Vingt ans après son succès à la Serpentine Gallery à Londres, l’exposition Take Me (I’m Yours), conçue par Christian Boltanski et Hans Ulrich Obrist, rejoints aujourd’hui par Chiara Parisi, est récréée à la Monnaie de Paris avec un nouveau vent de liberté. Elle propose au visiteur de devenir tour à tour participant, acteur, acheteur, co-auteur d’une œuvre, voire même réalisateur de celle-ci. Les artistes offrent, proposent et mettent à disposition de nombreux objets et œuvres dans les salles. Dès le péristyle, à l’entrée de la Monnaie de Paris,  Fabrice Hyber, Yoko Ono, Kerstin Bratsch & Sarah Ortmeyer présentent leurs projets au public.

Wish Tree (1990), Yoko OnoMonnaie de Paris

Wish Tree

Deux oliviers encadrent l’entrée de l’escalier d’honneur. Ces arbres, les Wish Tree de Yoko Ono, ne donnent pas de fruits mais les visiteurs sont invités à y accrocher leurs vœux sur une étiquette. Le public devient acteur d’un élan collectif en accrochant ses espoirs à ce symbole de paix.

MONSTER (KOKO Edition) (2015), Kerstin Brätsch & Sarah OrtmeyerMonnaie de Paris

MONSTER (KOKO Edition)

Avec MONSTER (KOKO edition), Kerstin Brätsch & Sarah Ortmeyer travaillent ensemble à la création d’un environnement mêlant nature et artificialité. Les œufs disposés sur l’escalier d’honneur par Kerstin Brätsch semblent être tombés des grands palmiers conçus par Sarah Ortmeyer. Le visiteur évolue dans ce décor décalé où il peut récolter les fruits d'une chasse aux œufs de Pâques, comme tombés d'un cocotier. Ces œuvres reprennent et détournent le geste de la cueillette, premier mouvement de l’Homme envers une nature qui subvient à ses besoins.

Divan (1991), Franz WestMonnaie de Paris

Divan

À travers diverses installations et dispositifs à essayer, les artistes mettent le corps des visiteurs à contribution dans des positions qui s’éloignent de celles du traditionnel regardeur dans un musée. Avec ses Divan, Franz West offre un lieu de repos pour les visiteurs qui viennent de gravir l’escalier d’honneur et questionne également la position du public qui ne se retrouve plus simplement face à l’œuvre mais peut interagir avec.

Take Me (I'm Yours) (2015), Douglas GordonMonnaie de Paris

Take Me (I'm Yours)

Entre les deux Divans, l’artiste Douglas Gordon a disposé une urne permettant au visiteur de participer à une tombola. Le gain du jeu est un dîner en tête-à-tête avec l’artiste. L’art devient ainsi une amorce à la discussion.

Sans titre (2015), Paweł AlthamerMonnaie de Paris

Sans titre

Dans la billetterie, l’art est également matière à discussion et échange. Paweł Althamer met en place une banque d’échange où le public s’assoit et crée sa monnaie imaginaire. Celle-ci devient bien réelle lorsqu’un performeur la valide avec un tampon et permet ainsi au visiteur de l’échanger contre un atelier, une visite, un événement, à la Monnaie de Paris et dans d’autres lieux.

Untitled (Eau de RRose of Damascus) (2015), Rirkrit TiravanijaMonnaie de Paris

Untitled (Eau de RRose of Damascus)

Avant d’entrer dans le Salon Dupré, l’artiste Rirkrit Tiravanija déploie un environnement qui invite au partage. Autour d’un alambic syrien du XIV siècle, le public peut s’asseoir, avaler une hostie et emporter une fiole d’eau de rose. Le titre de l’œuvre, Untitled (Eau de Rrose of Damascus), fait à la fois référence à la fonction première de la distillerie, ainsi qu’à sa forme particulière qui rappelle le Porte-bouteille de Marcel Duchamp. Rrose renvoie également à la création en 1921 d’un parfum nommé Eau de voilette Belle haleine par son alter ego Rrose Sélavy en collaboration avec Man Ray.

Dispersion (1991/2015), Christian BoltanskiMonnaie de Paris

Dispersion

Dans le Salon Dupré, le public évolue entre des tas de vêtements de Christian Boltanski et des piles d’affiches de Felix Gonzalez-Torres. Les premiers constituent l’œuvre Dispersion. Ces vêtements, qui pour l’artiste sont presque la même chose qu’un portrait photographique ou un corps en tant que représentation d’une personne absente, rendent présent les êtres qui les ont un jour porté. En emportant l’un de ces habits, le visiteur lui donne une seconde vie autant qu’il emporte une relique.

