Jeune Bretonne à la cruche (1892), Paul SérusierMusée des Beaux-Arts de Quimper
L'oeuvre emblématique de Paul Sérusier "Le Talisman" peinte en 1888 à Pont-Aven et aujourd’hui conservée au musée d'Orsay, est à l'origine du groupe des Nabis.
Datée de 1892, cette toile importante "Jeune Bretonne à la cruche" témoigne du long séjour que Sérusier effectue au Huelgoat, en centre Bretagne.
Intéressé par les activités simples de la vie quotidienne, il accorde une grande attention au va-et-vient des femmes qui viennent puiser de l’eau dans une fontaine dissimulée dans les rochers. La jeune femme qui avance et tourne vers le spectateur un visage hagard, aux traits caricaturaux et au teint presque cireux, symbolise la dureté de ce travail. L’influence de l’estampe japonaise y est évidente.
L'Incantation ou Le Bois sacré (1891), Paul SérusierMusée des Beaux-Arts de Quimper
Cette œuvre, essentielle dans la riche production picturale de Sérusier, affirme l’attirance que l’artiste a toujours éprouvée envers le rituel des cultes. Alors qu’il séjourne au Huelgoat où s’étend une forêt épaisse prospérant au milieu de roches étranges, Sérusier n’a pas manqué d’être attentif aux nombreuses légendes bretonnes qui décrivent de tels sous-bois. En effet, nous assistons à une étrange cérémonie où trois femmes semblent se livrer à une forme de vénération devant un « feu sacré ».
Vieille Bretonne (1891/1893), Paul SérusierMusée des Beaux-Arts de Quimper
Cette peinture à la tempera de Sérusier date de son installation en Bretagne intérieure, au Huelgoat, entre 1891 et 1893. Son sujet, une vieille Bretonne en oraison, surgit de la composition avec une présence inquiétante et quasi expressionniste. Le visage, émacié et comme taillé à la serpe, évoque la représentation de l’Ankou, la mort en breton.
La Forêt au sol rouge (1891), Georges LacombeMusée des Beaux-Arts de Quimper
La Forêt au sol rouge
Plus habitué du petit port de Camaret sur la
presqu’île de Crozon en Bretagne qu’il découvre en 1888, que de Pont-Aven où il ne fait que
passer vers 1905, Georges Lacombe, ami de Sérusier qui lui présente Gauguin à
son retour de Tahiti, reste fortement influencé par l’esthétique synthétiste. Il reprend ici un thème cher aux peintres symbolistes qui, depuis "Le Bois sacré" de Puvis de Chavannes, se sont inspirés du mystère émanant de ces forêts sombres propices aux rites initiatiques et druidiques.On retrouve dans la peinture de celui que l’on a surnommé le "nabi sculpteur" la même appétence que dans sa sculpture pour l’aspect brut et la polychromie vive.
Dans un esprit japonisant, les larges aplats de couleurs accentuent la composition sobre dominée par les verticales des arbres.
Trois Bigoudènes dans la forêt
Contrairement à l’absence de personnages dans La Forêt au sol rouge, Georges Lacombe introduit dans cette toile la présence frontale et imposante de trois jeunes Bretonnes, sans aucun doute des Bigoudènes originaires des environs de Pont-L’Abbé, si l’on s’en réfère à leurs coiffes. L’aura de mystère qui se dégage de ce tableau, l’impossibilité de trouver une signification à cette scène plantée dans une forêt inconnue ainsi que la présentation symbolique de ces trois Bigoudènes contribuent à renouveler la représentation picturale de la Bretagne : on est bien loin des évocations folkloriques et pittoresques du pays bigouden.
Bretonne dans une barque (1891/1892), Maurice DenisMusée des Beaux-Arts de Quimper
Très tôt, Maurice Denis s’est épris de la Bretagne et notamment de Perros-Guirec où il acquiert une villa en 1908.
Cette huile sur bois au format modeste représente une Bretonne en costume traditionnel de la région de Perros-Guirec tenant dans ses bras un enfant et assise dans un frêle esquif qui semble naviguer au gré des flots. La simplification des volumes, la perspective plongeante ainsi que le traitement très décoratif des rides des vagues signalent la maturité précoce du peintre.
Paul Ranson, Les Canards
Nabi de la première heure, Paul Elie Ranson suit une trajectoire originale au sein de ce cénacle qui le surnomme le « Nabi plus japonard que le Nabi japonard ». Il est contacté en 1893, tout comme Maurice Denis, par un fabricant de papier peint britannique, Arthur Sanderson qui cherche à renouveler les modèles de ses productions. Ce tableau est sans doute une esquisse préparatoire à des motifs de papier peint dans un esprit Art Nouveau.
Paysage avec arbres (1911), Félix VallottonMusée des Beaux-Arts de Quimper
Dans cette œuvre admirable, incontestablement un de ses chefs-d’œuvre, Félix Vallotton, le "Nabi étranger" (parce que né à Lausanne) a supprimé toute allusion géographique pour se concentrer sur l’extraordinaire architecture végétale composée par ce bouquet de pins maritimes. On remarque le graphisme audacieux et ultra décoratif de ces pins dont les cimes se déploient en un mouvement gracieux transmis par les troncs rougeoyants
L'Adieu à Gauguin
Peint en 1906, « l’Adieu à Gauguin » de Sérusier raconte avec une grande économie de moyens l’extraordinaire aventure picturale qui vient de se dérouler en Bretagne et dont le souvenir est encore si vivace chez nombre d’artistes. Revêtu des habits, manteau et pèlerine, que portait Gauguin dans « Bonjour Monsieur Gauguin », Sérusier assiste au départ de son mentor et ami. Gauguin désigne au loin l’océan, espace vierge par excellence et synonyme de cet ailleurs qui le guidera vers Tahiti et Bora-Bora. Sérusier, en choisissant de rester en Bretagne et en renonçant au chimérique atelier des tropiques désiré par Gauguin, garde cependant l’essentiel de cette aventure picturale : le droit de tout oser, le droit de ne pas donner à la réalité une simple imitation des formes mais d’y ajouter le tourbillon de la pensée et du rêve.