les murs de l’école par l’atelier de peinture murale en 1923.
La relation dynamique entre le triangle qui symbolise la stabilité et l’ascension, et la forme circulaire qui représente la libération de la gravité est encore accentuée dans son œuvre par son usage des contrastes colorés.
Vassily Kandinsky et Paul Klee sur la terrasse de la maison des maîtres à Dessau (c. 1930), AnonymeCentre Pompidou
Certains autres principes de ses cours qui mêlent théorie et pratique annoncent l’atelier de peinture libre qu’il va conduire avec Paul Klee à partir de 1927 à Dessau.
Auf Weiss II (Sur blanc II) (1923), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Dans la continuité de sa recherche d’une perception intérieure, les premiers tableaux qu’il réalise au Bauhaus tendent toujours à des formes géométriques en apesanteur et à des couleurs primaires.
C’est le cas de la peinture Sur blanc II (1923) qui sera immédiatement exposée dans différentes villes d’Allemagne.
Il renforce aussi la clarté graphique de ses compositions en traçant ses cercles au compas et ses lignes à la règle.
Les notions de point, d’arabesque linéaire et de la tache colorée étant liées, elles créent une continuité imaginative visible et universellement métaphorique. Composition VIII (1923) en témoigne de façon magistrale.
Gelb-Rot-Blau (Jaune-Rouge-Bleu) (1925), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Après la période de Weimar qu’il désigne comme sa « période froide », il consacre le tableau Jaune-rouge-bleu (1925) au thème des correspondances entre forme et couleur avec une composition qui transpose la théorie de la spatialisation induite par la couleur en peinture.
Ce tableau, le plus important de la période du Bauhaus, annonce un tournant stylistique avec ce que Nina appellera « l’époque des cercles », entre 1925 et 1928.
Comme l'écrit Kandinsky:
« J’aime aujourd’hui le cercle comme autrefois j’ai par exemple aimé le cheval – peut-être davantage encore, car je trouve dans le cercle plus de possibilités intérieures (…) » ;
le cercle est « la synthèse des plus grandes oppositions. Il combine le concentrique et l’excentrique dans une forme unique et en équilibre. Des trois formes primaires (triangle, carré, cercle), c’est celle qui pointe le plus clairement vers la quatrième dimension ».
- Kandinsky à Will Grohmann, son ami et biographe en 1930.
Akzent in Rosa (Accent en rose) (1926), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Accent en rose réalisé la même année à l’aérographe, une nouvelle technique utilisée dans les ateliers du Bauhaus, révèle une grande subtilité chromatique.
Grâce aux délicats effets de clair- obscur obtenus par l’aérographe avec lequel la couleur se dépose en surface subtile, la toile acquiert une dimension plus cosmique, reflétant la profondeur de l’espace.
Auf Spitzen (Sur les pointes) (1928), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Kandinsky renforce encore l’effet de transparence avec Sur les pointes (1928) qu’il expose à plusieurs reprises pendant ses années du Bauhaus, notamment à Paris.
Christian Zervos, le fondateur et directeur des Cahiers d’Art rencontré à Dessau en 1927, s’attache en effet à y diffuser son œuvre et à publier tant ses textes théoriques que sa première monographie.
Bild XII. Der Marktplatz zu Limoges (Tableau XII. La place du marché à Limoges) (1928), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
À la même époque Kandinsky signe les décors et la mise en scène de Modest Moussorgoski pour Tableaux d’une exposition, la seule de ses œuvres scéniques portée sur la scène d’un théâtre.
Orange Orange (1923), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Kandinsky enseigne, expose et publie des articles dans les revues éditées par le Bauhaus dont le premier numéro est consacré à son 60e anniversaire.
Dessin pour Point et ligne sur plan (1925), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Sa réflexion évolue et se déploie dans Point et ligne sur plan, contribution à l’analyse des éléments picturaux, son deuxième grand traité théorique publié en 1926 dans la série des publications du Bauhaus.
Dessin pour Point et ligne sur plan (1925), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Il y établit les rapports du point et de la ligne à la surface, l’une des bases de ses cours, et présente une nouvelle « science de l’art » qui recoupe les grandes lois communes à l’art et à la nature.
Le Salon de musique à l'exposition d'architecture allemande à Berlin Le Salon de musique à l'exposition d'architecture allemande à Berlin par BeckerCentre Pompidou
En 1932, Mies van der Rohe invite Kandinsky à réaliser un décor mural en céramique pour décorer un Salon de musique. L’artiste avait déjà expérimenté un même travail synthétique dans l’espace au Salon du Juryfreie en 1922 en mettant ses étudiants à contribution.
Développement en brun (1933), Kandinsky, VassilyCentre Pompidou
Pendant son séjour à Berlin où l’école a déménagé une nouvelle fois suite aux pressions politiques, Kandinsky peint une dernière grande œuvre : le fantomatique Développement en brun (1933) à la palette évocatrice (le brun étant la couleur associée aux nazis), synthétise les recherches des dernières années sur les effets de la transparence obtenus à l’aide d’un aérographe.
Vassily Kandinsky dans son atelier à Neuilly-sur-Seine devant "Développement en brun" (1938), Lipnitzki, BernardCentre Pompidou
Kandinsky terminera ce grand tableau lors des premiers mois de son exil à Paris.