Untitled (1990), Felix Gonzalez-TorresMonnaie de Paris

Untitled

Le travail de Felix Gonzalez-Torres ne devient œuvre que lorsqu’une personne prend une affiche. Cette procédure fait de chaque pile une « énorme sculpture publique » de par leur dispersion et leur circulation permanente. Œuvre d’art volontairement publique, elle n’est plus nécessairement celle qui occupe l’espace public mais celle qui, profitant de sa reproductibilité, a le pouvoir d’être à chacun. Une cinquième œuvre de Felix Gonzalez-Torres, Untitled (Revenge) est un tas de bonbons bleus présent dans une salle côté Seine. Le poids de ces bonbons correspond à celui des corps de l’artiste et de son partenaire, Ross, morts du SIDA tous les deux. L’épuisement du tas de confiserie fait écho à la lente consumation des corps par la maladie.

THE BANNERS (2015), Gilbert & GeorgeMonnaie de Paris

THE BANNERS

Si le titre THE BANNERS peut renvoyer au domaine de la publicité, les textes inscrits sur les six bannières accrochées aux murs  tiennent plus du slogan que de la réclame. Le public peut emporter les badges qui sont à sa disposition dans un bac. Gilbert & George proposent ainsi aux visiteurs d'utiliser leurs propres corps comme dispositif de diffusion artistique. Les œuvres, portées par le public, sont alors à la vue de chacun et contribuent à la réalisation de l'une des idées majeures de ce duo d’artistes anglais : « l'art pour tous ».

Swap (2011/2015), Roman OndákMonnaie de Paris

Swap

 Un performeur se tient assis derrière une table sur laquelle est disposé un objet. Lorsqu’un visiteur entre dans la salle, le performeur essaie d’échanger cet objet contre n’importe quel autre que le visiteur aurait sur lui. Une négociation s’entame alors quant à la valeur d’échange des deux objets. Avec Swap, Roman Ondák déconstruit la notion de valeur d’échange basée sur la monnaie et questionne la plus-value propre aux œuvres d’art. Le visiteur est impliqué et active l’œuvre qui se « déroule » pendant toute la durée de l’exposition.

L'Os du bonheur (2015), Angelika MarkulMonnaie de Paris

L'Os du bonheur

En Pologne, pays originaire de l’artiste, les guérisseurs avaient pour habitude d’utiliser cet Os du bonheur pour soigner les maladies, alors que les sorcières s’en servaient pour jeter des sorts sur les hommes et permettre aux femmes de les épouser. L'artiste développe l’idée de production mécanique et à la chaîne d’une œuvre d’art. Angelika Markul bouleverse ainsi les circuits commerciaux traditionnels. Cette œuvre est la rencontre entre l’irrationnel des superstitions dont se nourrit le travail de l’artiste, et le rationnel des avancées technologiques que représente l’imprimante 3D.

Esposizione in tempo reale n.43: Lascia su queste pareti una traccia fotografica del tuo passaggio (1969/2015), Franco VaccariMonnaie de Paris

Esposizione in tempo reale n.43: Lascia su queste pareti una traccia fotografica del tuo passaggio

Franco Vaccari est le premier artiste à installer une cabine Photomaton en fonctionnement dans un musée à disposition du public. L'artiste encourage les visiteurs à faire leur portrait et à accrocher la moitié des photos prises sur les murs de la salle. Le travail du visiteur se divise entre co-création de l'œuvre et souvenir de sa participation à l'exposition. Franco Vaccari invite à un usage de la photographie comme preuve d’une présence physique de l’être.

Crédits : histoire

La Monnaie de Paris présente Take Me (I'm Yours), une exposition de Christian Boltanski, Hans Ulrich Obrist et Chiara Parisi, du 16 septembre au 8 novembre 2015.

Nous remercions particulièrement Presstalis pour leur collaboration à la production de l'œuvre de Gustav Metzger, Mass Media: Today and Yesterday, 1971-2015.

Nous remercions particulièrement Photomaton pour leur collaboration à la production de l'œuvre de Franco Vaccari.

Nous remercions également SONY pour le prêt de tablettes tactiles Xperia Z3 et Xperia Z4.

La Monnaie de Paris remercie tous les artistes, Etel Adnan, Pawel Althamer, Christian Boltanski, Kerstin Brätsch & Sarah Ortmeyer, James Lee Byars, Heman Chong, Jeremy Deller, Maria Eichhorn, Simone Fattal, Hans-peter Feldmann, Andrea Fraser, Gloria Friedmann, Felix Gaudlitz & Alexander Nussbaumer, Jef Geys, Gilbert & George, Felix Gonzalez Torres, Douglas Gordon, Christine Hill, Carsten Höller, Jonathan Horowitz, Fabrice Hyber, Koo Jeong-A, Alison Knowles, Bertrand Lavier, Charlie Malgat, Angelika Markul, Gustav Metzger, Otobong Nkanga, Roman Ondak, Yoko Ono, Philippe Parreno, Daniel Spoerri, Wolfgang Tillmans, Rirkrit Tiravanija, Sean Raspet, Ho Rui An, Takako Saito, Amalia Ulman, Franco Vaccari, Danh Vo, Lawrence Weiner, Franz West, point d'ironie

Crédits : tous les supports
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